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La Cedeao veut contraindre Yahya Jammeh au départ

L’étau se resserre autour de Yahya Jammeh après sa volte-face sur les résultats de la présidentielle. L’organisation ouest-africaine est bien décidée à mener sa mission jusqu’au bout.

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L’espoir suscité par une transition démocratique n’aura pas duré bien longtemps en Gambie. Huit jours après avoir reconnu sa défaite à l’élection présidentielle et félicité son rival, Adama Barrow, Yahya Jammeh, 22 ans au pouvoir, conteste les résultats. Il accuse la Commission électorale d’avoir truqué le scrutin. Une fois de plus, la volte-face du président sortant ne rassure pas ses voisins. À commencer par le Sénégal, appuyé par l’Union africaine et la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. Au lendemain de ses déclarations fracassantes, une mission de chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est constituée. Objectif : obtenir le départ immédiat de Yahya Jammeh. Comment et pourquoi ce qui devait être une célébration du peuple gambien est-il en train de se transformer en bras de fer entre Jammeh et la communauté ouest-africaine ?

La Cedeao en première ligne

Cette délégation veut rencontrer Yahya Jammeh pour « lui demander de quitter le pouvoir », a précisé une source au ministère sénégalais des Affaires étrangères. Emmenée par la chef d’État libérienne Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cedeao, elle comprendra ses homologues nigérian Muhammadu Buhari, sierra-léonais Ernest Bai Koroma et ghanéen John Dramani Mahama, selon la même source. Le représentant spécial de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, doit aussi y participer.

Dans sa déclaration vendredi, Jammeh a assuré que « l’intervention de puissances étrangères ne changerait rien », prévenant qu’il ne tolérerait aucune protestation dans les rues. « Tout comme j’ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité », a-t-il affirmé, dénonçant des « erreurs inacceptables » commises par les autorités électorales, citant notamment une révision des résultats réduisant l’écart entre Adama Barrow et lui à quelque 19 000 voix seulement. Mais le président de la Commission électorale, Alieu Momar Njie, a assuré de la bonne foi de son institution. « Nous ne dissimulions aucune erreur », a-t-il dit à l’AFP au sujet de la rectification effectuée le 5 décembre, réaffirmant que ces résultats révisés avaient été acceptés par toutes les parties concernées.

Sur le plan international, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Samantha Power, a souligné l’appel unanime de la communauté internationale pour que M. Jammeh cède le pouvoir. « Tout le monde a le même message et il est clair, a-t-elle déclaré à la presse. Vous avez perdu l’élection […] et vous devez transmettre pacifiquement le pouvoir à votre successeur librement élu. » Jammeh, a-t-elle souligné, « a la possibilité de transmettre un héritage très différent pour la Gambie et je suis sûre que c’est le message que la délégation [africaine] s’efforcera de faire passer demain ».

Possibilité d’une intervention militaire, une annonce précipitée ?

En cas d’échec de cette « diplomatie préventive », la Cedeao « envisagera des décisions plus draconiennes », a fait savoir le président de la Commission de l’organisation régionale, Marcel Alain de Souza, dans une interview à la radio française RFI, sans écarter l’option militaire. Pour clarifier ses propos, Marcel de Souza a déclaré que « cela relève de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, qui va se réunir à Abuja le 17 décembre. Tout ceci sera analysé et les décisions seront prises au moment opportun » a-t-il précisé, avant de rappeler que, par le passé, la Cedeao avait déjà envoyé des soldats dans des pays, notamment au Mali et en Guinée-Bissau.

Des questions sans réponses

Pourquoi de telles déclarations alors que la passation des pouvoirs entre les deux hommes n’est prévue que dans un mois et que la délégation ouest-africaine débute tout juste sa prise de contact, s’interrogent de nombreux Africains. Pour certains, Yahya Jammeh n’aurait pas accepté les déclarations du nouvel homme fort de la Gambie Adama Barrow sur la possibilité de poursuites à l’encontre de l’ancien président par la justice de son pays et aussi devant la Cour pénale internationale. N’aurait-il pas reçu assez d’assurance du nouveau pouvoir ? Yahya Jammeh voulait-il gagner du temps pour mettre sa famille à l’abri ? Nul ne sait exactement comment on en est arrivé là. Une chose est sûre, la situation n’est pas pour rassurer les Gambiens qui, pour l’instant, sont restés calmes et n’ont pas manifesté depuis la dernière déclaration de Yahya Jammeh.

PAR JOSÉPHINE JOHNSON
Publié le 13/12/2016 à 13:20 | Le Point Afrique
La rédaction

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