Une étrange vidéo a circulé dernièrement dans les grins de la capitale et à travers le pays. On y voit des enfants de sept à douze ans, peut-être moins, alignés côte à côte au milieu d’un camp d’entraînement milicien. Originaires de différentes communautés, ils sont habillés comme les terroristes, dont ils s’apprêtent à suivre les traces : fausses armes à feu et cartouchières, gilets de protection en tissus.
L’adulte qui tient la caméra pointe les enfants un par un, pour qu’ils prennent la parole. Chacun récite une sourate du Saint livre, appelant à se battre, à sacrifier ses richesses, ou sa vie, ou les trois. Dans la bouche de ces enfants, la parole sainte n’est ni pensée, ni comprise. Elle est sortie de son contexte et tronquée.
Ils citent le Coran mais assassinent un Imam !
Les groupes terroristes prétendent enseigner le Coran à leurs recrues, mais la parole de Dieu est faussée, détournée, pour servir leurs intérêts. N’ont-ils pas enlevé et sauvagement assassiné l’Imam de Djibo, homme savant, unanimement respecté ? Ne doit-on pas s’attendre à voir la vidéo de sa mort sortir dans quelques jours ou quelques semaines, comme celle de l’ancien maire de la ville de Adiora, Samakatou Ag Youssouf, décapité par ces lâches ?
Pas tous égaux devant la mort
La récitation de ces enfants, l’enregistrement de cette vidéo n’est que la première marche qui va les mener au meurtre de leurs frères et à leur propre mort. Enfin, pour certains d’entre eux, à coup sûr si l’on ne fait rien, pour d’autres peut-être pas. Ces enfants, Arabes, Peuls, Bambara, Touaregs ne seront pas égaux dans le traitement que leur réservent les maîtres qu’ils servent avec aveuglement. Les Arabes sont rarement envoyés à la mort, ce sont les autres qui sacrifient leurs vies. Et pas seulement leurs vies, mais une fois mort, ils laissent sans défense leurs femmes et leurs enfants, quand ils ont le temps d’en avoir. Des enfants que l’on retrouvera, comme sur cette vidéo, récitant des sourates avant de participer à des boucheries qui vident nos communautés de leur sang.
Devenir les esclaves des terroristes qui prennent le contrôle de leurs esprits et de leurs actes, est-ce là le futur des enfants du Mali ?
Idrissa Khalou
Source: Malijet