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Le chef de l’État à l’occasion de la fête de l’Armée : « La peur changera de camp »

Les 59 ans de notre Armée ont été célébrés hier. Dans son traditionnel discours à la nation, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a rappelé que 2019 a été une année éprouvante et sanglante, aussi bien pour les militaires que pour les civils. Si le terrorisme est venu pour semer le chaos chez nous, pour le président Keïta, il est clair que nous ne laisserons pas notre pays devenir un champ de ruines. L’effort pour équiper l’Armée, a-t-il assuré, sera maintenu et poursuivi avec vigueur dans le dessein de reprendre la main dans cette guerre du «juste contre l’injuste». Avec l’accompagnement des forces étrangères (Barkhane et MINUSMA), le président de la République est convaincu que le Mali gagnera cette guerre sanglante. Le texte intégral

 

Officiers, Sous-officiers, Hommes du rang, Soldats des Forces Armées Maliennes,
Soldats de toutes les armes, qui en cette heure, bravez l’insomnie, les rigueurs du climat, et la mort pour que la patrie dorme en paix, en vos rangs, grades et qualités, le chef suprême des Forces armées et la nation malienne entière vous saluent et vous assurent de leur soutien sans faille.
Demain, 20 janvier 2020, c’est encore une Armée en guerre qui célébrera ses 59 ans, 59 ans de la création de l’Armée nationale du Mali sous le leadership éclairé, visionnaire et volontariste du Président Modibo et de ses compagnons illustres dont le valeureux général Abdoulaye Soumaré.
Oui hélas, 2019 aura été une année d’épreuves et de douleurs par le sang versé des nôtres. Dans les rangs de nos civils comme de nos militaires. Dans l’ampleur des attaques comme dans leur amplitude. Au Mali comme au Burkina-Faso et comme au Niger.
Aujourd’hui, il est devenu d’une limpide clarté que le terrorisme est venu pour détruire nos États, semer le chaos dans nos villages, dans nos villes, et répandre la désolation dans chacun de nos foyers. Mais nous ne nous laisserons pas devenir un champ de ruines. Nous refusons de saigner plus longtemps.
C’est pour faire en sorte que nos pays reprennent la main dans cette guerre du juste contre l’injuste, du droit contre l’aventure, du désir de paix contre la logique du chaos, que mes collègues du G5 et moi-même, nous nous sommes rendus à Pau le 13 janvier, à l’invitation du Président français, Emmanuel Macron.
Le sommet de Pau auquel ont également participé les plus hauts responsables des Nations unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’Organisation internationale de la Francophonie aura ainsi été le sommet de la clarification, de la vérité, du réajustement, le tout dans l’intérêt bien compris d’un partenariat stratégique intelligent.
De Pau, nous sommes sortis les rangs plus serrés, chacun plus persuadé que seul un partenariat respectueux et respectable est à même de relever les défis du jour.
Et cela se révélera décisif dans les mois à venir, Pau aura permis d’atteindre un consensus : celui d’agir le plus rapidement possible, le plus massivement possible, dans la plus parfaite des coordinations et avec les moyens adéquats, pour contrer l’avancée du terrorisme, en particulier dans la zone dite des trois frontières que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont en partage.

Mes chers compatriotes, Officiers, Sous officiers, Militaires du rang,
C’est donc rappeler que le Mali ne se bat pas seul, il n’est pas esseulé. D’autres sont avec nous. Ils se battent avec nous. Beaucoup d’entre eux sont tombés pour nous, sur notre sol. Ils sont là pour que les Maliens, nous, soyons libres.
Il s’agit de forces onusiennes dont des soldats africains venant parfois de pays eux-mêmes en guerre. Quelle belle preuve de solidarité ! Il s’agit également des forces françaises, et ce, dans le cadre bien compris du partenariat stratégique qui, seul, permet de vaincre l’obscurantisme et ses doctrinaires assoiffés de sang.
La France est ici à notre appel, ne l’oublions pas. Elle est venue en 2013 quand il fut clair pour les autorités de l’époque, que nos Forces armées ne pouvaient plus à elles seules garantir l’existence du Mali en tant qu’État unitaire, laïc et démocratique. De telles forces, portées par un tel élan de solidarité méritent à tout le moins le respect.
Au demeurant, envers les soldats alliés, je reste convaincu que la gratitude est le sentiment dominant parmi notre peuple qui sait être dans la gratitude. Les porteurs d’insultes et les diseurs d’apocalypse, alliés objectifs de nos ennemis, doivent dès lors cesser de se cacher derrière la nation malienne, ils ne sauraient la représenter, d’aucune façon. Elle, elle ne sait ni mentir ni trahir. Elle est de noblesse avérée et de fierté assumée.
De surcroît, appeler à la haine et au rejet de nos alliés, c’est d’abord, mépriser nos propres soldats, ceux qui déjà ont donné leur sang comme ceux qui continuent de risquer leur vie, parce qu’ils ont mis le Mali au-dessus de tous et de tout.
Les Forces de défense et de sécurité du Mali sauront, aujourd’hui plus qu’hier, resserrer leurs liens avec les soldats de la communauté internationale, leurs frères d’armes. La fraternité d’armes doit signifier aujourd’hui plus qu’hier. Et comme je l’avais dit dans mes vœux de nouvel an à l’Armée, ce sont nos soldats et leur hiérarchie qui doivent, dans une stratégie de communication repensée, être en mesure de témoigner de la loyauté, de la solidarité et de l’utilité des forces alliées.

Officiers, Sous officiers, Militaires du rang, Peuple du Mali,
Que de chemin parcouru depuis le 20 janvier 1961! Que de péripéties et que de leçons à tirer ! De ces leçons, la plus importante est que dans sa géométrie, l’Histoire est essentiellement variable. Elle a ses hauts et ses bas, elle alterne les apogées et les déclins, les performances et les revers. Elle impose à chaque nation son parcours d’obstacles tantôt bien négociés, tantôt moins bien négociés. Ainsi ce pays aura été, il est aujourd’hui moins que ce que nous aurions souhaité qu’il fut.
Nul doute cependant qu’il peut, de nouveau, être à la hauteur des attentes, à la hauteur de l’Histoire. Cette même Histoire qui, heureusement, recèle une constante jamais démentie à travers les âges : c’est que l’effort paye toujours. Mais il s’agit d’effort substantiel, d’effort soutenu, d’effort collectif chacun dans son rôle, chacun avec son apport.
En ce qui me concerne, l’effort pour l’Armée, notre outil de défense, notre socle et instrument de souveraineté sera maintenu et augmenté. C’est pourquoi, dans le cadre de la Loi d’Orientation et Programmation Militaire (LOPM) 2015-2019, l’acquisition du matériel majeur a été poursuivie en 2019, et vous l’avez vu encore il y a quelques jours, quand vous avez vu débarquer de ces gros avions ces blindés venant des Émirats Arabes Unis et les 13 autres également venant de la France, tout comme la réhabilitation et la fortification des camps, ainsi que la rénovation d’autres infrastructures. L’effort de l’équipement, de rénovation sera maintenu et poursuivi avec vigueur.
Les capacités de nos forces se sont accrues par la mise à disposition de véhicules légers de combat, de véhicules blindés de transports de troupes, de camions militaires tactiques, de gilets pare-balles, de casques balistiques, d’hélicoptères de combat neufs ou reconditionnés. La doctrine de l’organisation et de l’emploi des forces se renforce et les conditions de vie et de travail de nos militaires sont en nette amélioration. Avec la formation de plusieurs centaines de soldats des ex mouvements armés ainsi que le retour de soldats anciennement membres de nos Forces armées, la nouvelle Armée malienne reconstituée est en marche. Elle est le reflet de notre diversité dans l’union.

Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang,
Nos Forces de défense et de sécurité payent certes un lourd tribut à l’insécurité. Mais il n’y a aucun doute qu’elles montent en capacité, qu’elles se qualifient : elles savent, de plus en plus se battre; elles font face à l’ennemi. C’est ce qui a permis, pour la seule année 2019, de neutraliser près de deux cent terroristes, d’interpeller des centaines de suspects, de récupérer une quantité impressionnante d’armes et de détruire des équipements et des réserves ennemis. Preuve s’il en est besoin que nos soldats s’habituent de plus en plus à cette guerre asymétrique qui leur est imposée et dont ils maîtriseront de plus en plus l’art. Inch Allah !
Donc la peur peut et changera de camp. La peur changera de camp. Les FAMa, à terme, gagneront cette guerre. Ils gagneront cette guerre injuste et sanglante. Ils la gagneront contre des envahisseurs qui ne peuvent montrer, ni la supériorité de leur morale, ni le bien-fondé de leur doctrine sur notre terre qui est une terre d’érudits, d’exégètes reconnus de par le monde, de saints vénérés, d’imams de renom. Ils gagneront cette guerre, parce que le chef des Armées, votre chef, avance avec vous, parmi vous, et est à votre écoute nuit et jour. Il travaille à la victoire. Il la veut, cette victoire.
Le gouvernement aussi la veut et y consacre des moyens, ceux d’un pays aux ressources limitées, mais d’un pays qui accepte d’allouer le maximum de ses ressources limitées à la qualification de ses troupes et à leur réarmement moral, parce qu’il connaît le prix de la paix et le coût de s’en priver. Nous vaincrons. C’est ce que nous voulons tous. C’est ce que veut en particulier le Dialogue national inclusif que le pays vient fièrement de mener à bon port et qui aura été un véritable plébiscite pour les Forces armées maliennes.

Officiers, Sous officiers, Militaires du rang,
J’ai foi en vos capacités. J’ai foi en votre mission. J’ai foi en votre abnégation. Personne mieux que vous n’aime le Mali. Personne ne peut vous donner de leçon de patriotisme. Il est de mon devoir cependant d’attirer votre attention sur la nécessité impérieuse de respecter la Constitution, en toutes circonstances, y compris dans le feu du combat. Un soldat de la République est bridé par la Constitution, il ne peut, hélas, recourir aux moyens lâches ou illégaux que les autres en face utilisent. Il est droit dans ses bottes, la tête haute, la tête toujours haute.
Soldats, le chef des armées que je suis vous ordonne d’avoir la confiance des populations, d’être en phase avec les populations, d’être à équidistance des communautés que vous avez mission de protéger et d’aider. Vous savez le faire, car vous avez du cœur. Vous faites des dons en vivres. Vous sécurisez les déplacés. Vous initiez des projets à impact rapide. Vous veillez sur les populations dans les champs et dans les pâturages. Alors, c’est votre honneur que l’Armée ne soit pas convaincue ou accusée de violations de droits humains. Je serai intraitable sur la question, pour ma part.
Je ne saurais prendre congé de vous, militaires de toutes les armes, sans vous assurer de nouveau que les orphelins de cette guerre ont, désormais, un père qui s’appelle «République du Mali éternellement reconnaissante». Les pupilles de la nation vont aussi grandir. Ces enfants seront suivis et accompagnés, parce que fils de héros que nous ne cesserons jamais de pleurer et devant la mémoire desquels je m’incline de nouveau. La République sera là pour les veuves également. Mais elle sera surtout là pour que de moins en moins de soldats tombent dans cette guerre et pour que chaque coup porté à l’ennemi lui soit fatal et qu’il rapproche notre pays commun de la victoire que je sais inéluctable et proche. Je le sais, parce que personne ne peut impunément faire saigner le Mali.
Bon anniversaire !
Que Dieu bénisse
le Mali !

Source : L’Essor

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