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Le griotisme politique : Une nouvelle fonction créée désormais en politique !

Dans l’arène politique au Mali, au début des indépendances, il y avait des griots qui accompagnaient les hommes politiques. Le Président Modibo KEITA avait son griot généalogiste appelé ‘’Fina’’ du nom de Badjigui CAMARA, le Président Moussa TRAORE avait loué les services du grand griot spécialiste du travail du cuir, du nom de garangué Mamou SYLLAH. Quant au Président ATT, il a bénéficié des connaissances du griot autodidacte Lanfia KOUYATE. Ce dernier connait bien l’histoire du Mandé, ses traditions et l’histoire du peuplement de cette zone d’Afrique. Le Président IBK a loué les services de Aliou DIABATE, jeune griot, mais qui a beaucoup appris auprès de son père et de ses oncles depuis Niangassola, Bananicoro (tous en République de Guinée) et Kita auprès de Kélémonzon DIABATE, cet autre grand historien de la société mandingue.

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Le rôle de ces hommes de culture avant l’avènement de la démocratie était plutôt de conseiller le chef, de lui apprendre les bonnes manières dans la société et de donner leurs avis sur des problèmes sociaux auquel est confronté le chef.

De plus en plus, cette fonction est entrain de glisser vers un autre concept, qu’on va appeler ‘’Le Griotisme politique’’. En quoi consiste ce nouveau concept dans notre démocratie ?

La célébration du 8 mars 2017, a été l’occasion inouïe pour la Ministre de la promotion de la femme pour faire beaucoup de louanges à l’endroit du Président IBK, comme s’il avait été le premier à celebrer cet évènement annuel. Le Griotisme l’a emporté sur les aspects essentiels que devait revêtir  cette journée. La Ministre au nom des femmes du Mali, a décerné à IBK une médaille de reconnaissance à l’occasion, au motif qu’il a beaucoup fait pour les femmes. Parmi ces faits, la Ministre évoque la loi sur le quota des femmes sur les listes électorales, le parcours politique jamais égalé du messie IBK et la mise en place d’un fonds d’autonomisation économique des femmes (FAFE). Aux dires de la Ministre, ces fonds ont pu financer 384 petits projets pour les femmes.

Mais elle a oublié de dire que ces  progrès des femmes a connu un recul face aux pressions du Président du Haut Conseil Islamique du Mali, quant à l’élaboration d’une loi contre la violence basée sur le genre, particulièrement l’excision qui n’est d’ailleurs pas une pratique de l’islam, elle date de l’ère pharaonique. Ni les femmes, ni le Président IBK qui pense déjà à sa réélection n’ont daigné lever le petit doigt. L’atteinte à l’intégrité physique de la femme est encore une réalité pour plus de 80% des filles au Mali. Apparemment les femmes reculent devant l’ampleur de cette lutte depuis l’avènement de la démocratie. Dans le bilan relatif aux acquis des femmes, on attribue tout à IBK, alors qu’il a fui la séance de vote sur le code de la famille le 31 juillet 2009, sur le Conseil du Président du HCIM. Ce code était pourtant une avancée notable pour les femmes du Mali. Malheureusement IBK a fui ce combat, et on le qualifie aujourd’hui de messie pour les femmes du Mali ?

Nous qualifions ces fausses louanges de griotisme politique, c’est-à-dire attribuer des actes et des qualités à un homme politique qui ne le mérite pas. C’est ce que la Ministre de la femme a fait le 8 mars 2017. Et quelques jours avant, un autre organe avait décerné à IBK le prix Nelson Mandela pour sa bonne gouvernance. Nous nous demandons, si ce terme a le même sens partout ou si les auteurs ne dorment pas debout. Sinon, le Président sait bien que le pays est divisé en deux états, à savoir le nord et le sud.

Chaque partie à son armée, son drapeau, son administration, sa citoyenneté, deux administrations. IBK en tant que Président de la République ne peut pas se rendre à Kidal, ni aucune autre autorité du pays. Les régions nouvellement créées en 2012, ne sont pas encore opérationnelles excepté Ménaka et Taoudéni, les huit autres du sud réclament en vain l’opérationnalisation de leurs régions. Si IBK était sincère avec lui-même il devait refuser ce prix bien qu’il porte qu’à même le nom d’un grand patriote africain, qui a donné sa vie pour l’égalité des hommes et l’avènement de la démocratie.

Le griot est un historien, un conteur, un chroniqueur. C’est le dépositaire de la mémoire collective d’un peuple, d’une communauté, d’une famille. Ne devient pas griot traditionnel qui veut, mais on nait griot. La transmission du savoir se fait de père en fils et de mère à fille. Mais aujourd’hui les griots d’un nouveau genre se rencontrent dans l’arène politique pour faire l’éloge flatteur des hommes ou des femmes Politiques. La Fontaine n’a-t-il pas dit que tout flatteur dépend de celui qui l’écoute.

IBK ne mérite pas ce prix réellement. En voici un autre fait des griots politiques qui flattent les tenants au pouvoir. A l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Abdoul Karim CAMARA (Cabral), l’ANS-UNEEM a décerné une médaille de reconnaissance au même IBK pour ce qu’il a fait pour la réhabilitation de la qualité de l’éducation au Mali, et particulièrement la rénovation de l’Ecole Normale Supérieure de Bamako (ENSUP) sous le Président Alpha Oumar KONARE. L’ANS-UNEEM est devenue amnésique donc ? Est-elle sûre que cette rénovation est d’IBK ?

Lorsque Cabral mourait, en 1980, IBK n’était pas encore connu au Mali. Malgré cela, il faut lui rendre cette gloire, qu’il ne mérite pas. Là encore le griotisme politique a pris le pas sur la réalité. Un autre acte, qualifié de griotisme politique, est  bien le discours du Maire BALLO de la commune de Kalabancoro. Ce forgeron a chanté pour IBK à l’entame de son allocation de bienvenu lors de la cérémonie d’inauguration de l’Université de Kabala en ces termes : ‘’Ce jour est merveilleux, et Dieu n’en a pas créer pareil’’. Ce refrain de chant pour rappel, a été chanté, par la griotte Toumou Manyan de Sogolon CONDE, la mère de Soundiata lorsque ce dernier resté perclus pendant 15 ans s’est remis sur ses pieds.

Le Maire BALLO a attribué la réalisation de l’Université nouvelle de Kabala au seul Président IBK, alors que ce dernier a attribué la paternité de cette œuvre à l’ancien Président ATT, quelle contradiction dans les faits.

Mais dans le griotisme politique la contradiction dans les faits et gestes est admise. Sinon comment pouvez-vous penser que le Griot patenté Dagamaïassa d’ATT se retrouve à Siby le 19 mars 2017 à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de la Centrale Electrique et du Château d’eau dans cette ville du Mandé, en train de faire les louanges d’IBK, pour une œuvre dont il n’est pas l’auteur. Ces projets ont commencés en 2010 sous la magistrature  d’ATT. Falsifier l’histoire voici donc le vrai rôle d’un griot politique. A l’époque d’ATT, le Maire PARENA de la commune de Sitakilli membre de l’opposition du nom de Alfousseyni SISSOKO avait sollicité ATT pour un troisième mandat, alors que la constitution malienne  limite le nombre  de mandat à deux. Il a été motivé par le fait qu’ATT était à sa troisième visite en six ans dans sa commune.

Mais au moment où le maire tenait ces propos, ATT a fait un geste de la main en signe de désapprobation. Le griotisme politique était passé par là en 2009. Toujours concernant le même ATT, en 2011, après la création du parti politique PDES, soutenant le Président ATT dans ses œuvres, plusieurs responsables maliens de la société civile se sont retrouvés dans le Comité Directeur de cette nouvelle formation au nombre de 112 membres dont au moins huit ministres de la République. Leur premier acte a été d’aller fabriquer une médaille plaquée or pour la décerner au Président ATT pour l’œuvre  de construction national qu’il a fait pour la démocratie malienne et le développement socio-économique du Mali. ATT a poliment esquivé le coup politique, en leur demandant de mettre cette médaille au Musée National.

Où sont-ils tous ces hauts responsables du PDES. Sont-ils encore au Mali ou en dehors du Mali, ou sont-ils  devenus aphones depuis le Coup d’Etat du 22 mars 2012 ?

Voici également un autre fait du griotisme politique qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre culture politique. Le griot traditionnel a un honneur et une dignité qu’il défend contrairement au griot politique qui est un chercheur de postes ou de pitance journalière. Les hommes politiques doivent se méfier des griots politiques qui créent le merveilleux là où il n’y a que des phénomènes habituels. Attention donc aux griots politiques ils nous trainent dans le déshonneur.

Ivette GUINDO

Source: Le Carréfour

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