En nous donnant rendez-vous, ce dimanche matin, nous étions loin d’imaginer que 10h30 mn le trouverait, encore, au lit. Mais à cette heure, il dormait toujours. A sa porte, déjà, nous sommes accueillis par le bruit de ses ronflements. On pouvait les entendre à cent mètres à la ronde. Pour l’avertir de notre arrivée, nous lui envoyons une de ses nombreuses « bonnes » pour l’avertir de notre présence.
Quelques minutes après, il nous accueille dans sa chambre. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il parle de tout, y compris son « ex-futur » ami, le président de la Transition, dont il vante le courage face aux sanctions « illégitimes et illégales » de la CEDEAO et de l’UEMOA. Entretien.
Donc, cette fois-ci, l’interview se fera ici, dans votre chambre à coucher ?
Que voulez-vous, Le Mollah, je ne me suis pas encore réveillé. Je me suis couché vers 4h30 du matin. J’ai passé toute la nuit en réunion avec mes partisans. Même si, certains pensent encore que je suis, politiquement, fini. Ce qu’ils ignorent, c’est que j’ai encore des ressorts sur lesquels je peux rebondir. Et ça, tout le monde doit se le tenir pour dit. Comme je l’ai, maintes fois, démontré je suis imprévisible.
Et votre « ex-futur » ami ?
De qui parlez-vous ?
De celui que vous avez surnommé « l’imperturbable Assimi Goïta ».
Même si cela peut choquer certains, ceci reste vrai. Regardez vous même, le Mali n’aurait jamais attiré la sympathie du monde entier que sous son leadership. Considérée comme la cinquième force militaire du monde, la France a perdu son latin. Le président de la Transition a échappé à plusieurs tentatives de putsch pour se débarrasser de lui. Echec et Mat. La France a même fait appel à l’aide de plusieurs présidents africains pour le renverser. Sans succès. De guerre lasse, la France a fini par solliciter l’aide des présidents des pays voisins du Mali pour coincer le colonel Assimi Goïta. Sans résultat. Il est resté « imperturbable ».
Et sur le plan politique, aussi !
Ah j’ai failli l’oublier. Celui que vous appelez « Jean-Yves Le Truand » dans votre journal, le ministre français des Affaires Etrangères a, tellement, réfléchi au « cas Assimi Goïta » qu’il a perdu, presque, tous ses cheveux. Rien à faire.
Donc, pour vous, le président de la Transition est devenu une source d’inspiration pour beaucoup de pays et de militaires africains ?
C’est très juste. C’est pour cela que je dis, même si on n’aime pas le lièvre, on doit reconnaître qu’il a de grandes oreilles. Certes, il ne m’a toujours pas reçu en audience pour que nous puissions discuter en tête à tête au Palais. Mais, il reste pour moi le seul homme capable de remettre les Maliens au travail. Et le Mali, sur les rails du développement.
Avez-vous un message personnel pour lui ?
Bien sûr ! mon frère, Assimi Goïta, c’est vrai que j’ai dit beaucoup de mauvaises choses sur toi, après que tu aies refusé de me recevoir. Mais, je reste disponible pour t’apporter mon aide, si minime soit-elle.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Canard déchaîné