La République du Mali, proclamée le 22 septembre 1960, fête ses 62 ans demain jeudi. La célébration du soixante-deuxième anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale sera sans nul doute l’occasion de rendre un hommage mérité aux pères de l’indépendance, en premier lieu, le 1er président du Mali indépendant, Modibo Kéita, mais aussi de réaffirmer la volonté de refondation de la nation qui anime présentement les autorités intérimaires, soutenues par une frange importante de la population malienne.
Toutes les décisions prises par les autorités actuelles, relativement à la souveraineté du Mali, à la dignité et à l’honneur des Maliens rencontrent l’assentiment du peuple. Aujourd’hui, le curseur est résolument mis sur la décolonisation totale vis-à-vis de la France, dont la présence sur notre sol se réduit comme peau de chagrin.
En revanche, comme du temps de la Guerre froide, le mot d’ordre est la diversification des partenaires. Ainsi, après avoir dénoncé l’accord militaire entre Bamako et Paris, nos autorités se sont tournées vers la Russie dans un contexte d’embargo illégal de la Cédéao et de l’Uémoa (janvier-juillet 2022).
Cette première tentative de partenariats stratégiques s’avère payante, car elle a permis à l’Armée malienne de reprendre l’initiative sur le terrain en matière de lutte contre le terrorisme, les trafics en tout genre en vue du rétablissement de l’intégrité territoriale, grâce à l’acquisition de matériels et d’équipements militaires de pointe à la hauteur des défis.
Ce renforcement des capacités opérationnelles des Forces armées maliennes (FAMa) n’est pas vu d’un bon œil par des pays dits “amis”, qui s’emploient à torpiller la marche victorieuse de notre pays après des décennies de descente aux enfers. Tout est entrepris pour saborder les belles initiatives de restauration du Mali, qui avait frôlé la disparition comme Etat souverain.
Parallèlement aux accusations d’atteintes aux droits de l’Homme dont l’accablent l’Hexagone et ses suppôts, l’espace aérien du pays est fréquemment violé par Paris. Les terroristes qu’elle entretient sont renseignés sur les positions des FAMa. Toutes choses qui motivent la plainte introduite par le Mali contre la France au Conseil de sécurité des Nations unies.
Et comme si cela ne suffisait pas, la tension avec la Côte d’Ivoire, qui découle de l’arrestation de 49 de ses militaires lourdement armés, interpellés le 10 juillet dernier à l’Aéroport de Bamako sans ordre de mission ni autorisation et désormais sous le coup de la justice malienne, est exploitée à fond contre notre pays par la communauté internationale alors que l’affaire était sur le point de trouver une issue heureuse sous la médiation du président togolais.
Bref, les 62 ans du Mali seront célébrés sur fond de tension avec ceux qui ne veulent pas que le Mali se libère de toutes les chaines de l’asservissement et fasse tache d’huile en Afrique et dans tous les autres pays épris de paix et de justice. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le parcours de notre pays n’a jamais un long fleuve tranquille. Les entraves se sont multipliées sur le chemin de notre Maliba bien avant sa naissance.
Ainsi, le 20 août 1960, soit 2 mois après le départ de la puissance coloniale, le Sénégal se retire de la Fédération du Mali et proclame son indépendance. Le 22 septembre 1960, la République soudanaise proclame à son tour son indépendance sous la conduite de Modibo Kéïta, tout en conservant le nom de Mali.
En 1968, Modibo Kéita est renversé par un coup d’Etat conduit par un groupe d’officiers subalternes ayant à leur tête le lieutenant Moussa Traoré. Le 26 mars 1991, celui-ci est renversé à son tour par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Après une période de Transition, ce dernier instaure la démocratie avec l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992, qui sera réélu en 1997.
En 2002, le général Amadou Toumani Touré, qui avait pris sa retraite de l’armée pour se présenter, est élu président de la République du Mali, et réélu en 2007. Le 22 mars 2012 Amadou Toumani Touré est renversé par un putsch, mené par le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Après une transition, Ibrahim Boubacar Kéïta est élu président de la République en septembre 2013 puis est réélu en 2018 au terme d’une élection contestée. Le 18 août 2020, IBK est renversé par un coup d’Etat militaire.
Rébellions et coups d’Etat
De janvier à avril 2012, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), allié aux groupes Ansar Dine, Mujao et Aqmi, mène des attaques sur les camps militaires maliens et les villes situés dans les régions de Gao, de Tombouctou et de Kidal, remettant en cause l’unité territoriale du Mali dont l’armée fut mise en difficulté.
Le 22 mars 2012, le gouvernement est renversé par un coup d’Etat conduit par de jeunes militaires dénonçant son incapacité à gérer le conflit sévissant au nord du pays. L’unité politique du pays était ainsi plus que jamais menacée. Les soldats mutins, dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo prennent le contrôle de la présidence, puis annoncent la dissolution des institutions et la suspension de la Constitution, à un mois de l’élection présidentielle.
Ce coup d’Etat entraîne le départ forcé d’Amadou Toumani Touré et la mise en place d’un couvre-feu temporaire. Les violences qui suivirent le renversement du pouvoir ont pour conséquence la mort d’une personne et une quarantaine de blessés.
Le 1er avril 2012, la rébellion touareg, constituée du MNLA et de plusieurs mouvements salafistes dont Ansar Dine, Mujao et Aqmi, gagne le contrôle sur les trois régions situées au nord du Mali. Le MNLA réclamait l’indépendance de l’Azawad tandis qu’Ansar Dine souhaitait imposer la charia. Les deux mouvements revendiquaient le contrôle des principales villes.
Le 4 avril, le MNLA décide unilatéralement la fin des opérations militaires à compter du 5 avril à minuit. Deux jours plus tard, le 6, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad.
La proclamation de l’indépendance de l’Azawad par les Touaregs du MNLA est condamnée de façon catégorique par les différents partis maliens ainsi que par l’Union africaine et la communauté internationale. Ces partis affirment que l’intégrité territoriale du Mali n’est pas négociable et souhaitent que le MNLA revienne à la raison, de gré ou de force.
Mais la situation reste très précaire, avec de nombreuses attaques jihadistes. Les conflits communautaires persistent, occasionnant des centaines de morts, particulièrement dans la région de Mopti. En 2018, l’armée française poursuit ses opérations et particulièrement dans le Liptako Gourma, une zone entre le centre du Mali, le Sud-ouest du Niger et le Burkina Faso.
Durant la deuxième moitié des années 2010, les jihadistes s’adaptent à une guerre asymétrique : ils se terrent, procédant par attaques surprises et par des attentats, tout en utilisant les ressentiments locaux et les conflits intercommunautaires. Un piège se referme progressivement sur les troupes françaises, de plus en plus critiquées localement : poursuivre le combat avec un risque d’enlisement et de compromission ou se retirer.
En 2020, dans un contexte d’élections législatives contestées et de manifestations massives menées par le M5-RFP26, le président Ibrahim Boubacar Kéita est arrêté par des mutins et démissionne sur les ondes de l’ORTM, à minuit le 19 août 2020. Quelques heures plus tard, le Comité national pour le salut du peuple prend le pouvoir. Il est présidé par Assimi Goïta et dispose des services d’Ismaël Wagué comme porte-parole. Ce coup d’Etat est condamné de manière unanime par la communauté internationale.
Le 24 mai 2021, le président de Transition Bah N’Daw et le Premier ministre de transition Moctar Ouane sont interpellés et conduits sous escorte militaire à Kati. Le lendemain, le colonel Assimi Goïta démet N’Daw et Ouane de leurs fonctions. A la suite de ce coup d’Etat, la France décide de mettre un terme à l’opération Barkhane et appuie le développement international de la Task Force Takuba notamment pour sécuriser la région du Liptako.
Les autorités maliennes responsables du coup d’Etat s’engagent auprès de la communauté internationale à “organiser des élections présidentielle et législatives avant le 27 février 2022”. Cet engagement non tenu et le partenariat des autorités maliennes avec le groupe paramilitaire russe Wagner conduisent le 17 février 2022 à l’annonce du retrait de la Task Force Takuba.
Le 16 mai 2022, le gouvernement d’Assimi Goïta révèle avoir réussi à déjouer un coup d’Etat mené par des militaires maliens dans la nuit du 11 au 12 mai. Selon les sources officielles du gouvernement, cette tentative de putsch avortée a été “soutenue par un Etat occidental”.
Les autorités se sont engagées à rétablir l’ordre constitutionnel : une nouvelle Constitution est en cours de rédaction, une Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) est créée, un chronogramme des élections est publié. Comme pour dire que le Mali tanguera mais ne sombrera jamais. Bonne fête d’indépendance à tous !
La rédaction
Source: Aujourd’hui-Mali