Le second tour des législatives s’est prévu pour ce dimanche au Mali. Dans plusieurs circonscriptions, des jeunes ont tenu leur rang face à des dinosaures politiques. Dans la circonscription électorale de Kati, Ibrahima Kebe est l’un des porte-drapeaux de l’alliance Parena-Asma-CFP, ADJS-UM-RDA et PRVM Fasoko. En pleine campagne de ce second tour, nous avons voulu savoir les motivations d’une telle candidature.
Figaro Mali : Bonjour Ibrahima Kébé. Vous vous êtes présenté aux élections législatives dans le cercle de Kati et, avec vos colistiers, vous êtes présents au 2ème tour. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez décidé de vous présenter à ces élections ?
Ibrahima kébé : Bonjour. L’assemblée nationale est le lieu où les Maliens sont censés être représentés, où leurs intérêts, ainsi que ceux du Mali, doivent être défendus. Je me suis présenté à ces élections pour représenter valablement le peuple à l’AN, et défendre le Mali et les maliens en faisant la politique avec et pour le peuple.
Figaro Mali : Expliquez-nous comment les intérêts des Maliens seront mieux défendus avec vous ?
Ibrahima kébé : Les législatures précédentes nous ont prouvé, malheureusement, que dans la globalité, l’AN ne faisait pas réellement son travail de représentation du peuple, que seuls les intérêts d’une classe y étaient défendus, au détriment de ceux du peuple. Prenons l’exemple du vote des lois :
• J’apporterai des amendements sur les propositions de loi pour qu’elles prennent en compte les intérêts du Mali et des Maliens. Je voterai uniquement les lois qui défendent les intérêts du peuple. Je vais vous donner un seul exemple :
Les lois qui exonèrent l’importation de certains produits agroalimentaires que l’on produit ou que l’on pourrait parfaitement produire au Mali. Ces lois favorisent certaines catégories au détriment de nos agriculteurs, de nos petites unités de transformations et de nos industries. Résultat, ces lois freinent les investissements dans la production locale, privent d’emplois les Maliens et empêchent la création de richesse pour la communauté (à travers les salaires, les impôts et les taxes, la formation, etc). Si nous votons des lois qui protègent et encouragent nos producteurs et notre industrie, nous pourrons développer notre capacité productive sur l’ensemble du territoire, créer des emplois durables pour les femmes et les jeunes et contribuer fortement à assurer la sécurité alimentaire dans notre pays.
L’épisode dramatique que nous vivons aujourd’hui avec le coranavirus et la fermeture des frontières, qui en est une des conséquences, montre bien qu’il est vital pour un pays de produire localement, de quoi nourrir sa population.
Il s’agit là juste d’un exemple qui illustre l’importance pour les populations à bien choisir le député pour lequel elles vont voter. En effet, comme vous pouvez le constater avec cet exemple, voter pour un député a des conséquences directes sur la vie quotidienne de chaque Malien.
• Les députés ont pour mission de contrôler l’action du gouvernement et d’évaluer les politiques publiques, à travers les interpellations du gouvernement et la création de commissions d’enquête parlementaire. Malheureusement, les interpellations du gouvernement sur des sujets qui nécessitent des éclaircissements, restent sans effet, et les commissions d’enquête parlementaire sont rarement mises en place. Dans les deux cas, la diffusion auprès des populations et le suivi des recommandations sont pratiquement inexistants. À ma connaissance, il n’existe pas de sanction pour le gouvernement si les recommandations des parlementaires ne sont pas prises en compte.
Néanmoins, il est possible d’inciter le gouvernement à en tenir compte.
Figaro Mali : Comment ?
Ibrahima kébé : En développant le travail de suivi – évaluation des recommandations issues des rapports parlementaires, afin que le peuple malien évalue la réalité de l’implication et la volonté réelle du gouvernement à travailler dans son intérêt.
• Restitution aux électeurs. Comme nous l’avons vu plus haut, le travail parlementaire est très mal diffusé auprès des populations. Si je suis élu député, je m’engage à restituer à mes électeurs le contenu du travail parlementaire et à leur demander leur avis à travers des canaux appropriés, afin qu’il soit pris en compte.
En conclusion, si je suis élu député, mon objectif principal sera de défendre le Mali et les maliens. Cet objectif est non négociable. J’espère, une fois élu, convaincre de nombreux députés, afin qu’ensemble, nous puissions travailler à offrir aux Maliens un avenir dans leur pays. Un pays dont les richesses excitent les convoitises et dont l’exploitation est, paradoxalement, source de misère pour les populations.
ABC du Figaro Mali : Ibrahima Kébé, est-ce qu’il n’y a pas une contradiction pour vous à vous présenter sous les couleurs du Parena, un parti qui travaille dans un gouvernement que vous combattez ?
Ibrahima kébé : Je suis le commissaire principal de l’association Faso Kanu. Je me présente à ces élections législatives sous les couleurs du PARENA, en alliance avec 4 partis politiques.
Le code électoral actuel ne permet pas aux associations de se présenter aux élections législatives, en alliance avec les partis politiques, d’où l’obligation d’aller sous la couverture d’un parti politique. Je tiens à remercier les directions nationale et locale du PARENA qui ont accepté, sans condition, que je sois candidat à Kati, au nom de leur parti. Mais également, toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, dans l’ombre ou publiquement, soutiennent ma candidature de quelque manière que ce soit, afin que je puisse servir le Mali, rien que le Mali, en restant fidèle à moi-même. Et ce, malgré mes positions politiques affirmées contre le régime actuel, et ma volonté ardente de continuer à mener le combat pour un Mali souverain et juste avec tous les Maliens.
Figaro Mali : Ibrahima Kébé, malgré la pandémie du COVID 19, le gouvernement a maintenu les élections du 2ème tour des législatives. Alors qu’ailleurs, les élections ont été reportées. Quelle est votre position à ce sujet ?
Ibrahima kébé : Je l’ai écrit dans un communiqué, le 28 mars passé, j’aurai personnellement souhaité que le gouvernement reporte les élections afin de ne pas mettre en danger la vie des Maliens et d’éviter d’avoir un taux de participation trop bas. Le gouvernement, en accord avec l’opposition, a décidé de maintenir les élections coûte que coûte. Face à cette situation, il eût été irresponsable de ma part de me retirer du jeu. Le gouvernement a annoncé qu’il allait prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger la santé et la vie des électeurs et du personnel des bureaux de vote. Qu’il le fasse ou non, relève de sa responsabilité devant les Maliens
En ce qui me concerne, dans le contexte actuel, je demande aux électeurs d’accepter de changer leurs habitudes et d’aller voter en respectant les gestes barrières :
• Maintenir une distance de 1 mètre entre chaque personne.
• Ne pas serrer les mains.
• Se laver les mains avec du savon ou avec le gel hydro alcoolique à chaque fois qu’ils toucheront à quelque chose.
• Pour ceux qui le peuvent, porter un masque. Pour ceux qui ne portent pas de masque, qu’ils pensent à tousser et à éternuer dans leur coude.
• Eviter de porter les mains au visage jusqu’à ce qu’ils puissent se laver correctement les mains.
Pour le moment, ces gestes doivent rythmer la vie quotidienne de chaque Malien, pour éviter de propager la maladie à ses proches et pour préserver sa propre vie.
Figaro du Mali : Monsieur Kebe, merci.