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Les assises Nationales du Nord : l’heure de vérité

La vérité sur les agitations de quelques rebelles ; la vérité sur le mode de gouvernance et la part de responsabilité de chaque acteur dans la pagaille au Nord; la vérité sur la capacité de la communauté internationale à être juste et équitable,

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tels sont autres enjeux des Assises nationales du Nord qui se tiennent aujourd’hui et demain au Centre international de conférence de Bamako (CICB). Quelques jours seulement après les états généraux de la décentralisation qui ont eu lieu du 21 au 23 octobre dernier, voici le Gouvernement qui organise aujourd’hui et demain les Assises nationales sur le Nord. Cela, conformément à son timing visant à poser des jalons dans la perspective de l’ouverture des négociations prévues dans l’Accord préliminaire de Ouaga 60 jours après la prise de fonction du nouveau Président de la République.

Volonté d’inclusion

Trois thèmes seront traités au cours de cette importante rencontre, à savoir : « La réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble » ; «L’approfondissement du processus de décentralisation »; et « Le lancement du programme de développement accéléré des régions du Nord ». Elle regroupera : les institutions de la République ; les chefferies coutumières et traditionnelles ; les syndicats et groupements professionnels ; les universitaires et intellectuels ; les associations, ONG, clubs et collectifs ; les cadres administratifs et techniques ; les artistes, sportifs et créateurs ; les médias publics et privés ; les partis et regroupements de partis politiques ; les femmes et les jeunes ; les mouvements et groupes d’autodéfense ; les déplacés internes et réfugiés ; les forces armées et de sécurité ; les partenaires au développement ; les organisations internationales ; les mouvements armés et groupes d’autodéfense…

En amont, faut-il rappeler que des actes avaient été posés pour favoriser la paix et la réconciliation. Ainsi, en application de l’article 20 de l’Accord préliminaire, le Gouvernement a organisé, du 15 au 15 septembre dernier, des forums de sensibilisation dans les trois régions du Nord en se rendant successivement à Tombouctou, Kidal et Gao. D’autres missions conduites par les gouverneurs et les préfets ont eu lieu dans le même objectif.

Malgré cette bonne disposition, c’est à coups de pierres que la délégation ministérielle composée de Cheick Oumar DIARRAH, ministre Réconciliation Nationale et du Développement des régions du Nord ; Sada SAMAKE, ministre de la Sécurité ;  Moussa Sinko COULIBALY, ministre de l’Administration territoriale, a été accueillie à Kidal. Le MNLA qui a ensuite pris fait et cause pour les manifestants hostiles a, par la même occasion, administré la preuve qu’il n’est pas étranger à ce sabotage du processus de paix.

Qu’à cela ne tienne, le 17 septembre, le Président IBK a rencontré les groupes armés (MNLA, HCUA, MAA, CMFPR). Occasion de les rassurer une nouvelle fois quant à son engagement pour la paix : « Tout est négociable sauf l’intégrité territoriale et l’unité nationale ».

Actes de bonne foi

Il faut ajouter à ces efforts du Gouvernement la libération de prisonniers rebelles (différents des détenus politiques) sous le coup d’un mandat d’arrêt (ce qui n’exclut pas qu’ils soient arrêtés s’ils étaient impliqués dans des crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocide) ; la finalisation, depuis le 26 septembre dernier, d’un programme d’urgence pour la relance du développement dans les régions du Nord ; l’engagement du Gouvernement, devant la Minusma et autres partenaires extérieurs du pays, pour la prise en charge d’une partie du financement de l’opération de cantonnement dès qu’un accord interviendrait sur les critères.

Ce qui revient à dire que ces critères n’étaient pas définis en violation de l’article 7 de l’Accord de Ouaga qui dispose : « Les  Parties conviennent de mettre en place,  dès le lendemain de la signature du   présent Accord,   une Commission Technique Mixte de Sécurité. Présidée par le commandant de la MISMA/MINUSMA, cette Commission Technique Mixte  de Sécurité  qui  est  l’organe de prise de décision concernant le cessez-le-feu, est chargée de: observer le cessez-le-feu; élaborer,  dans    les   meilleurs délais possibles  suivant la signature du  présent Accord les modalités du cessez-le-feu incluant notamment les arrangements    sécuritaires,   le cantonnement et le désarmement des groupes armés  du nord du   Mali  ainsi  que  le  redéploiement effectif des  forces de défense et de sécurité du Mali; enquêter  sur d’éventuelles  violations  du   cessez-le-feu   à travers les équipes mixtes de vérification et d’observation créées à cet effet ; procéder à  la  vérification et  au  contrôle des  arrangements sécuritaires.

La Commission Technique Mixte de Sécurité est basée au Mali ».

Responsabilité

historique

Si les efforts contrariés du Gouvernement par les rebelles ont été volontairement placés sous le boisseau, pour les besoins de la cause ; les Assises nationales sont l’occasion de jouer carte sur table, à la face du monde entier.

Dans ces conditions, il reviendra à chacun d’assumer les conséquences de son absence aux Assises nationales. Nul ne pouvant se prévaloir de ses propres turpitudes ; les dispositions prises devront être indistinctement appliquées à tous, au Nord comme au Sud, rebelles ou pas. Sur ce point, les groupes armés de Kidal sont particulièrement interpellés, d’autant plus que les avis non exprimés ne peuvent être pris en compte.

Quant à la communauté internationale qui, par un concours de circonstances à un droit de regard sur le pays et un pouvoir de décision ; elle se retrouve également sous les feux des projecteurs. Bien représentée aux Assises nationales sur le Nord, elle aura de ce fait une très lourde responsabilité devant l’histoire quant au respect des conclusions de la rencontre. La présence du secrétaire général de l’ONU, cette semaine, dans notre capitale, ne peut être considérée que comme une caution morale des Assises avec tout ce que cela comporte comme implications. Cela, notamment à travers un jugement au-dessus de toute partialité pour sortir des forts soupçons qui pèsent actuellement sur elle quant à ses rapports avec les rebelles touareg de Kidal qui n’ont en réalité de considération pour les autres régions du Nord que sous l’angle hégémonique ; une annexion pour la formation d’une chimérique entité « azawadienne ».

Il est vrai que les Assises nationales ne sont pas une instance décisionnelle stricto sensu. Toutefois, en raison de sa légitimité incontestable ; les conclusions et recommandations qui en seront issues devraient valoir fortement à l’heure des négociations avec les groupes rebelles de Kidal. Ce, d’autant plus qu’ils ne sauraient se mettre au-dessus de ce dont toutes les forces vives du pays sont convenues.

Vers un dénouement

Autant dire que toutes les pièces pour la sortie du cycle répétitif de crises au Nord, singulièrement à Kidal, se met inexorablement en place. À moins que la machine de sortie de crise ne soit grippée par un énième revirement des rebelles qui ont pourtant épuisé toutes leurs ressources matière de dilatoire. Et pour cause, c’est Mahamadou Djéri MAIGA, vice-président du MNLA qui soutenait il y a quelques jours : «Le problème de l’Azawad ne saurait être un problème de terrorisme et de développement. C’est un problème politique qu’il faut gérer. Les uns et les autres doivent le comprendre. »

Lui emboîtant le pas, le vice-président du Mouvement arabe de l’Azawad, déclarait également : « Nos revendications sont des revendications politiques. Ce sont des revendications institutionnelles, ce sont des revendications administratives, ce sont des revendications d’autonomie. Donc, nous demandons vraiment un cadre juridique. Et pour cela, la décentralisation n’est pas une solution. Qu’ils fêtent les assises ou qu’ils (NDLR : les autorités nationales) fassent les élections, tout ça, c’est pour chercher à noyer le problème ».

Après la levée de la suspension de leur participation à la mise en œuvre de l’Accord de Ouaga Mahamadou Djeri Maïga, affirmait à l’AFP que son mouvement «ne négocierait rien [d’autre] que l’autonomie de l’Azawad», «ou il n’y [aurait] pas de négociations avec les autorités maliennes».

Pour rappel autonomie a pour synonymes : autarcie, autogestion, indépendance, liberté, nationalisme, particularisme, self-government, souveraineté.

Ce à quoi le pays a donné sa réponse : l’intégrité territoriale et l’unité nationale ne feront l’objet d’aucune négociation comme cela est le cas dans tous les pays.

C’est donc sur fond de défiance de défiance des rebelles que s’ouvrent les Assises nationales sur le Nord. Il reste néanmoins un vaste terrain d’entente, ailleurs, que les nombreux participants sauront judicieusement explorer pour aller vers un heureux dénouement de la crise.

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-matin

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