Le crash d’un hélicoptère allemand, mercredi dernier, a révélé l’implication active dans les combats, au Nord, aux côtés de la CMA, de la Mission de l’ONU et de la Force Barkhane, qui réussit sa seule victoire militaire. Après avoir défait les FAMA à Kidal, en mai 2014, le cap est résolument mis sur la neutralisation du GATIA pour le sacre de la CMA.
Un hélicoptère de la Mission de l’ONU au Mali s’est écrasé, le mercredi 26 juillet dernier, près de Tabankort. Des versions divergentes, après un moment de silence, affluent.
La panique
Selon le chef des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre LACROIX, « l’hélicoptère en question était en train de conduire des activités de surveillance dans la région, suite à de violents affrontements entre les groupes armés signataires ». Après une période de flottement, la MINUSMA annonce : «avec consternation la survenue d’un crash d’hélicoptère de la mission onusienne (…) au sud de Tabankort dans la région de Gao». «Les indications préliminaires font état d’une défaillance technique. Les enquêtes détermineront les circonstances exactes du crash», ajoute la Minusma.
La ministre allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen, lors d’une courte déclaration prononcée, mercredi, dans la soirée à Berlin, indiquait : «nous avons la triste certitude que deux soldats de la Bundeswehr (armée allemande, ndlr) ont donné leur vie pour notre pays».
Selon le vice-amiral Joachim Georg Rühle, adjoint du chef d’état-major de la Bundeswehr, l’accident s’est produit vers 12 h 20 GMT, «à environ 70 km au nord de Gao».
L’équipage n’a lancé «aucun appel de détresse», selon M. Rühle, qui s’exprimait aux côtés de Mme Von der Leyen.
«On ignore totalement» la cause de l’accident, mais «aucun indice» n’indique pour l’instant une «intervention extérieure», selon lui.
À New York, au siège de l’ONU, un porte-parole a expliqué que l’hélicoptère «surveillait des affrontements au sol».
Faits troublants
Après la lecture de ces différentes déclarations, il est troublant de constater qu’il n’y a que la MINUSMA qui est basée au Mali qui oublie de mentionner dans son communiqué que l’hélicoptère effectuait une mission de surveillance des combats au sol.
De même, il est troublant qu’aucun appel de détresse ne provienne d’un appareil victime de défaillances techniques. C’est un réflexe face à un péril imminent. Ce qui fait dire que cet appareil a été considéré comme ennemi et pris pour cible et abattu. Ce qui remet en cause la neutralité de la Mission onusienne qui a toujours été prise à défaut.
La preuve de cette partialité ressort dans la déclaration Fahad Ag Al Mahmoud, secrétaire général du GATIA, suite aux violents affrontements qui ont éclaté jeudi 6 juillet, près de Kidal, entre des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA). À la question du confrère ‘’Journal du Mali’’ : pourquoi la CMA et le GATIA se sont-ils encore affrontés alors qu’à Bamako les différentes parties travaillent ensemble à la préparation du retour de l’armée et de l’administration à Kidal, il répond : ‘’la CMA devrait répondre à cette question puisque c’est elle qui a attaqué nos positions à 80 km de Kidal alors que nous avons des positions à 15 ou 20 km de la ville. La position qu’ils ont attaquée a été presque entièrement désarmée, quelques jours avant, par Barkhane. Ils ont saisi les armes lourdes et ils nous ont dit que la CMA n’allait pas nous attaquer. Le jeudi, la CMA a quitté Kidal devant Barkhane et ils sont venus nous attaquer’’.
Ni Barkhane ni la MINUSMA n’a démenti cette affirmation du secrétaire général du GATIA. Ainsi, on désarme une partie et on ouvre la voie à l’autre. Ce qui lui donne raison.
Ce, d’autant plus qu’après les affrontements du 6 juillet dernier la CMA a déclaré : ‘’la coordination des mouvements de l’Azawad informe la médiation internationale, le gouvernement du Mali, l’opinion nationale et internationale, d’une attaque menée tôt ce matin du 06 juillet 2017 contre une de ses positions basées à une dizaine de Kilomètres à l’ouest d’Intachdayt, par une colonne du Gatia venue d’Anefif sous la conduite d’un certain Akhmadou Ag Asriw’’.
Curieusement après les affrontements du 26 juillet, elle a observé un silence bruyant. La violation unilatérale du cessez-le-feu était si flagrante qu’elle n’avait rien à dire.
Partialité historique
Pour rappel, le 17 août 2015, les combats reprennent à Anéfis, avec bien plus d’intensité. Après plusieurs heures d’affrontements, la ville, tenue par les forces de la CMA, passe aux mains du GATIA. Dans la soirée, la MINUSMA annonce la mise en place d’une zone de sécurité’’ à Kidal et ses environs. Les Casques bleus se déploient le lendemain dans un rayon de 20 kilomètres autour de la ville. La MINUSMA avertit les troupes de la Plateforme et affirme que si celles-ci faisaient mouvement dans cette zone, elle ‘’agira en conséquence conformément à son mandat’’. De leur côté, les groupes loyalistes hissent le drapeau malien à Anéfis.
Le 6 septembre, la Plateforme annonce enfin qu’elle commence le retrait de ses troupes. Le matin du 18 septembre, la CMA réoccupe Anéfis, ce qui est dénoncé par le gouvernement malien, qui estime que seuls les Casques bleus auraient dû prendre position dans la ville, ainsi par la MINUSMA, qui cependant n’intervient pas contre la CMA.
Le 24 janvier 2015, la Mission Multidimensionnelle Intégrée pour la Stabilisation du Mali (Minusma) signait un accord secret intitulé ‘’accord pour l’établissement d’une zone temporaire de sécurité’’ avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), un accord instaurant une zone de sécurité sur l’axe d’Anefis-Almoustarat de 10 km de chaque côté.
À Ménaka, la neutralité de la MINUSMA a également été remise en cause quand elle a sorti de nulle part un prétendu accord en vertu duquel la ville devrait être occupée par la CMA.
La partialité à visage découvert de Barkhane et de sa filiale de MINUSMA n’a qu’un seul but : empêcher par tous les moyens l’État de mettre pied à Kidal, conformément aux desiderata de la CMA. La Coordination des mouvements armés ne veut ni du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) ni du Gouverneur à Kidal. Alors elle multiplie les incidents pour renvoyer aux calendes grecques ce déploiement. Elle l’a d’ailleurs dit ne pas vouloir des 200 éléments du GATIA devant prendre part aux patrouilles mixtes à Kidal. Une entrave au processus de paix qui se passe sous le regard bienveillant de la MINUSMA et de Barkhane qui ne tolèrent aucun écart de la part du Gouvernement ou de la Plateforme.
Et dire qu’un accord nous a été imposé comme une camisole de force. Allez-y comprendre.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin