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Interview (presque) imaginaire : IBK : «désormais, c’est tolérance zéro pour les bouffecrates de la rue publique !»

Assis, seul, au milieu de son salon décoré à l’italienne, IBK paraît soucieux. Personne à ses côtés. Même pas un simple domestique pour lui servir un café. Ou un bon thé à la menthe. Personne. La solitude du pouvoir ?  Tout de blanc vêtu, les lunettes sur sa table basse, le président de la République fixe, avec un regard de braise, un tableau du XVIe siècle accroché au mur. Histoire, sans doute, d’y trouver l’inspiration nécessaire pour mettre en œuvre sa énième promesse sur la lutte contre la corruption et la délinquance financière. En fin de semaine dernière, il a promis de traquer les délinquants financiers. Sur terre, sur mer, comme dans les airs. Et de les traiter comme tels : des criminels. Va-t-il pouvoir tenir cette promesse ?

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C’est ce que nous allons tenter de savoir dans cette interview imaginaire. Ou presque. Sans détour.

Mr le président, vous avez dit, en prenant les Maliens à témoin que, désormais, les détourneurs de fonds publics seront traqués, jusque dans leurs chiottes, et traités comme ils le méritent : des criminels.

 

Oui, je l’ai dit ! Car je ne peux pas comprendre, que des fonctionnaires de l’Etat se taillent, avec la complicité d’opérateurs économiques véreux, le luxe de détourner le peu de ressources financières, dont dispose notre pays. Un pays qui se débat depuis trois ans dans une triple crise : politique, financière et sécuritaire. C’est criminel ! Selon le dernier rapport du Vérificateur général, ces délinquants financiers ont pompé, ces deux dernières années, donc sous mon mandat, près 150 milliards CFA. Inimaginable ! Sous d’autres cieux, on les aurait arrêtés et fusillés. Sans autre forme de procès.

C’est pourquoi, j’ai fait la promesse à nos concitoyens que, désormais, c’est tolérance zéro pour ceux que vous appelez, dans votre journal, « les Saigneurs de la République ».

 

Mr le président, si vous voulez, réellement, les faire arrêter et les traduire en justice, rien de plus facile. Ils sont connus de tous, leurs crimes aussi. Il vous suffit de vous servir des rapports du Vérificateur général.

 

C’est plus facile à dire qu’à faire. Chaque fois que le Vérificateur général sort un nouveau rapport, je reçois des bataillons de hauts cadres et de leaders politiques à ma résidence. Certains, pour me supplier de leur accorder ma protection ; d’autres, pour me proposer le soutien de leur parti politique, en échange de ma protection.

Donc, c’est très compliqué, Le Mollah !

 

C’est, justement, parce que c’est compliqué que les Maliens ont voté pour vous, pas pour le RPM, à plus de 77 %. Afin que vous veniez à bout de ce fléau, qui hypothèque l’avenir de plus de 15 millions de Maliens. D’ailleurs, Mr le président, n’avez-vous pas fait la promesse, aux Maliens, qu’avec vous l’insécurité, la corruption et la délinquance financière… seront un lointain souvenir ?

 

Je sais, je sais ! Inutile de me le rappeler. J’essaie de te faire comprendre qu’entre faire des promesses et les tenir, il y a un gouffre. Ce n’est pas facile, crois-moi. Et ce n’est pas faute de n’avoir pas essayé !

Malgré tout, je sollicite l’indulgence de mes concitoyens, en leur demandant de me faire confiance, encore une fois. Car, cette fois-ci, tous ceux qui ont été épinglés par le Vérificateur général seront traduits en justice. Et punis avec la dernière rigueur.

 

Mr le président, comment voulez-vous que les Maliens continuent de vous croire, alors que toutes les enquêtes menées sur les différentes affaires, qui ont secoué la République, ont fini en eau de boudin. C’est, entre autres, le cas des équipements militaires, de l’avion présidentiel, des engrais frelatés etc…..

 

Certains ont été sanctionnés, administrativement parlant ; d’autres ont été contraints de rendre leurs portefeuilles ministériels…

 

Mr le président, ceux dont vous parlez sont, pour l’écrasante majorité des Maliens, des seconds couteaux. Nous parlons des vrais coupables, ceux qui tirent les ficelles de toutes ces affaires et qui ne sont jamais cités, ceux qui se comportent comme des intouchables…

 

Tu veux parler de qui par exemple ?

 

Vous les connaissez, Mr le président. Et c’est à cause d’eux, estiment nos concitoyens,  que les enquêtes n’ont jamais accouché de résultats

 

J’ai beau réfléchir, je ne trouve personne qui correspond à ton  portrait-robot.

 

Mr le président, je crois qu’il est temps, pour vous, de montrer aux Maliens que vous êtes à l’écoute de leurs plaintes, de leurs complaintes. Ils sont convaincus, en tout cas dans leur écrasante majorité, que rien ne changera. Ni aujourd’hui, ni demain.

 

Je  te charge, Le Mollah, de dire à nos concitoyens que les choses doivent changer ; les choses vont changer. Et elles changeront ! Parole de leur « kankélintigui »

 

Propos recueillis par Le Mollah Omar

 

Source: Canard Déchainé

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