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Législatives à Goundam : Gaucher tacle le président du Haut conseil des collectivités et prend à contre pied l’Urd

Au bout d’une longue suspense, les résultats provisoires centralisés par l’administration publique sont tombés lundi, au soir. Très serrés ils donnent la liste indépendante Faba Cere victorieuse avec 50,19% contre 49,81% pour la liste Adema-Rpm défendue par le président du Haut conseil des collectivités, Oumarou Ag Mohamed.

 

 Oumarou Ibrahim Haïdara

Le verdict des urnes à Goundam, (localité située à quelques 90 km de Tombouctou) a intronisé Oumar Sididié Traoré dit Gaucher et Mohamed Ould Sidi alias Zidbih, députés. Ce duo est comme du feu qui a traversé la mer sans être éteint. En effet, sur les 49542 de suffrages valablement exprimés, la liste Adema-Rpm a récolté 24678 soit 49,81 contre 24864 soit 50,19% pour la liste indépendante Faba Cere. Très serrés, c’est le moins qu’on puisse dire, les résultats de ce second tour des élections législatives à Goundam ont rendu justice à Gaucher qui a ‘’blanchi sous le harnais’’ même s’il ne fait pas partie des Maliens qui ont pour métier : la politique. Et qui ne trouve leur salut qu’en politique. Retour sur le parcours d’un militant…militant tout court.

 

 

Marche sur les plates-bandes paternelles

Il est le fils du premier député de l’histoire de Goundam, Sididié Traoré, médaillé d’or de l’indépendance et figure emblématique de l’Us Rda et non moins compagnon du président Modibo Kéita. C’est donc le fils de ce ‘’monument vivant’’, plein d’histoire, qui a sollicité le suffrage de ses frères et sœurs de Goundam. Mais à la différence de beaucoup, il n’excelle pas dans le trafic d’influence. Le parcourt de son paternel aurait beaucoup contribué à lui donner un coup de main. Il n’en a pas profité pour autant dans un milieu pourtant très conservateur où cet argument pouvait jouer un sale tour à ses adversaires politiques. Militant devant l’éternel et fils de militant, il n’en fallait pas plus pour briguer ce siège de député à l’Assemblée nationale d’un pays qui veut renouer avec sa stabilité perdue.

 

 

‘’Gaucher était un baron de l’Urd en commune V du district de Bamako où il avait donné le meilleur de lui-même au parti de la poignée de main. Mais, la formation de soumaila Cissé a le don de ne pas récompenser ses meilleurs serviteurs et de choisir souvent les éléments décriés par la base. C’est pourquoi Gaucher est allé se constituer candidat sur la liste indépendante ‘’Faba Cere’’ (qui évoque la solidarité et l’entraide en songhoi)’’, a-t-on écrit il y a quelques semaines dans nos colonnes.

 

 

Il devait être le candidat de l’Urd à Goundam, le terrain balisé à la faveur de la présidentielle, il ne restait plus à la section locale du parti de valider sa candidature. Changement de dernière minute ou complot ourdi ? C’est sans compter sur la capacité de nuisance de certains barons de l’Urd qui ne voulaient pas (par égoïsme) que Gaucher brigue un siège de député.

 

 

En plus, le maire de Goundam, Oumou Seck Sall qu’on prétendait très populaire dans cette localité, était en embuscade. Une transfuge du Pdes de l’ancien président Amadou Toumani Touré. Eliminée de peu au 1ertour, Oumou Seck Sall a accepté les résultats des urnes et la décision des neuf sages de la Cour constitutionnelle.

 

Réputé très habile en politique comme en affaire, Gaucher porte un lourd héritage : celui qui le condamne à faire du bien et à éviter le blâmable pour réussir sa mission de parlementaire. A-t-on besoin de dire qu’au Mali, les députés n’ont pas seulement à se renfermer sur leur triple mission traditionnelle : contrôler l’action gouvernementale ; voter le budget ; voter les lois. Ils sont aussi vus comme des développeurs et peuvent même initier des actions de développement. La plupart ne s’en dérobe pas. Pourquoi s’en dérober d’ailleurs quand on appartient à un terroir très en dessous du seuil de pauvreté. Eh bien Gaucher n’a pas attendu d’être élu de la nation pour aider ses frères et sœurs de Goundam comme de Bamako.

 

 

En 2010, Gaucher était le secrétaire général de la section de la commune V- Bamako de l’Urd. Il avait donné le meilleur de lui-même à ce parti mais c’est toujours sans compter sur la capacité de nuisance de ses adversaires du même parti. Il quitte la tête de cette section mais tout en restant dans le bureau. Après de multiples crocs-en-jambe, il décide de se lancer à l’assaut de la députation dans son Goundam natal. Il vient d’être élu député, selon, en tout cas, les résultats provisoires communiqués par la commission de centralisation nationale.

 

 

1er vice président de l’Association pour le développement du cercle de Goundam (Adcg), Oumar Sididié Traoré  est aussi un mécène. A travers cette association, il a fait montre de solidarité, sans tambour ni trompette, à l’endroit des populations de la terre de ses ancêtres.

 

 

Son élection est une grande victoire politique et une expression de la démocratie, selon un de ses supporters, joint au téléphone.

 

 

Gaucher, le gaucher politique tacle le président du Haut conseil des collectivités Oumaou Ag Mohamed Ibrahim, et prend à contre pied l’Urd.

Alhassane H.Maïga

 

 

 

« Faba Cere » triomphe à Goundam :

« Gaucher », l’homme qui revient de loin

Bien de candidats jouaient gros dans ces législatives qui viennent baisser leur rideau. Parmi eux, Oumar Traoré alias Gaucher. Il s’est jeté dans la fosse aux lions armé de son seul courage. La chance sourit-elle toujours aux audacieux ?

 

 

Dans sa livraison N° 170 du mercredi 02 octobre 2013, ‘’Le Matin’’ écrivait ceci à propos de ce que l’URD pouvait attendre des législatives 2013 à Goundam : « Le parti risque de surveiller avec une bérézina aux lendemains des élections de proximité. Affaire à suivre.» Et bien cette « suite » se dessinait depuis le  premier tour où le candidat du puissant parti Urd fut éliminé, à la grande surprise de tous, par « Faba Cere », la liste indépendante pilotée par Oumar Traoré dit Gaucher. Et ce dans un mouchoir de poche à la Messi (28,87% des voix contre 28,79% à la liste Urd). Au second tour, il fallait affronter le mastodonte des années « démocraties », l’Adema, allié au parti « Destination pour tous par Air Opportunisme », le Rpm : le parti du président de la République, le parti mort qui revient à la vie et le parti où la sauce est désormais la plus grasse. L’on donnait peu de chance à Gaucher et à son colistier pour se tirer d’affaire face à l’Abeille qui pique pour ne pas mourir et le mort qui retrouve goût à la vie et qui détient désormais le cordon de la bourse, l’accès aux postes et la clé des fameux marchés (dans un pays où le seul idéal est d’accéder à quelques biens matériels sonnants  et trébuchant).

 

Alors la seule question était : dans quelle sauce Gaucher allait-il se faire cuire et manger ? Face à l’Adema, c’est une gageure. S’attaquer à la meilleure paire du moment (Adema-Rpm), c’est mission impossible. L’on avait sans doute déjà applaudi Gaucher et félicité pour avoir éliminé le féminisme, euh, pardon on nous interdit d’employer ce mot et en esclave mental soumis, nous devons dire « genre ». Donc, être un pauvre homme et gagner contre un « genre » de la trempe de Mme Oumou Sall Seck, Maire encensée, baronne du Pdes et chouchou de la communauté international au nom du seul féminisme…pardon genre, ça n’est pas une mince affaire.

 

 

Aux âmes bien nées…             

Et pourtant, c’est de ce traquenard que Gaucher a pu s’extirper pour décrocher une écharpe de député de l’Assemblée nationale et une cocarde de parlementaire. C’est tout simplement époustouflant.

 

 

Ce qu’il convient de signaler, est que Gaucher revient de loin. Il jouait tout simplement sa vie à l’occasion de ces législatives où il n’avait pas été invité et où il s’est invité tout seul comme un grand…qu’il vient de démontrer qu’il est. En effet, membre du Bureau Exécutif National, Gaucher était un baron de l’URD au niveau de la Commune V du District de Bamako, comité 10, sous section de Bacodjicoroni et section V. Il était le principal    animateur et bailleur de son comité et de sa sous section, il était aussi le piler de sa section ; dont il était arrivé à occuper la tête. Gaucher est de la race des bâtisseurs qui ne reculent pas devant le défi et le risque et il n’a épargné aucun effort, financier et physique, pour donner à son parti.

 

 

Hélas, le parti de Soumaila Cissé est parfois une boite d’intrigue où l’on ne sait pas parfois ce qui se trame dans l’ombre. Y’a-t-il des ennemis tapis dans l’ombre chargé de ruiner le parti de l’intérieur ? On ne sait pas. Toujours est-il qu’en 2010, une journée des longs couteaux fut organisée au siège du parti. Une très longue et éprouvante journée d’Ag extraordinaire où même les  journalistes étaient sortis sur les genoux. Une journée de jeux d’ombre et de micmac où le Sg Oumar a sauté au profit de Soungalo. A la place de Gaucher, beaucoup auraient rendu la démission sur le champ, tant la trahison était flagrante. Mais stoïque, il était resté et resté aussi son ardeur à servir le parti. Un jour, le parti finirait bien par lui accorder sa reconnaissance, devait-il penser.

 

 

Et Gaucher pensait que l’occasion était arrivée avec les élections législatives 2013. Il pensait que le parti allait l’adouber dans sa ville natale de Goundam ; où son père fut le premier député. C’était sans compter sur la volonté de le marginaliser et surtout sans l’arrivée, dans le parti, d’une transfuge du parti ex-présidentiel, le  Pdes, Mme le Maire Oumou Sall-Seck en personne. Une femme de nos jours ou les Ong, les Canada & Co, le système des Nations-Unies, le Corps de la Paix, la liste est longue, font du terrorisme pour mettre les femmes devant et en haut. L’Urd a donc préféré à Gaucher le tenant logique de la corde, une « venant d’ailleurs » fraichement débarquée. C’était l’arrêt de mort politique signé, voir plus, pour le fils de Sididié Traoré le premier député de l’histoire du coin. Il venait de toucher le fond et rebondir  demandait du ressort.

 

Trop étant trop et l’envie de Gaucher de continuer à servir les autres étant intacte, il a démissionné de l’Urd  le lundi 23 septembre 2013. Et n’écoutant que son courage, il a monté une liste indépendante nommée « Faba Cere ». La suite, on la connait : du ressort, Gaucher a prouvé qu’il en avait. Car dans le Waterloo des listes indépendantes, « Faba Cere » a su surnager et émerger. Le moins que l’on puisse dire est qu’une nouvelle page s’ouvre pour  Gaucher.

 

 

Amadou Tall 

SOURCE: Le Matin

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