Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les ambitions présidentielles de l’ancien Premier ministre Moussa Mara se confirment de tournée en tournée.
Fort de son expérience primatoriale et de son carnet d’adresses assez étoffé, l’ancien maire de la commune IV du District de Bamako pourrait être l’un des redoutables challengers d’IBK s’il parvenait à réunir les conditions légales de sa possible candidature. Ainsi pour atteindre cet objectif, M. Mara entend rafler la mise par le District de Bamako avant de se lancer dans la bataille pour Koulouba. Quittera-t-il enfin la majorité pour s’affirmer comme l’une des alternatives crédibles à la gouvernance actuelle ? Assumera-t-il sa part de responsabilité dans le bilan du régime d’IBK ? Son parti, YELEMA, créé en 2010 avec seulement 19 Conseillers communaux, pourra-t-il être un soutien de taille à son ascension ? Va-t-il puiser dans le même électorat que son ex mentor IBK, à savoir le monde religieux ? Ses 4 grosses erreurs commises ne vont-elles pas être les obstacles majeurs à son élection ? Autant de questions auxquelles il lui faudra trouver des réponses avant l’heure.
Si IBK osait encore se porter candidat en 2018, sa réélection sera de moins en moins probable à cause d’un bilan des plus médiocres et de ses redoutables adversaires dont les plus classiques sont Soumaila Cissé, Zoumana Sacko, Modibo Sidibé et Tiébilé Dramé. A ce quarto traditionnel, il faut ajouter l’ancien Premier ministre Moussa Mara qui a levé toute équivoque quant à sa candidature en 2018 ce qui rendra sans nul doute la tâche très délicate au président sortant. La candidature de Moussa Mara sera non seulement synonyme de divorce avec la majorité, mais aussi et surtout affaiblirait le Président IBK. Il risquerait de faire un grand déballage sur la place publique de la gestion chaotique du régime. Parviendra-t-il à ses fins ? Nul ne saurait le dire, mais d’ores et déjà M. Mara traine 4 grosses casseroles qui, dans un Etat sérieux sont suffisants pour ne pas avoir la confiance du Peuple.
La première erreur : C’est le fait d’avoir accepté le poste de Premier ministre avec seulement un député. On ne le dira jamais assez, dans une démocratie civilisée, le Premier ministre est toujours issu du parti majoritaire à l’Assemblée Nationale pour ne pas risquer de perpétuelles motions de censure.
La deuxième erreur : Elle est relative aux affirmations mensongères sur le prix d’achat du Boeing Présidentiel ainsi que des équipements militaires et associés. L’ancien Premier ministre, pour faire plaisir à son employeur, IBK, avait mensongèrement affirmé devant la Représentation nationale que l’avion aurait été acquis dans toutes les conditions de transparence et à un prix qui sera démenti plus tard par IBK lui-même et la ministre des finances d’alors, Mme Bouaré Fily Sissoko. Cet acte qu’on peut qualifier de mensonge d’Etat, est susceptible de poursuites judicaires comme du reste ce qu’on en voit aujourd’hui au Brésil.
La troisième erreur : C’est sa « fanfaronnade » visite politique à Kidal que d’aucuns ont qualifié d’inopportune et dont la conséquence immédiate aura été le massacre de nos innocents et jeunes administrateurs civils au gouvernorat de Kidal au nombre desquels Drissa Diakité et M. Cissouma.
La quatrième erreur : Ce fut sa naïve déclaration épidermique de guerre faite dans la foulée de sa visite controversée à Kidal, le 17 mai 2014. C’est sa plus grande erreur politique et qui montre à souhait sa méconnaissance des mécanismes constitutionnels. La constitution ne lui en donnait nullement le pouvoir, l’autorité et le mandat de faire une telle déclaration. La suite est connue. De nombreuses pertes en vies humaines et en matériels et une humiliation sans précédent du moral de la troupe.
En définitive, celui qui n’a pas osé jusqu’ici reconnaitre sa responsabilité personnelle dans cette affaire et présenter le pardon qu’il fallait à ceux dont les familles ont perdu tant de vies, peut-il dans un Etat sérieux avoir la confiance des électeurs pour monter à Koulouba. Mais le plus difficile pour lui reste cette équation que lui pose la loi électorale actuelle qui conditionne la recevabilité des candidatures à l’élection présidentielle au parrainage de 10 députés ou de conseillers communaux dans chacune des régions du Mali. A l’analyse, il lui sera plus facile de chercher le parrainage des députés que des conseillers communaux quand on sait l’insécurité qui prévaut dans les régions du nord. D’ici là, il lui faudra réussir à convaincre les maliens sur les termes du rapport de la Commission parlementaire d’enquête sur le drame de Kidal qu’il était l’innocent et non le coupable
Youssouf Sissoko
Source: lecombat.info