Libéré le 1er janvier après huit mois d’incarcération, le milliardaire algérien et PDG du groupe privé Cevital, Issad Rebrab, se rendra-t-il dans les prochains jours à Charleville-Mézières ? C’est là en effet, dans un ancien bâtiment du groupe PSA aux Ayvelles, que doivent s’installer les projets industriels concentrés sur la nouvelle technologie allemande de purification d’eau EvCon, portés par des filiales de Cevital. Plus de 1.000 emplois doivent être créés, à terme, dans la région. Il n’y a pas de date arrêtée concernant le déplacement dans les Ardennes d’Issad Rebrab, laisse-t-on entendre du côté du conglomérat. L’objet de cette venue serait la relance du volet français d’EvCon.
Sixième fortune d’Afrique, selon Forbes
L’implantation de cette usine de fabrication de matériel de traitement de l’eau avait été annoncée à Charleville-Mézières même, par le président Emmanuel Macron en novembre 2018 lors de son « itinérance mémorielle », en présence d’Issad Rebrab. En janvier, l’homme d’affaires, qui a passé son enfance entre Thionville et Metz avant de devenir la première fortune privée d’Algérie et toujours la sixième d’Afrique, selon le classement 2020 du magazine américain Forbes, avec 3,3 milliards d’euros, avait pris part au sommet Choose France. Rayonnant sur trois continents et employant 18. 000 collaborateurs, Cevital est déjà présent en France, où il a sauvé de la faillite le fabricant d’électroménager Brandt ainsi que de portes et fenêtres Oxxo, en Saône-et-Loire, en préservant l’essentiel des emplois. À quoi s’ajoute donc le projet ardennais, pour un investissement évalué à 250 millions d’euros. Or, en avril 2019, dans la foulée de la démission, sous pression de la rue, du chef de l’État algérien Abdelaziz Bouteflika, plusieurs grands chefs d’entreprise avaient été interpellés. Des proches du clan Bouteflika. Issad Rebrab, en revanche, avait toujours entretenu des relations tendues avec le régime en place. C’est sur plainte de la douane algérienne que le patron de Cevital avait été arrêté : elle l’accusait notamment de fausses déclarations concernant l’importation d’équipements de technologie EvCon. Le 31 décembre, la justice algérienne a condamné Issad Rebrab, 75 ans, à six mois de prison ferme, peine couverte donc par la détention provisoire, et à 10,3 millions d’euros d’amende. Amende également pour EvCon, filiale de Cevital (de 20,7 millions).
L’arrestation de l’entrepreneur kabyle avait suscité des remous en France et des inquiétudes dans les Ardennes où le projet autour d’EvCon est resté tout ce temps en suspens. Le dossier n’était pas entièrement bouclé. Un déplacement sur site du patron de Cevital aurait pour but de finaliser la transaction.