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Le Mali d’ IBK : Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs

Il est désormais d’usage de dresser un premier bilan de tout nouveau pouvoir après cent jours d’exercice, bilan très souvent révélateur des contours et tendances de ce pouvoir à l’épreuve des réalités. Pour ce qui concerne le Mali, cette limite de cent jours comportait une première étape dictée par les accords de Ouagadougou dès le soixantième jour. Cette échéance  a été ignorée. Alors trois cents jours après, que devons-nous retenir de l’exercice du pouvoir d’IBK ?

 excellence ibk ibrahim boubacar keita president malien

Le goût effréné des voyages

En trois cent jours il a passé moins de cinquante jours au Mali : malgré les tentatives d’explication de sa part et de ses communicateurs, nos compatriotes n’ont pas compris l’utilité de ses voyages répétés et n’en ont pas ressenti l’impact, au moment où ils pensaient qu’il devait être présent pour conduire les premiers pas du nouveau pouvoir et en régler le tempo.

Le manque de transparence dans la gestion des fonds publics

A ce niveau nous tenons à lever de suite une équivoque : le Président IBK a coutume d’asséner urbi et orbi et à chaque occasion  » je n’ai jamais touché à un sou d’argent public indûment !! » Mais si par négligence ou par légèreté vous contribuez à dilapider l’argent public par d’autres qui sont sous votre autorité par une violation des règles de comptabilité publique établies,  alors vous êtes complice de ces délits et traité comme  eux ! Par exemple :

– Concernant l’ancien avion présidentiel, aucune autorité malienne, aucune commission technique constituée à cet effet n’a procédé à l’inspection de cet avion pour le déclarer inutilisable. La firme Boeing chargée de la maintenance n’a pas livré de certificat de non navigabilité, en tout cas pas à notre connaissance. La décision d’abandon de cet avion se base sur  le rapport d’une personne non experte en la matière, pseudo consultant à ses moments perdus, qui lui-même n’a jamais vu un document de l’avion en question ! Que dire alors du silence du Colonel Major  Bougary Diallo qui a accompagné l’avion présidentiel à sa dernière révision  générale à Miami de fin 2011 à février 2012 ?

Et pour la petite histoire, IBK et son fils étaient bel et bien dans ce même avion en juin 2009 avec ATT quand il a fait le voyage du Gabon pour assister aux funérailles de feu Omar Bongo Ondimba. Jusqu’à preuve du contraire, cet avion est en bon état et fonctionnel, et s’il n’avait pas de papier pourquoi avoir sollicité Tomi, « le parent corse « , pour chercher à le revendre ?

En ce qui concerne l’achat du nouvel avion, toutes les procédures de passation de marché ont été violées en ce sens qu’aucun appel d’offre n’a été lancé, aucun marché n’a été approuvé par le conseil des ministres et porté à la connaissance des citoyens par le traditionnel communiqué du mercredi. Pour une dépense de cette ampleur, cela en valait quand même la peine !  Que des prétextes sécuritaires ne soient pas mis en avant pour un avion civil. Le prêt contracté auprès de la BDM n’a pas lui-même répondu aux critères de bonne gestion car en matière de comptes publics le fractionnement des paiements et leur étalement sont proscrits. Le paiement par le Ministère de la Défense des 15% de la garantie et son engagement ne sont pas clairs car même si c’est un avion de commandement et même immatriculé par l’armée de l’air, ce qui n’est pas le cas, il reste la propriété de la Présidence de la République et son usage n’est pas militaire. En réalité la ministre des Finances dans sa lettre  à la BDM a sollicité un prêt pour l’achat de matériel roulant, endettant ainsi lourdement l’Etat et détériorant au passage la PNG (position nette du gouvernement auprès de la BCEAO et des PTF)!

Cet avion est arrivé au Mali avec à son bord le Président de la République, portant l’immatriculation P4/PRM …, et le drapeau du Mali, quelle curieuse combine car dans la liste des préfixes de l’OACI, le préfixe P4 est attribué à l’île d’Aruba, un paradis fiscal des Antilles néerlandaises. Comment le drapeau du Mali et le Président du Mali peuvent-ils se retrouver sur cet avion si  étrangement immatriculé … dans un paradis fiscal avec le sigle PRM ? C’est cela  la véritable  illégalité  et le risque évoqués par le Premier Ministre Mara à l’Assemblée Nationale.

Enfin que dire du taux prohibitif de 8% appliqué par la BDM dans cette transaction où l’on ne dépasse pas généralement 6% ou même moins quand il s’agit de l’Etat. On appelle cela de la dilapidation de bien public !

Quant au prix réel de l’avion, il peut être sujet à caution car si vingt ans en arrière l’achat d’un avion nécessitait des intermédiaires, aujourd’hui grâce au web ce sont des transactions plus que banales et les prix sont connus. Qui comme le Premier Ministre parle d’intermédiaires parle de commissions et donc de rétro commissions. Alors … à qui a profité cet achat  si contestable et contesté ? Certainement pas au peuple malien.

– Le contrat d’achat d’équipement militaire de 69 milliards porté à 105 milliards : Dans sa dernière interview très instructive et maladroite au demeurant, le Président de la République a avoué son effectivité  et l’implication de son conseiller spécial Kagnassy qui avait tenté avec toute la meute de thuriféraires de nier l’évidence ! IBK avoue que ce contrat existe et a été passé de gré à gré sans appel d’offre, sans aval du conseil des Ministres, avec une petite société S A R L dont le chiffre d’affaire légalement ne saurait excéder 500 millions de francs  et dont personne n’avait entendu parler jusque-là à part lui !! Alors personne n’est dupe, on aura tous compris qu’il s’agit d’une société écran comme il en fleurit en ce moment au Mali et dont l’adresse au quartier du fleuve  à côté d’EDM correspond à une des planques de Soumeilou Boubeye MAIGA en période de traversée du désert.

En réalité, ce contrat est financé lui aussi sur un prêt de 300 millions d’euros contracté en catimini auprès d’une banque marocaine soit près de 196 milliards de francs CFA dans l’opacité la plus totale sans  la validation ni du Parlement ni du Gouvernement une fois de plus. Comment peut-on se permettre de nous endetter à ce niveau à notre insu ? Dans l’interview à JA, le Président dit ne pas s’être occupé après du fameux contrat  … Curieuse conception de la gestion en bon père de famille soucieux des maigres ressources de son pays ! A quoi sera destiné le reliquat des 196 milliards de la banque marocaine ?

– Le réaménagement du Secrétariat Général de la Présidence : Ce que les Maliens doivent savoir, ce n’est pas le Palais de Koulouba détruit par la soldatesque du 22 mars 2012 qui va être réhabilité et rénové maintenant. En fait il s’agit  du bâtiment neuf du Secrétariat Général de la Présidence où IBK travaille en ce moment, achevé en 2007 par les chinois pour 3 milliards 650 millions de francs et équipé pour environ 350 millions de francs soit un total de 4 milliards de francs sous forme de don. Le coût du réaménagement proposé aujourd’hui est estimé à 2 milliards  que le Trésor a été sommé de mettre en place sous forme de régie  au profit d’une société jusqu’alors inconnue des services fiscaux. Du jamais vu en comptabilité publique, faisant fi des règles établies, on appelle cela de la délinquance financière ! Dans JA le Président dit que le marché n’est pas encore attribué et qu’une commission ad hoc est à la tâche en oubliant de préciser que c’est son beau frère qui pilote l’opération et  que la régie est déjà en place et les travaux vont incessamment commencer. Attendons surtout de voir le dossier d’appel d’offre dans les journaux car là aussi il parle de deux sociétés françaises sur les rangs,  comment le sait-il ? En réalité, une évaluation de la rénovation avait été faite pour 3 milliards de francs et  proposée à la partie chinoise qui n’a pas donné suite. Nos nababs actuels  évaluent eux à une dizaine de milliards la rénovation du palais et ses dépendances.

Le refus de la critique et de la contradiction : le refus de voir la réalité en face

Aux critiques de plus en plus nombreuses le régime et ses thuriféraires de la politique et de la presse alimentaire répondent par l’invective, l’arrogance et le déni car à courts d’arguments tout simplement. La réponse du RPM au document structuré du PARENA en est la preuve la plus éloquente et leur fuite en rase campagne devant le débat contradictoire proposé par ce parti son apothéose. Le Président lui-même et surtout lui toujours enivré par son prétendu plébiscite organisé de main de maître par la junte  putschiste ses amis d’alors, tire sur tout ce qui le critique ou le contredit, ce sont selon lui des jaloux et des égoïstes  des « hassidis »  qui  ne cherchent qu’à le déstabiliser ! Il connaît tout, il maîtrise tout, il a tout vu, il a tout vécu, il est la quintessence de l’homme malien donc infaillible, toujours selon lui. C’est le règne de l’autosatisfaction, du quant à soi et de l’auto célébration surtout lors des déplacements à l’étranger dans des shows devant les communautés maliennes qui rappellent ceux tristement célèbres d’un certain Moussa Dadis Camara.

Aprés l’interview du père, voilà celui du fils pour qui son père jusque-là a fait un sans faute car l’honneur du Mali est de retour de sa pérégrination aux confins de Kidal toujours pas libérée, il s’essaye même à la métaphore en  empruntant à Denise Epoté, journaliste bien connue de TV5,  la phrase suivante : « on  ne lance des pierres que sur les arbres qui portent des fruits «  ; mais lui le petit oublie que dans le cas du Mali c’est lorsque les fruits ne sont pas à portée de main que l’on se sert de  pierres, sinon il suffirait de les cueillir ! Et que l’arbre auquel il fait référence porte des fruits qui ne profitent qu’à sa famille  et non au peuple malien.

Toujours selon le petit, cela commence à aller au Mali grâce à son père et certains n’en seraient pas contents …. Il n’a pas tort car pour lui tout va très bien : de loueur de véhicule à fils de Président  député et Président de la commission de la défense  se prélassant de palaces en palaces d’Abidjan à Marrakech en passant par Paris entre champagne, cigares, maîtresses venues d’Europe et tables garnies  en si peu de temps, il pourrait difficilement se plaindre ! Lui  qui roule carrosse ou plutôt Rolls Royce ! Qu’il aille donc demander si tout va bien au tailleur du marché du coin, à la vendeuse de glace ou d’eau fraîche, aux ateliers de la zone industrielle, au moulin à mil du quartier et à tous ces métiers plombés par les délestages intempestifs d’électricité. A-t-il pris connaissance du dernier communiqué de l’UNTM qui s’insurge contre la hausse programmée du tarif de l’électricité que l’on veut leur faire avaler ? L’UNTM dans ce communiqué fait le constat de  » l’état de dénuement total dans lequel les travailleurs maliens sont avec le corollaire de renchérissement croissant du coût des produits de première nécessité « .

On constate que le père et le fils parlent beaucoup pour défendre leur régime mais où est donc passé le RPM ? Qui s’y est risqué une seule fois !

A propos de son fils, le Président semble dire qu’il ne le maîtrise pas ; terrible aveu  du point de vue de la culture malienne mais qui ne  nous surprend guère car c’est le fils qui  a fait  du père  ce qu’il est en ce moment, en se hissant aux premières loges de l’élection présidentielle de 2013 dans les bagages de la société Sagem devenue Safran Morpho (représentée par Kagnassy devenu par la suite Conseiller Spécial à la Présidence) adjudicatrice du marché du fichier électoral puis illégalement de celui du marché des cartes ninas selon l’autorité de régulation des marchés publics et de délégation de services. Le filston a été aux côtés des généraux putschistes un acteur clé du processus électoral qui a abouti à ce qu’ils ont appelé un plébiscite que certains de leurs acolytes ont même voulu anticiper dés le premier tour !

Toujours dans JA, le Président a trouvé sa communication officielle nulle, mais monsieur le Président il n’y a point de meilleure communication que de dire la vérité, d’édifier une case en verre autour de la gestion de la chose publique, de respecter les règles et procédures existantes et de prendre en compte en priorité les besoins élémentaires de ses concitoyens au lieu de son confort personnel ! Cela se passera de commentaires, et vos compatriotes seront vos communicateurs. Pour le moment nous en sommes loin, très loin.

La gestion improbable de la crise du Nord

Le déplacement plutôt mouvementé du Premier Ministre à Kidal prouve à suffisance la part d’improvisation, d’attentisme et de bricolage dans l’approche de ce dossier dont nos compatriotes ont fait un point de fixation et un point d’honneur. Disons-le franchement, le Président n’a pas une vision claire ni un programme cohérent assorti d’un chronogramme précis. Il ne maîtrise ni le terrain ni le calendrier. Alors que dans un dossier comme celui-ci qui engage l’existence même du Mali en tant que nation, au regard de intentions indépendantistes des rebelles et de l’attitude souvent ambigüe mais toujours intéressée des autres acteurs du conflit, il importe et urge que le Président de la République réalise autour de lui une  véritable union nationale sacrée pour porter une parole forte du Mali, qu’il abandonne son attitude rancunière, mesquine et méprisante envers son opposition démocratique pour chercher à  jeter avec  ces hommes et ces femmes tout aussi patriotes que lui, les bases de ce que nous pouvons appeler « la feuille de route nationale du Mali  pour la résolution de la crise du nord «  à laquelle chacun se tiendra et en deviendra le messager à travers le monde. Sur ce dossier, le Président doit se garder à l’avenir des réactions impulsives et subjectives, des effets de manche et  de l’incantation car ceux d’en face aidés en cela par leurs mentors ont des plans précis cohérents et structurés de dépeçage à terme de notre pays !

Au regard de tout ce qui précède, où se trouve l’honneur du Mali tant chanté lors de la campagne présidentielle ? Il est et demeure un slogan creux !

Où est le bonheur des Maliens qui reste une aspiration voire un mirage ?

Il est temps qu’IBK descende de son nuage pour s’occuper enfin du MALI !!

Mamadou DABO

 

SOURCE:Zénith Balé

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