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Interview exclusive sur l’élection présidentielle 2018 : «Les attentes sont nombreuses et le Mali n’a aucun intérêt de s’aventurer dans une quelconque crise postélectorale», dixit Docteur Sékou Diakité, Chercheur et Professeur d’Université

En mettant fin aux nombreuses supputations, les autorités du pays ont réussi l’organisation de l’élection présidentielle, même si quelques incidents ont été constatés. Au regard de la crise sécuritaire du pays depuis 2012, ces imparfaits ne doivent, en aucun cas, entraver la crédibilité et la sincérité du scrutin présidentiel en cours ; encore moins être instigateurs d’une éventuelle crise postélectorale. Loin delà, l’oiseau de mauvais augure ! Ce sont là, entre autres, les sages conseils prodigués par Docteur Sékou Diakité, Professeur d’Université, Leader d’opinions de la ville garnison de Kati, dans une interview accordée à votre quotidien, le lundi dernier, dont nous vous proposons l’intégralité ici.

 LE COMBAT: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

 Dr S. Diakité: Merci encore à vous de m’offrir cette opportunité de m’exprimer dans votre journal. Je suis Sékou Diakité, Docteur en Sciences Economiques, Professeur d’Enseignement Supérieur à la FSEG (Faculté des sciences économiques et de Gestion). Je suis également le Président fondateur des associations « Mouvement pour le changement à Kati (MCK) » et de l’association « M’Békatifè ».

 Nous sommes au terme d’un quinquennat présidentiel sous la conduite d’Ibrahim Boubacar Kéïta dont le bilan n’a pas, pour beaucoup de nos concitoyens, comblé les attentes. Alors, quelles sont vos remarques?

 Il y a pratiquement cinq ans que notre Mali faisait l’objectif d’un coup d’État militaire et qui a fait chuter le régime du Président Amadou Toumani Touré, juste à quelques mois de la fin de son deuxième quinquennat. Et les raisons évoquées par les putschistes étaient l’incompétence et le manque de volonté du Régime d’ATT à éradiquer la crise sécuritaire au Nord. Ces jeunes militaires dont le porte-étendard était le Capitaine Amadou Haya Sanogo ont été, ce  jour-là, acclamés des deux mains par une grande partie des Maliens lambda; qui voyaient en eux : les sauveurs d’une République à l’agonie. Mais quelle fut la suite ? Elle est connue de tous. Des germes fantaisistes ont, ensuite, instigué le désaccord entre les auteurs du renversement. L’un pour des promotions, l’autre pour des besoins fantasques. Et ces habitudes, loin des idées premièrement annoncées, se généralisèrent. Le groupe s’éclata. Pour préserver son trône, le Capitaine-Général au slogan « Tolérance zéro » n’hésitait rien. On a assisté à une période transitoire troublée et soldée par la chasse à l’Homme. Le symbole de l’Unité qu’est l’armée a failli se concocter. C’est dans cette situation déplorable que le Président par intérim Pr Dioncounda Traoré légua démocratique le pouvoir à l’actuel Président Ibrahim Boubacar Kéïta, désormais candidat. Oui, IBK hérita ainsi d’un pays qui imposait à tous ses sens, une rescousse nécessiteuse: La situation sécuritaire et alimentaire, l’éducation et l’émergence industrielle. Les besoins de cette population, si diversifiée et fraternelle, étaient si nombreux que chaque instant de l’existence du pays exigeait une vigilance, un soin. Et l’Homme qui incarnait ces perspectives qu’est Ibrahim Boubacar Kéïta a été élu avec 77,61% des Maliens au deuxième tour de la présidentielle de 2013. Dès son investiture, le 4 septembre 2013, il s’est lancé à la rescousse du pays ; qui, en ce temps, donnait l’exemple d’un bateau à perte de vue. À l’intérieur et à l’extérieur aussi bien que dans les contrées les plus reculées, IBK  a été et continue d’y être pour redonner à ce pays sa place au concert des Nations. Des efforts salutaires ont été ménagés aux côtés sécuritaires, alimentaires, etc.

 L’élection présidentielle tant redoutée  a vu son premier tour se dérouler le 29 juillet dernier et le second tour du 12 août 2018. Mais avec une faible affluence dans les urnes. Que pensez-vous de cette indifférence de la population malienne aux affaires politiques ?

 D’abord, je tiens à saluer les efforts de l’actuel Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga pour la tenue du scrutin présidentiel malgré les innombrables difficultés. Car, il faut le souligner, c’est une mission dure et exceptionnelle accomplie qui faisait l’objet d’un pessimisme sans précédent. La faible affluence du Peuple malien dans les urnes ne date pas de la dernière pluie. Ce phénomène s’adosse à la crise de confiance entre le Peuple lambda et les acteurs politiques depuis l’avènement de la démocratie. La chaine de la gouvernance, parfois exclusive et délabrée, a rompu le tissu de confiance entre les deux camps. Et c’est ce qui explique l’éloignement des besoins de la population  aux gousses politiques. Je le dis et le redis, une gouvernance plus inclusive est indispensable au Mali. Il le faut pour retisser ce lien si fondamental pour le développement du pays.

 Selon les dernières annonces du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, plus de 800 Bureaux de vote ont été perturbés lors du premier tour du scrutin présidentiel du 29 juillet dernier et près de 500 lors du deuxième tour. C’est pour dire que plusieurs citoyens maliens ont été privés de leurs droits de vote pour des raisons sécuritaires. Quelle analyse faite-vous de cette situation critique ? 

 Vu la situation sécuritaire déplorable du pays dans laquelle ce scrutin présidentiel a été organisé, ces perturbations devaient être dans les attentes des Maliens. L’essentiel était d’honorer le rendez-vous constitutionnel. Je profite de cette occasion pour lancer un appel pressant aux Maliens de tous les bords politiques, en leur demandant de se rallier aux côtés de nos forces armées et de sécurité pour la réussite de leur mission régalienne qui est d’assurer la sécurité de tous.

 Le principal rival du Président sortant, Soumaïla Cissé, se réclame victorieux du scrutin présidentiel et rejette d’avance d’éventuels  résultats qui seront en sa défaveur. En tant que chercheur et leader d’associations, que diriez-vous à cet acte du Chef de file de l’opposition ?

 Je pense qu’il y a des voies juridictionnelles et légales ouvertes à tous les candidats qui prouvent d’irrégularités graves dans le processus électoral. Il est dans son droit de rejeter  les  résultats s’il y voit des incohérences. Mais qu’il exerce ses manifestations de contestation légalement ; c’est-à-dire d’attendre la proclamation des résultats provisoires du second tour pour ensuite saisir la Cour Constitutionnelle pour des besoins de requêtes comme le souligne le code de bonne conduite des candidats signé à la veille de cette élection.

 Quel appel avez-vous à lancer à la population malienne dans cette période cruciale du processus de démocratisation de notre pays ?

 Je tiens d’abord à féliciter le Peuple malien pour la preuve maturité démocratique dont il vient de faire montre au reste du monde en tenant cette élection sur une bonne partie du territoire dans la quiétude. Les attentes sont nombreuses et le Mali n’a aucun intérêt de s’aventurer dans une quelconque crise postélectorale. Que le Président sortant Ibrahim Boubacar Kéïta et le Chef de file de l’opposition s’inscrivent dans cette dynamique en se donnant la main pour que ce pays, qui a tant souffert, puisse servir d’un havre de paix, de solidarité et d’émergence.

Réalisée par Seydou Konaté : LE COMBAT

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