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La mort du Train N°22 Kita-Bamako-Kita

Chaque matin, quand il sifflait à 5h, ma ville se réveillait. Les femmes comprenaient que c’était l’heure pour préparer le petit-déjeuner. Les élèves en classes d’examen prenaient leurs cahiers pour une dernière révision, les cultivateurs, ouvriers, éleveurs, les vendeurs de beignets, les sportifs tous se levaient. Kita «trainni» était notre ami, notre muezzin.

train rail transrail

De Kita à Bamako, il prenait à peu près 5 mn dans les gares au nombre de 7: Badinko- Sebekoro-Kassaro- Nafadji-Neguela-Dio-Kati. Entre chacune de ces gares, il y avait au moins 3 villages qu’on appelait ALTOU (haltes) où Marimba Soucko, son nom prenait au moins une minute. À chaque arrêt, on entendait «N’ Gôyô be yan deh, charbon filè deh, Diouka, Tomati, Tika, Nônô kènè, Fènè, Guéssé, Kangaliba, Bembé, Froufrou, Zaban,  Frontôbani, Chį, Dji…». Bref, tout ce que vous pouvez imaginer était vendu au passage de ce train acheté et acheminé souvent jusqu’en Europe.

Ce train-là, faisait vivre des millions de Maliens, donnait une chance aux enfants des villages où il n’y avait pas d’école d’être instruits, permettait aux femmes de s’épanouir économiquement, aux jeunes de rester dans des villages. Ce train-là faisait du bien au Mali. Le Kita train mettait souvent 6 heures pour relier Kita-Bamako distant seulement de 186 km, car il avait plusieurs autres missions non moins importantes à assurer. Il a tissé des liens d’amitié et de mariage entre des villes et villages. Il était courageux, patient, costaud, souriant,  dynamique. Il était FORT.

La nuit, son retour de Bamako vers 21 heures signifiait aux enfants, que nous étions, qu’il était l’heure d’aller se coucher, aux chefs de familles qu’il fallait quitter “le GRIN” car à l’époque, on se couchait tôt. Kita «Trainni», avec sa mort, ce sont des villages entiers qui ont disparu ; ce sont des filles de mon cercle qui n’ont plus de sources de revenus, qui sont devenues prostituées, ce sont des bras valides de ma ville qui l’ont désertée, c’est notre ville qui est «morte». Des villages comme DIALAYA- TOUMOUMBA-Dialakoni-Sangarebougou-Bangassibougou-Kouleko-Djinni, etc. te pleurent. SVP, rendez-nous notre train «Marimba Soucko».

BRINGBACK OUR KITATRAIN

PS: Une publication du 18 juin 2016 que je n’ai pu m’empêcher de réchauffer

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