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Le ministre ABDOULAYE DIOP sur l’ORTM : ‘‘nous sommes plus proches d’une solution que nous ne l’avons jamais été’’avec la CEDEAO

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP, était, ce mardi 17 mai 2022, l’invité du huitième numéro de l’émission télévisée ‘’Mali Kura Taasira’’ qui se passe depuis quelque moment sur la télévision nationale. Sur le Plateau de l’ORTM, le Chef de la diplomatie malienne qui répondait aux questions de Yaya KONATE (ORTM) et Cheick Hamalla SYLLA (bihebdo ‘’L’Aube’’) a fait un tour d’horizon de la diplomatie malienne sous la transition. Une période marquée par les sanctions de l’UEMOA et de la CEDEAO ; l’arrêt de décaissements par certains partenaires ; le départ de Barkhane ; la dénonciation de l’accord avec la France ; le rapprochement avec la Russie, etc. Depuis le début de la rectification de la transition, la diplomatie malienne sous le leadership du ministre DIOP est sur le qui-vive pour faire connaître au monde entier la vision des autorités sur la marche du pays. Des autorités qui exigent notamment le respect de la souveraineté et de la dignité de notre Peuple face aux sanctions et injonctions venant d’ailleurs. Pour le patron de la diplomatie malienne, « aucun pays, aucune institution n’a le droit de dicter au Mali ses choix politiques ». D’ailleurs, dit-il, « les Maliens sont prêts à payer ce prix pour que ce pays puisse changer, qu’il y ait une paix durable, une stabilité et un processus démocratique durable».

 

Comme il fait s’y attendre, la première préoccupation soulevée par nos confrères a été l’état d’avancement des négociations avec la CEDEAO, surtout après la désignation d’un facilitateur en la personne du président togolais, Faure GNASSINGBE.

Négociations Mali-

CEDEAO

D’entrée de jeu, le ministre DIOP a reconnu que le processus de dialogue avec la communauté internationale était dans une certaine impasse, surtout après le passage du médiateur de la CEDEAO, le mois de mars dernier.

Pour lui, le blocage se situe essentiellement au niveau du chronogramme de la transition.

« Certains estiment que nous sommes dans une position de défiance vis-à-vis de la communauté internationale. Or, ce que le Mali essaye de faire comprendre, c’est que partant d’un chronogramme de cinq ans qui a été ramené après les concessions importantes surtout dans le cadre de travail technique qui a été encore mis en place par le Mali. C’est ce cadre qui a permis de rapprocher les points de vue entre 5 ans et pour pouvoir arriver aujourd’hui entre 16 ou 18 mois du côté de la CEDEAO et près de 24 mois du côté du Mali», a-t-il expliqué.

Ainsi, pour donner une nouvelle impulsion, a-t-il savoir, le chef de l’État a décidé qu’il fallait faire recours au président Togolais qui est un fin connaisseur du dossier malien ; et qui depuis le début du processus de transition, a été activement engagé au Mali pour faire mieux comprendre la situation du Mali.

« C’est dans ce contexte que le chef de l’Etat a souhaité que nous puissions lui faire appel pour qu’ils puissent faciliter », a-t-il dit.

Avant de préciser qu’il s’agit d’une facilitation et non d’une médiation.

De son avis, la plus grande incompréhension que le Mali a avec la CEDEAO, c’est que nous avons des lectures qui étaient totalement opposées.

Pour lui, la lecture au niveau de la CEDEAO était une lecture beaucoup plus électoraliste, en ce sens qu’il suffit d’organiser les élections et d’avoir un pouvoir élu pour que les problèmes du Mali soient réglés.

« Et nous maliens savions que ce n’était pas le cas, nous sommes dans un pays quand même qui reçoit une mission des Nations unies qui déploient de 15000 hommes pour faire face à une crise multidimensionnelle, qui fait face au terrorisme », a-t-il dit.

Mais aujourd’hui, a-t-il rassuré, les deux parties se sont rapprochées parce que la CEDEAO, elle-même après le travail du groupe technique, accepte aujourd’hui les réformes. Notamment, l’organe unique à mettre en place, la constitution qu’il faudrait revoir et les différents scrutins.

« Je crois que du point de vue du contenu, il y a quand même une compréhension, mais il reste maintenant juste la durée qui reste la grande incompréhension, qui ne devrait pas l’être. Parce que je crois que la durée est fonction du contenu. Aujourd’hui, en nous mettant d’accord pour pouvoir avancer nous allons trouver une solution », a-t-il dit.

En tout cas, ce qui est évident, c’est qu’aujourd’hui ‘’nous sommes plus proches d’une solution que nous ne l’avons jamais été’’, a-t-il déclaré.

Selon M. DIOP, les efforts doivent se suivre pour en sortir le plus vite possible parce que notre peuple souffre, la région souffre également.

En tout cas, les diplomates, comme lui, ont dans leur ADN d’être ouverts, d’être optimistes, et de penser comme les politiciens qu’une solution est toujours possible.

«Mais pas n’importe quelle solution. La solution à trouver doit nécessairement tenir compte des préoccupations des Maliens, de ce pour quoi les Maliens se battent au quotidien », a-t-il précisé.

Relations avec la France

Parlant des relations avec la France qui sont très tumultueuses depuis un certain temps, le ministre DIOP a laissé entendre que le Mali et les Maliens ne sont pas contre la France, puisque la France était célébrée et chantée dans tous les foyers au moment de la libération de notre pays en 2013.

Mais aujourd’hui, a-t-il fait savoir, il y a une part de frustration.

Une situation qui s’explique essentiellement par ce qu’il appelle ‘’l’incident de Kidal’’ pendant la libération de notre pays en 2012-2013.

Pour lui, c’est une question qui a affecté notre population, qui s’est toujours interrogé quel était l’agenda réel de la France pendant cette intervention militaire.

«La France est un partenaire dont l’action devait s’inscrire dans le cadre de l’unification et du renforcement de l’unité nationale du Mali. Je crois que plus tard, beaucoup de Maliens se sont posés des questions par rapport à cet incident de Kidal qui n’a pas aidé. Jusqu’à aujourd’hui, nous travaillons à pouvoir régler ce problème», a-t-il justifié.

Aussi, a-t-il poursuivi, avec l’arrivée du président GOITA à la tête du Mali en mai 2021, naturellement il y a eu une inflexion importante de la politique du Mali qui a mis en avant le respect de la souveraineté nationale du Mali, le respect mutuel dans nos rapports avec nos partenaires, et aussi l’instauration d’un partenariat gagnant gagnant.

« Je crois que l’ensemble de ces éléments ont été mis dans nos rapports avec nos amis français qui ont été invités à revoir leur copie dans la façon d’interagir avec nous. Mais je crois que ceci n’a pas été compris, on a vu que quelque temps après, la France inscrit son action dans le cadre de punir le Mali suite à ces événements. Parce que, certainement les autorités en place ne semblent pas aller dans le sens souhaité », a-t-il regretté.

Une situation qui a amené un certain nombre de difficultés comme : l’arrêt unilatéral de la France des opérations conjointes avec les forces armées maliennes.

Comment on peut être dans un pays et dire que nous ne travaillons pas avec les forces armées de ce pays ? Et qu’est-ce que nous représentons dans ce pays ? S’est interrogé le ministre DIOP.

Mais, la France, dit-il, ne s’est pas arrêtée là. Car, dix jours plus tard, c’est l’annonce unilatérale, encore une fois, au mépris des accords qui nous lient, décidant du retrait de la force barkhane.

« Quand votre partenaire principal stratégique, notamment dans le domaine de la sécurité qui est la plus qu’une préoccupation numéro 1, 2 et 3 du pays, décide de ne pas vous accompagner, à ce moment précis, et naturellement dès le début, il était dans un autre calcul », a-t-il fait savoir.

Pour lui, c’est ces différents incidents qui ont poussé le Mali à accélérer la diversification de la coopération militaire, parce qu’il faut travailler pour la survie du pays.

«Nous sommes convaincus que dans ce processus de transition, aucun pays, aucune institution n’a le droit de dicter au Mali des choix politiques», a-t-il craché.

Pour lui, seuls les Maliens peuvent déterminer avec qui nous devons travailler ou ne pas travailler.

« Je crois que ces éléments sont au cœur de la discorde aujourd’hui avec les autorités françaises. Le Mali reste disponible pour travailler avec la France, comme avec tous les pays. Mais dans le respect de notre souveraineté, mais aussi dans le respect mutuel et dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant», a-t-il fait savoir.

Ce qui est clair, c’est que le Mali n’est pas dans une logique de belligérance avec l’ancienne puissance.  Et aujourd’hui, la divergence entre les deux pays se situe essentiellement au niveau politique.

«Elle est au niveau des gouvernements, et à tout moment, si vous regardez les incidents qu’on a eus avec la France ces derniers mois, en aucun moment le Mali n’a été le premier à dégainer. Nous avons dû chaque fois répondre quand des actes ont été posés, qui étaient irrespectueux à notre endroit, où qui étaient attentatoires à notre souveraineté. Nous avons dû nous assumer et prendre un certain nombre de décisions.

Donc, c’est dire que nous sommes toujours dans la meilleure disposition.

Nous ne sommes pas dans une ligne de rupture, nous voulons seulement qu’un certain nombre de principes soit observé », a-t-il dit.

Redynamisation de la coopération Mali-Russie

S’agissant des raisons qui ont amené le Mali a redynamisé sa coopération avec la Russie, le ministre DIOP a fait savoir que les partenariats que le Mali avait, notamment avec nos partenaires stratégiques, ne répondaient pas tout à fait à ce que le Mali souhaitait.

« Ce que le Mali souhaitait, c’est pouvoir disposer d’équipements militaires qui nous permettent de mieux faire un maillage de notre pays et pouvoir avoir aussi des équipements pour doter nos forces de défense et de sécurité. Et comment créer une autonomie progressive pour le Mali pour que nos hommes puissent opérer, défendre notre pays et jouer leur rôle régalien de défense de l’intégrité territoriale ».

C’est pourquoi, dit-il, les autorités de la transition ont souhaité que, dans ce contexte, il est de l’intérêt du Mali d’aller taper à toutes les portes, nous pensions qu’une réponse peut venir.

Surtout aller vers la Russie avec laquelle le Mali a un partenariat historique, un partenariat dans lequel le Mali et son armée ont rayonné dans la région.

« Nous avons vu que ce partenaire, en particulier, est en mesure de nous donner ce que nous voulons, et de le faire dans le temps qu’il nous faut sans autres formes de procédures bureaucratiques », a-t-il fait savoir.

Mais, le Mali ne travaille qu’avec la Russie. Et si la question de la Russie suscite des passions, le ministre pense qu’il y a d’autres desseins derrière. Sinon, en plus de ce partenaire historique, le Mali travaille aussi avec la Chine, la Turquie et beaucoup d’autres pays.

« Tous ceux qui peuvent aider le Mali et dans la vision cadre avec notre vision de respect mutuel, de respect de notre souveraineté, et surtout d’efficacité le Mali reste ouvert à travailler avec tous ceux-ci. Mais le Mali n’acceptera pas qu’on lui fasse un diktat par rapport à ses choix », a-t-il prévenu.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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