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La sage prudence des chefs d’AQMI

Les chefs terroristes d’AQMI effectuent régulièrement des purges au sein-même de leurs propres combattants. Le Mali connait depuis 2012 son lot de terroristes qui sont en même temps extrêmement prudents et qui lorsqu’ils se rendent comptent qu’ils ont été trahis, mettent en scène, à grand renfort de propagande, des exécutions capitales parmi leurs effectifs. Ces agissements qui ne datent pas d’hier, sont de plus en plus fréquents au sein d’Al Qaïda et de ses résurgences, et pourraient révéler une prise de conscience de la présence d’individus infiltrés en leur sein en même temps qu’une grave crise au sein de la nébuleuse djihadiste.

 

En Somalie, en un an, ce sont plus de 20 individus qui ont été lapidés, égorgés, ou passés par les armes en public au motif qu’ils avaient trahi les leurs. La fondation Jamestown y voit une poussée de prudence parmi les Shebab, ces terroristes qui se disent dans la logique d’AQMI. Elle y voit aussi une réaction aux défections de leurs propres combattants et une tentative de repositionnement face à la rivalité accrue de leur ennemi le groupe Etat Islamique.

Mais la pratique n’est pas nouvelle au sein d’AQMI :

Souvenons-nous qu’après 2004, Abou Moussab Al Zarqaoui avait fait preuve d’une vigilance extrême, suite à l’infiltration de son propre réseau par des informateurs. Plus tard, c’était Oussama Ben Laden qui poussait à l’extrême le mystère autour de sa personne, persuadé à raison que le principal risque, pour lui, venait de son propre entourage combattant.

Le Mali aussi a connu son lot de terroristes à la sage prudence : Mokhtar Belmokhtar faisait immédiatement éliminer ceux sur qui le moindre doute pouvait se porter, Abou Zeïd craignait, plus que tout, les trahisons internes, ce qui ne l’a pas empêché de finir sous les bombes Françaises.

Plus récemment, malgré ses précautions extrêmes et ses alliances locales avec différents groupes et tribus, Yahia Abou El Hammam tombait lui-aussi parce que ses appuis locaux lui avaient fait défaut.

Aujourd’hui, c’est la région de Tombouctou qui est touchée à son tour par une crise de fébrilité du terroriste Talha Al Libi, tandis que l’entourage de ce dernier lui fait payer ses prétentions déçues à la succession de Yahia. Lorsque l’on perd confiance en ses propres hommes, lorsque même le plus proche de ses lieutenants peut être un infiltré, alors le doute s’installe et les purges internes commencent, elles sont souvent la réaction des terroristes dès qu’ils se sentent menacés. Lorsque c’est toute une population qui entre en résistance, comme c’est le cas actuellement vis-à-vis de Talha Al Libi, alors c’est le signe que le système s’est effondré et qu’il n’y a plus rien à y faire.

Que les chefs terroristes assoient leur présence dans une zone sur la terreur, sur les arrangements communautaires, ou encore sur des promesses qui ne seront jamais tenues, il vient toujours un moment où ce système se fragilise puis se fracture. Cela se vérifie depuis les années 2000, de l’Irak à la Somalie, de l’Afghanistan à la Péninsule Arabique, et encore aujourd’hui dans la région de Tombouctou au Mali.

Paul-Louis Koné

Malijet

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