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Le pouvoir au Mali : sous l’emprise des « armes » et de la « Fatwa »

Au Mali, les leaders religieux musulmans et les militaires ont le monopole du pouvoir. Comme en 2013, il est incontestable que le président Ibrahim Boubacar Keita a accédé au pouvoir grâce à la bénédiction des leaders religieux Imam Mahmoud Dicko de Badalabougou, Cherif Bouyé Haidara de Nioro du Sahel, ainsi que de la Fatwa du grand leader de Banconi, le guide des Ancar Ousmane Cherif Madani Haidara.

A ces leaders religieux, il faut ajouter le soutien précieux des putschistes d’alors, avec à la tête un certain Amadou Haya Sanogo, qui a appelé ses hommes à soutenir le candidat Ibrahim Boubacar Keita .

Et depuis, il n’est plus un secret que désormais c’est la route Badalabougou, Nioro, Banconi et Kati qui mène à Koulouba. Et que nul ne se méprenne là-dessus, ces mêmes routes peuvent aussi mettre fin aux délices du pouvoir.

Si cette réalité d’aujourd’hui prouve l’influence (militaro-religieux) sur la vie politique malienne, elle est par conséquent une menace de plus pour notre démocratie (élection, gouvernance). En effet, l’histoire immédiate de notre jeune démocratie enseigne qu’en réalité ce sont les leaders religieux et les chefs militaires qui donnent le pouvoir au Mali, et ils ont le secret de le dérober.

En 2012, ça a été le cas, à travers la passe d’arme Amadou Haya Sanogo-IBK, avec la bénédiction des plus influents leaders religieux du pays, à savoir l’imam Mahmoud Dicko et le Cherif Bouyé Haidara.

L’histoire va-t-elle se répéter cette année ? Tout porte à le croire, au regard de l’évolution de la crise sociopolitique, enclenchée par le mouvement M5-RFP, dont l’autorité morale est Imam Mahmoud Dicko, qui a débouché sur la démission du Président IBK, à la suite d’un coup d’Etat militaire perpétré le mardi 18 août dernier, par une junte regroupée au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

En effet, au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires, les leaders de la nouvelle junte ont été aperçus au domicile du très charismatique religieux Imam Mahmoud Dicko, qui leur aurait lancé que « [sa] mission était terminée ». L’est-elle réellement ? Assurément non ! Puisque jamais au grand jamais, et ce serait même un péché, qu’après tant de sacrifices (mort des manifestants), que le héros des contestations retourne dans sa mosquée pour croiser les bras, et regarder les militaires et les hommes politiques user des fruits d’une lutte qu’il a menée.

Mais tout le contraire, l’imam aura son mot à dire. En tous cas, de l’avis de nombreux observateurs, il est impensable que l’imam et autres leaders religieux qui se sont battus pour la chute d’IBK, assistent à de nouvelles élections, sans que des consignes strictes ne soient données pour que tous les nouveaux « bien élus », bannissent les pratiques qui ont provoqué la chute du régime d’IBK. A ce titre, l’imam aura son mot et son choix parmi les hommes, et sa voix comptera.

Car, au-delà des mots et des discours, rien n’indique que l’imam restera les bras croisés dans sa mosquée, et suivre sans mot dire, l’évolution d’une situation dont le gros du mérite lui revient.

Une chose est sûre, il consultera sa base (CMAS), informera le leader Nioro du Sahel, entretiendra le fil avec le CNSP qui a renversé IBK, et opinera par la suite, ou du moins, dressera le portrait-robot de l’homme providentiel, qui dirigera un Mali sans corruption, sans fraude des élections, sans influence de la famille dans la gestion des affaires publiques…

Dans toutes les configurations possibles, on peut tout de même retenir qu’au Mali, ce sont les militaires et les religieux qui donnent le pouvoir. Ainsi un signal fort est donné. Mais est-ce un signal « vert-prometteur » ou « rouge-dangereux » pour notre démocratie et pour la politique malienne ?

Ousmane Tangara

Source: Bamakonews

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