La guerre de Kidal aura-t-elle lieu ? Cette interrogation faisait suite à la déclaration, à l’époque, du premier secrétaire parlementaire du Conseil national de la transition (CNT) malien, Amadou Albert Maïga. L’un des responsables de l’organe législatif de la transition malienne justifiait ses propos par la fusion des mouvements chapeautés par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui avaient mis en avant l’inefficacité de l’Accord de paix de 2015.
« Nous allons marcher, s’il le faut, sur ces groupes armés rebelles. (…) Nous avons aujourd’hui une armée équipée et puissante qui peut frapper à la vitesse de la lumière (…) Nous allons faire cette guerre pour libérer notre pays du joug du colonialisme, du terrorisme et de la rébellion.»
L’heure semble avoir sonné pour cette reconquête annoncée pour un proche de la junte militaire au pouvoir qui a, visiblement, préparé son offensive et planifié sa marche sur Kidal. Certes, cette région hautement aurifère du nord Mali n’a pas été désignée officiellement, en tout cas pas pour l’instant, comme la cible à atteindre par la colonne interminable de centaines de véhicules qui serpente actuellement dans le désert malien, en direction du Nord.
Alors que les éléments des Forces armées maliennes (FAMa) lourdement équipés, sont en mouvement en direction de Kidal, la guerre de la communication, notamment des fake news est intense sur les réseaux sociaux. Des images sorties de leur contexte, et surtout de leur temps, pullulent et polluent l’internet. Qu’elles soient publiées par ou pour l’armée malienne ou diffusées par ou pour les Touaregs de l’Azawad, ces vidéos et photos partagées sans retenue et sans limite, sont loin de refléter la réalité sur le terrain. Toutefois, leurs publications à la chaîne, démontrent à souhait la détermination des uns à reconquérir Kidal et des autres à continuer à en demeurer les maîtres incontestés.
C’est ainsi qu’une vidéo tournée en 2020, lors du retour de l’armée en accord avec les anciens rebelles, à Kidal, fait même croire que la ville qui était considérée comme l’épicentre du terrorisme dans le Sahel est déjà repassée aux mains des FAMa. Il faut le reconnaître, cette région de Kidal au sous-sol gorgé d’or et avec sa frontière avec l’Algérie, pays accusé d’offrir gîte à des terroristes qui font allègrement des incursions au Mali, est d’un enjeu vital pour le pays du président par intérim, le colonel Assimi Goïta. C’est plus qu’une évidence, Bamako n’aura le sommeil tranquille que si Kidal est de retour dans le giron de l’administration.
Le Point