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Le point : S’affranchir de la Minusma pour avoir la paix

Même si les Maliens continuent à s’interroger sur son utilité dans le processus de paix et de réconciliation, des négociations sont engagées en vue du renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), créée le 25 avril 2013 par la Résolution 2100 (2013) du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

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Le mandat de la Minusma a été déjà renouvelé par les Résolutions “2164” du 25 juin 2014,  “2227” de 2015 et “2295” en 2016. Dans cette dernière résolution, le Conseil de sécurité décide que la priorité stratégique de la Mission consiste à appuyer la mise en œuvre, par le gouvernement, les groupes armés des coalitions Plateforme et Coordination, ainsi que par d’autres parties prenantes maliennes, de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, en particulier ses dispositions relatives au rétablissement et à l’extension progressive de l’autorité de l’Etat ; il autorise la Minusma à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses zones de déploiement et demande à la mission d’adopter une démarche plus proactive et robuste afin de mener à bien son mandat.

Dans cette résolution, le Conseil de sécurité porte l’effectif de la Minusma à un maximum de 13 289 militaires et 1920 policiers. Un mandat jugé “robuste” par certains observateurs qui, malheureusement, n’a pas réussi à réconcilier la mission onusienne avec les Maliens. Surtout que c’est sur le plan militaire qu’elle est attendue par ceux-ci alors qu’elle est plus active sur le plan politique et social (résilience de la crise) que sur le front militaire.

D’ailleurs, on ne saurait attendre mieux d’une mission d’interposition. En effet, ce qu’on ne dit pas, la présence de la Minusma se justifie par la crainte de la communauté internationale (conduite par la France) d’éviter que la “minorité touareg” ne soit exterminée par les Forces armées maliennes en réaction aux exactions commises contre elles, notamment à Aguelhok en 2012 et Kidal en mai 2016.

C’est d’ailleurs pour la même raison que les forces armées et de sécurité du Mali ont été écartées de l’opération Serval après la conquête des régions de Gao et Tombouctou. Et depuis, la France use de toutes les pressions, surtout de son influence militaire et diplomatique, pour empêcher les Maliens de s’installer dans l’Adrar des Ifoghas.

C’est aussi pour cette raison que la France et ses alliés s’opposent au réarmement des FAMa accusées (par des organisations de droits humains aux rapports biaisés) de perpétrer des massacres au sein des minorités touaregs au nord et aujourd’hui les Peuls au centre. Malgré le niveau de formation, nous devons continuer à nous contenter d’une armée sans grands moyens matériels, c’est-à-dire incapable d’assurer la sécurité du territoire et la stabilité du pays.

 

Une mosaïque de minorités ethniques

Parler de minorités au Mali est vraiment surprenant de la part de l’ancienne puissance colonisatrice. Nous comprenons mieux quand un diplomate non français pense que les Bambaras sont majoritaires dans les forces armées et de sécurité maliennes. Au moins, là, on sait que son jugement erroné par la langue d’expression et non par des considérations réellement ethniques.

La preuve est qu’il est surpris quand nous lui apprenons que la majorité des Maliens s’expriment plus ou moins en bambara et dérivés (malinké, khassonké). Et que de l’indépendance à nos jours, ces forces armées et de sécurité ainsi que l’administration publique étaient les premiers tremplins de la cohésion sociale et du brassage ethnique, donc de l’unité nationale du Mali.

Existe-t-il réellement une minorité et une majorité ethnique au Mali ? A notre avis, la réponse est non, nous avons plutôt des groupes linguistiques forts. Sinon, toutes les ethnies du Mali sont des minorités quand elles sortent de leurs régions naturelles. C’est d’ailleurs pourquoi l’unité nationale a été le cheval de bataille des pères de l’indépendance du pays qui ont mis en avant la notion de peuple et non d’ethnies afin de mettre le pays à l’abri de l’irrédentisme ethnique.

La France sait cela mieux que nous-mêmes. Mais, comme nous le rappelait récemment un aîné chroniqueur politique, c’est “une géniale astuce pour perpétuer la crise chez nous et trouver le bon prétexte pour la présence sur notre sol de la Minusma et des autres forces étrangères. Observez le timing des accusations récurrentes contre l’armée malienne. Ce n’est pas sans intérêt”.

En effet, ces accusations pleuvent généralement au moment des manœuvres de renouvellement du mandat de la Minusma, après une réaction épidermique d’une autorité du pays où quand les FAMa alignent les performances militaires.

Curieusement, la communauté internationale et les organisations des droits humains ne parlent plus du massacre d’Aguelhok et font peu cas de l’omerta sur le massacre d’administrateurs civils, de prisonniers (militaires, policiers, gendarmes et gardes) en mai 2014 suite à la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal.

Si dans son rapport rendu public vendredi 12 mai 2017 la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) s’inquiète des “exactions commises par l’armée malienne sous couvert de lutte anti-terroriste” et recommande le renforcement des moyens de la Minusma dans les régions du Centre du Mali, le souhait de la majorité des Maliens est aujourd’hui un retrait pur et simple de cette mission qui ne fait qu’accentuer la mainmise de la France sur le processus de paix de au Mali.

 

Se libérer de la présence militaire étrangère

“Nous combattrons toute armée d’intervention qui viendra au Rwanda. Laissez-nous résoudre nous-mêmes les problèmes du pays”, a déclaré le président Paul Kagamé après le génocide qui a endeuillé le Rwanda entre avril et juillet 1994. Par courage politique, il a fermé les portes de son pays aux pyromanes qui se précipitaient en pompiers, donc en sauveurs.

Il est vrai que le rapport des forces n’est pas le même pour le Rwanda de l’après-génocide et le Mali sous occupation rebelle et surtout islamo-terroriste. Kagamé pouvait miser sur les troupes aguerries du Front patriotique rwandais (FPR) pour refonder son armée et faire face aux invasions étrangères et les convoitises territoriales de ses voisins.

Ce qui n’était pas le cas du président Intérimaire du Mali, Pr. Dioncounda Traoré, qui se retrouvait avec une armée en déconfiture à cause d’une hiérarchie décapitée par le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012. Face à l’avancée de la horde islamiste, il n’avait donc d’autre choix que d’appeler la puissance colonisatrice au secours.

Mais tout comme les Rwandais qui ont évité que la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar, créée en octobre 1993 et dissoute en mars 1996) ne s’enracine dans leur pays (comme dans c’est le cas dans la RDC voisine), les Maliens doivent se passer de la Minusma.

Nous devons prendre conscience que tant que cette mission sera là, notre armée restera sous tutelle étrangère et il nous sera interdit de nous armer à la hauteur des menaces auxquels notre pays doit faire face maintenant.

Si nous voulons tourner la page de cette crise, il nous faut nous émanciper de cette tutelle. Et comme le disait Robert Nesta Marley dit Bob (décédé le 11 mai 1981) “personne d’autre que toi ne peut libérer ton esprit” !

C’est comme Thomas Sankara qui, face au néocolonialisme, a rappelé aux Africains que “l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère”.

Les Maliens, sans distinction ethnique ou géographique, devront prendre conscience qu’il est temps de se ressaisir. D’autant plus que les pyromanes-pompiers qui s’activent à nos côtés depuis quelques années ont leur propre calendrier en fonction de leurs intérêts… Autant alors nous unir pour sortir de cette impasse.

Des intellectuels et des médias corrompus nous ferons toujours croire que nous n’avons ni les moyens ni la force de nous affranchir de l’aide militaire françaises ou de la Minusma. A notre avis, avec un peu de courage et de clairvoyance, nous nous rendrons compte que c’est le moment fatidique pour agir, prendre notre destin en main.

En, comme l’a une fois prêché Bob Marley, “tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu’au jour où être fort reste ta seule option”. Et nous pensons qu’être forts pour reprendre leur destin en main est la seule option qui reste aux Maliens s’ils veulent mettre fin à leur traversée du désert, dans tous les sens du terme, reprendre en main le destin de notre pays.

Moussa Bolly

Le Reflet

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