« Trop de dérives… Ça suffit… Je serai impitoyable désormais », a laissé entendre le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, lors de la cérémonie de présentation des vœux de ramadan. Mais les responsables de ces dérives n’ont-ils pas été nommés par lui-même ou ses proches ? Peut-il vraiment être ‘’impitoyable’’ envers les membres de sa familles ou ses amis de longue date ? Et tous ces scandales, quand seront-ils élucidés convenablement ?
Sous les régimes précédents, si on pouvait faire tout un quinquennat sans entendre parler de scandale, le régime actuel, en seulement deux ans d’existence, nous a désormais habitué à un tout autre visage. Depuis son avènement, les maliens très médusés se sont finalement résignés à voir des scandales se succéder à un rythme effréné. Pour cause : les mauvais choix, semble-t-il, des collaborateurs du Président de la République. En l’occurrence ceux se retrouvant à des postes stratégiques tels que dans le gouvernement.
Les premières affaires ont concerné la surfacturation sur l’achat d’armement et l’acquisition du nouvel avion présidentiel. Un jet, dont le prix d’achat n’étant toujours pas connu à ce jour, n’appartiendrait à l’Etat du Mali, selon plusieurs sources concordantes. Une hypothèse qui pourrait s’étayer du fait qu’il n’est immatriculé au nom de l’armée de l’air. Comme il est d’usage en République du Mali.
Le scandale en cours, qui défraye les chroniques, tourne autour de l’importation d’engrais frelatés pour la campagne agricole actuelle dont le département du Développement Rural et l’Assemblée Permanente de la Chambre d’Agriculture du Mali (APCAM) seraient grandement tenus comme responsables. Sans compter qu’entre les deux malversations présumées, les sales affaires se sont bien multipliées dans tel ou tel domaine comme : la fuite des sujets des épreuves lors du DEF et du baccalauréat 2014 ou encore le scandale autour de l’obtention quasi-impossible de cartes d’identité et de Passeports. Que dire des affaires qui gravitent autour de la famille présidentielle, très impliquée plus que jamais dans la gestion de la chose publique ? A telle enseigne que le malien Lambda, très déçu de la mauvaise gouvernance, ne croit plus aux nombreuses promesses fermes que le Chef de l’Etat avait tenu lors de la campagne présidentielle, tout comme au tout début de sa prise de pouvoir.
D’ailleurs, l’année 2014 n’avait-elle pas été décrétée comme année de lutte contre la corruption par le Chef de l’Etat? Alors que dans son discours de l’an, IBK n’a daigné faire un bilan de cette année. Est-ce parce que ce fut une année riche en corruption au sommet de l’Etat qu’il ne pouvait s’aventurer avec les chiffres et les faits? L’année 2015 est même passée sous silence.
Pourtant tout bon Président se doit de faire le bilan de ses actions. Quel qu’il soit ! Pour le moment, rien ne semble réussir au Président de la république. Même l’aboutissement en forcing de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation est considéré comme un très mauvais accord. Car portant tous les germes de la guerre civile et la division du Pays.
Vivement un pouvoir plus responsable !
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise