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La malienne tuée en France avait quitté son mari pour aller vivre en concubinage avec un autre homme[Djeneba Bamia]

Le choc est immense depuis l’annonce du drame familial qui s’est noué vendredi 3 mars dans une petite ferme de Gorses située dans le nord du Lot. Une maman de trois jeunes enfants, Djeneba Bamia, 37 ans, a été abattue en allant travailler sur l’exploitation où habitait son mari, Jean-Paul Gouzou, 66 ans, dont elle était séparée depuis près d’un an. Jean-Paul Gouzou djeneba bamia bazin 

 «À 9 h 20, il a appelé les gendarmes en indiquant qu’il avait tué sa femme» a expliqué, à Cahors, le procureur de la République, Nicolas Septe accompagné par le capitaine Bourgeois, commandant de la compagnie de gendarmerie de Figeac, qui ont tenu à faire le point sur cette terrible affaire.

À l’arrivée des gendarmes de Saint-Céré sur les lieux du drame vendredi, le mari était toujours présent et n’a opposé aucune résistance à son arrestation. «Nous en sommes aux premières heures de sa garde à vue. Elle a été prolongée» a précisé samedi matin le procureur, avant d’évoquer plus précisément le déroulement du drame. «Ce vendredi, M. Gouzou se lève, approvisionne son arme de chasse à trois coups et attend son épouse qui doit venir travailler. À son arrivée, elle n’a pas le temps de descendre de voiture». La jeune femme qui venait de déposer ses enfants à la crèche et à l’école est alors froidement exécutée par son mari qui tire trois coups de fusils, à 15 mètres, 5 mètres puis à bout portant, après avoir fait le tour du véhicule. L’arme sera retrouvée par les gendarmes dans la cuisine de l’habitation.Jean-Paul Gouzou djeneba bamia

 

Les amis sous le choc, les enfants en famille d’accueil

Face à cette tragédie, nombre des amis de Djeneba ont décidé de faire bloc autour de son nouveau compagnon et des trois enfants du couple séparé, commentaient qu’ils « pressentaient » cette fin tragique. C’est à ces proches, ces fidèles, que Djeneba s’était confiée il y a deux ans. « Elle a subi des violences conjugales. Des courriers ont été adressés pour alerter sur sa situation aux différentes autorités. Il y a même eu une ordonnance de protection mise en place, interdisant à son mari le port d’armes. Cela ne l’empêchait pas de prendre son fusil pour aller à la chasse ». Aujourd’hui, ils ont le sentiment qu’elle a été abandonnée par ceux qui auraient dû la protéger.

À 37 ans, cette femme belle et chaleureuse que ses amis décrivent comme courageuse et volontaire, laisse donc trois enfants âgés de 2, 4 et 5 ans. D’origine malienne, elle avait rencontré son époux en Afrique où elle était vétérinaire. « Elle l’avait rejoint dans le Lot en 2008 et au début tout allait bien. Ils s’aimaient malgré une importante différence d’âge », se souvient l’entourage. C’est dans ce contexte compliqué, sur fonds d’exploitation agricole où réside l’ancien époux et où la victime venait travailler chaque jour, liés tous deux par un bail fermier, que le malheur a frappé.

Dans l’après-midi du drame, une dizaine de familles ont décidé de placer les enfants du couple sous leur protection. « Nous sommes allés les chercher à la crèche et à l’école. Ils sont entourés d’affection, avec des visages qu’ils connaissent, des gens qui les ont vus naître et qui les aiment, dans leur maison familiale à Latronquière, avec leur beau-père. Nous savons qu’il n’a aucun droit légal sur eux, mais nous refusons que la gendarmerie vienne les chercher pour les placer auprès des services de la protection de l’enfance du Département. C’est trop tôt, on vient de leur expliquer que leur maman ne reviendrait pas », s’inquiétaient-ils, demandant : « Ne prenez pas les enfants dans la violence, ne les arrachez pas à leur maison, à leur beau-père. Ils ne sont plus en danger, il n’y a pas d’urgence à les placer, que l’administration prenne son temps de faire les choses ».

Les enfants placés en famille d’accueil du côté de Cahors.

Les trois jeunes enfants ont été gardés le week-end par ces proches de leur maman décédée qui résidait avec son nouveau compagnon à Latronquière. Les services de la protection de l’enfance du Lot ont pris en charge leur placement en famille d’accueil.

En effet, 3 jours après le drame, le lundi en début d’après-midi, le compagnon de Djeneba et Magali, l’une des plus proches amies de la victime, ont été reçus au Conseil départemental du Lot, à Cahors. «Willy Luis, directeur général, nous a accueillis, pour nous expliquer comment allait se dérouler la procédure. Magali a été nommée personne ressource auprès des trois enfants de Djeneba, pour 3 à 4 semaines. Elle pourra venir les chercher le mercredi et tous les week-ends, les héberger et veiller sur eux ; le temps nécessaire au juge des affaires familiales pour étudier et traiter le dossier. Le reste de la semaine, ils seront en famille d’accueil et ne seront pas scolarisés dans l’immédiat», nous expliquait son compagnon, qui légalement n’a pour l’instant aucun droit sur eux. «Je souhaite que cette famille s’occupe bien d’eux. Ils accueillent déjà d’autres enfants», nous confiait-il.

À 15 h 40, tous ensemble, ils s’avançaient vers le domicile de la famille d’accueil pour confier les trois petits âgés de 2 à 6 ans. «J’espère que c’est le moins mauvais qui puisse leur arriver», lâchait leur beau-père, après avoir passé tout le week-end avec eux : «C’est leur famille de cœur qui les conduit dans leur famille d’accueil» disait-il, soulagé de ne pas savoir la fratrie éclatée.

Pour ces trois petits, cette tempête qui s’est abattue sur Le Theil, a emporté leur maman, éloigné leur papa aussi, et bouleversé leur vie à jamais.

Un « projet de voyage au Mali » de Djebena, le mobile du meurtre selon le parquet

Pour le procureur de la République, l’assassinat, c’est-à-dire le meurtre avec préméditation, ne semble faire aucun doute dans ce dossier. «Les constatations faites sur place confirment les déclarations de M.Gouzou. Il reconnaît son geste qu’il préparait au moins depuis le jeudi» a indiqué Nicolas Septe qui est revenu sur la situation du couple en instance de divorce. Mariés depuis 2008, les époux Gouzou avaient entamé une procédure de divorce en 2016.Une ordonnance de protection avait été demandée par Mme Gouzou qui avait dénoncé des violences conjugales. Mais toujours selon le procureur, aucune demande de protection n’avait été renouvelée depuis par la victime. Djebena Bamia, d’origine malienne, avait fait part de son souhait de faire un séjour avec ses trois enfants au Mali, ce qui pourrait être le mobile du crime selon le parquet. «C’est ce qui ressort a priori des premières auditions. Le mari avait demandé une interdiction de sortie du territoire des enfants, ce que le juge aux affaires familiales ne lui a pas accordé. C’est sans doute ce projet de voyage qui a été le déclencheur».

Le mari assassin, Jean-Paul Gouzou, mis en examen et incarcéré pour meurtre

Arrêté vendredi matin dans sa ferme de Gorses située dans le nord du Lot, Jean-Paul Gouzou, 66 ans, a immédiatement reconnu aux gendarmes avoir tué sa femme, Djeneba Bamia, dont il était séparé depuis un an. Jean-Paul Gouzou a réitéré ses aveux lors de sa garde à vue prolongée jusqu’à dimanche matin. Il a ensuite été transféré au pôle de l’instruction d’Agen où il a été mis en examen pour assassinat puis placé en détention provisoire à la maison d’arrêt d’Agen.

Funérailles de Djeneba au Mali

Les obsèques de Djeneba Bamia devraient être célébrées dans son pays d’origine le Mali. Elle devait y retourner pour voir sa famille, leur présenter ses trois enfants et son ami. Leur départ pour ce voyage était prévu le 7 mars 2017, sous 5 jours avant leur départ.

Source : La Dépêche

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