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La France au Mali, chronique d’un retrait annoncé

Pour Paris, les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre son action militaire au Mali. Le quotidien espagnol El Mundo rappelle les débuts de cette mission mise en place en 2013 à la demande du pouvoir malien. Aujourd’hui, avec la junte militaire au pouvoir à Bamako, ce sont les mercenaires russes du groupe Wagner qui occupent le terrain.

 

Le Sahel, et plus particulièrement le Mali, sont bien partis pour devenir l’Afghanistan de la France. La rupture entre Paris et Bamako, marquée par l’expulsion de l’ambassadeur français [le 31 janvier], a amené l’Élysée à repenser son engagement contre le djihadisme. Depuis qu’en mai 2021, une junte militaire a pris le pouvoir à Bamako, Paris est tombé en disgrâce et perd de l’influence. En revanche, la Russie prend position, à travers ses mercenaires du groupe Wagner, et l’irruption de ce “nouvel” acteur sur l’échiquier sahélien complique les équilibres politiques.

Invectives réciproques

“La situation ne peut plus durer”, fait valoir le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur le plateau de France 2. “La rupture” imposée par la junte malienne “nous amène à nous poser des questions sur notre posture” au Mali, admet le ministre.

Les militaires au pouvoir à Bamako justifient l’expulsion de l’ambassadeur Joël Meyer par les déclarations “hostiles” du gouvernement français. Ce dernier n’a pas entretenu de bonnes relations avec la junte, laquelle, dans un premier temps, n’a pas apprécié l’annonce en juillet du président Emmanuel Macron selon laquelle il allait réduire ses troupes. Ensuite de quoi la France a mal réagi à la décision des putschistes de rester au pouvoir pendant au moins cinq ans et de ne pas lancer immédiatement la transition promise vers un gouvernement civil. Puis, enfin, Le Drian a qualifié la junte d’“illégitime”.

Les militaires dirigés par le colonel Assimi Goïta ont étendu leur hostilité à d’autres pays européens, exigeant notamment le départ du contingent envoyé par le Danemark, qui, le 27 janvier dernier, annonçait le retrait de ses troupes, suivi en cela par la Suède. Par ailleurs, le nouveau gouvernement malien a étrillé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont le représentant à Bamako a été expulsé après que cet organisme régional a imposé des sanctions économiques et diplomatiques au pouvoir militaire, lui reprochant d’avoir ajourné les élections. De plus en plus isolée, la junte s’entête et affirme qu’elle n’exclut “rien” quant aux relations avec la France, sur fond de mécontentement populaire grandissant contre l’ancienne métropole.

En outre, le contexte sahélien est de plus en plus hostile, après que le Burkina Faso a subi un coup d’État, motivé précisément par la montée de la violence extrémiste. En avril 2021, un gouvernement militaire a pris le pouvoir [au Tchad], après la mort au combat du président Idriss Déby. Le Mali lui-même a vécu deux coups d’État en moins d’un an : le premier en mai 2020, le second au mois d’août. Dans cette zone, l’une des plus pauvres de la planète, plusieurs facteurs d’instabilité se conjuguent, depuis le changement climatique jusqu’aux trafics illicites. Sans compter que la violence des groupes armés est en hausse. Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), un groupe de réflexion américain, les actes terroristes des djihadistes au Sahel ont augmenté de 70 % en 2021.

Le dos au mur

La France — et l’Union européenne dans son ensemble — a le dos au mur au Mali

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Rosa Meneses

Source : Courrier international
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