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Interview : Ce qu’être député veut dire…

Aïssata Touré Diallo est députée élue à Youarou, présidente de la Commission Affaires étrangères, celle des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, ainsi que la première Vice-présidente du Réseau des femmes parlementaires du Mali, des parlementaires maliens pour la Défense des Droits de l’Homme. Elle revient sur les missions du député dans cet entretien qu’elle a accordé au Flambeau.

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Qui est Madame Diallo Aissata TOURE ?

Je suis Madame Diallo Aissata Touré, députée élue à Youarou dans la région de Mopti. Je viens pour la deuxième fois de me faire plébisciter comme présidente de la Commission Affaires étrangères et des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine par mes collègues députés. Je suis également la première Vice-présidente du Réseau des femmes parlementaires du Mali ainsi du Réseau des parlementaires maliens pour la Défense des Droits de l’Homme.

Comment devient-on député au Mali?

C’est à travers des élections législatives qu’on devient député au Mali. C’est aux électeurs  de chaque circonscription de choisir les hommes et les femmes capables de les représenter à l’hémicycle. Ces personnes sont candidats, soit au nom d’un parti politique, soit en tant qu’indépendant. Ainsi, tous les cercles de toutes les régions en plus des communes du district de Bamako ont, à l’issue de chaque élection législative, des députés qui les représenteront au sein de l’hémicycle.

Que doit faire un député une fois élu?

Aussitôt élue, le député devient un mandataire du peuple. Un mandat tout au long duquel il aura comme devoir d’être les oreilles, les yeux et la bouche du peuple qui l’a mandaté.

Quels sont les compétences d’un élu au sein de l’Assemblée nationale ?

Le député est choisi par sa circonscription, mais une fois à l’hémicycle, il a un mandat national. Alors, avec le pouvoir législatif qu’il détient, il peut intervenir pour défendre les causes qui concernent la vie de la nation. En un mot, le devoir du député est le contrôle de l’action gouvernementale menée par le pouvoir exécutif.

Au préalable, le rôle du député est la prise de décision sur les lois de gestion du pays, mais il n’exécute pas. L’exécution des décisions prises incombe au pouvoir exécutif. Par ailleurs, le député n’a pas de fonds destiné à faire des réalisations dans le domaine infrastructurel du pays. Il peut quand même épauler les maires de sa circonscription avec des contributions stratégiques, mais aussi et surtout en tissant des jumelages ou coopérations entre ceux-ci et d’autres maires ou députés des pays étrangers ou des partenaires techniques et financiers (PTF).

Vous venez de dire qu’une fois élu, que le député devient l’élu de tout le pays et a un mandat national. Ainsi, est-il possible pour un député de Youarou d’interpeller un ministre pour un problème concernant la population de Kati, par exemple ?

Bien sûr que oui ! C’est la raison pour laquelle j’ai dit que le député a un mandat national. Le député, contrairement au maire qui a une compétence limitée, a une compétence étendue. Comme vous venez de le dire, effectivement étant le député de Youarou, je suis censé connaitre beaucoup de problèmes qui préoccupent la circonscription de Youarou. Mais, dès que je suis au courant d’un problème à Kati, la loi m’autorise à interpeller le ministre concerné pour avoir des explications.

Le député peut interpeller le ministre, mais peut-il le sanctionner?

C’est le pouvoir exécutif qui nomme son ministre. A partir du moment où l’incapacité du ministre interpellé s’avère à l’hémicycle devant les députés, ce sera au pouvoir exécutif d’assumer sa responsabilité. Au cas où il y a une culpabilité du ministre dans un quelconque problème, le rôle du député est de dénoncer la faute commise, mais il ne peut en aucun cas prendre des sanctions.

Il y a des pays où les députés peuvent interpeller le Président de la République en plus de ses ministres. Pourquoi cela n’est pas possible au Mali ?

Tout simplement parce que les régimes sont différents. Il y a des régimes présidentiels, des régimes parlementaires et des régimes semi-parlementaires. C’est uniquement dans les régimes parlementaires que l’Assemblée nationale a le pouvoir d’interpeller le président de la République. Aujourd’hui, c’est le régime présidentiel qui existe au Mali.

Selon vous, sur quelle base la population doit élire un député ?

L’électorat doit savoir à travers les projets de société des uns et des autres que tel ou tel candidat, une fois élu, peut répondre à ses aspirations tout en jouant pleinement le rôle de député, de maire ou de président qui lui incombe selon les textes. L’électorat doit savoir que le bon gestionnaire n’est pas forcément le plus généreux ou le plus riche. Si on vote quelqu’un pour de l’argent, on ne peut en revanche rien lui demander. Car il pourra aisément penser qu’il vous a payés, et donc n’aura rien à se reprocher. Voilà une raison qui fait que beaucoup d’élu ne s’occupe ou s’occupe très peu du peuple une fois à l’hémicycle. Mais, je pense qu’avec le temps, les gens finiront par comprendre cela car le processus démocratique s’applique de longue haleine, d’étape en étape, selon la compréhension, la mentalité et la situation socio-culturelle du pays. Avant que cela soit bien compris par tous, l’électorat et les élus en souffriront tous.

Quelles sont les missions de la Commission des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine dont vous avez la lourde charge de diriger ?

Cette commission est destinée à travailler dans le domaine des relations extérieures, la coopération entre l’Assemblée nationale du Mali et celle des autres pays amis à travers le monde. Elle parle au nom du peuple tout en exposant les problèmes et les besoins du pays à travers le monde. La plupart du temps, les coopérations que nous nouons, aboutissent à des partenariats gagnant-gagnant entre le gouvernement et d’autres pays.

Pouvez-vous citer certains domaines dans lesquels ces coopérations peuvent se faire ?

Permettez-moi de vous faire part de cette anecdote. La commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, que je préside actuellement, a effectué une mission en Algérie l’année dernière sur invitation de l’Assemblée nationale populaire algérienne. Au cours de cette mission, nous avons cherché à voir le ministre de l’Enseignement supérieur algérien. À l’issue de cette rencontre des députes de la Commission des Affaires étrangères avec le ministre et les députes algériens, nous avons bénéficié pour l’université du Mali de bourses d’études dans le domaine de la recherche scientifique. On a également bénéficié de bourses de formation des enseignants de personnes ayant besoin d’une assistance sociale. Il y a tant d’autres domaines tels que l’économie et le commerce, la santé, la lutte contre la corruption dans lesquels les députés de la Commission des Affaires étrangères du Mali et ceux d’autres pays peuvent échanger les expériences.

En tant que Présidente de la Commission des Affaires Étrangères, que pensez-vous de l’élection de Donald Trump, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain aux Etats-Unis ?

La détermination de la politique générale de chaque pays  dépend de son gouvernement. Cela étant, la coopération internationale de chaque pays dépend de son ministère des Affaires étrangères. Le système américain est diffèrent du système malien, alors si la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale du Mali doit travailler avec des institutions aux États-Unis, c’est-à-dire  le Senat et le Congres, qui ont leur façon de travailler et de coopérer avec les pays africains. En ce qui concerne le futur régime, on ne peut qu’attendre et voir comment les choses vont se passer après l’investiture du nouveau Président Donald Trump, le 20 janvier 2017. Quand bien même que lors des campagnes présidentielles, il a dit tant de choses qui ont effrayé plus d’un à travers le monde. Mais, beaucoup de choses se disent lors des campagnes et qui ne se réalisent pas pendant l’exercice du pouvoir.

Votre mot de la fin ?

Je ne peux clore mes propos sans remercier les medias (écrits, audio et audio-visuels, publics ou privés, nationaux ou internationaux) pour le rôle combien important qu’ils jouent pour la bonne sensibilisation du peuple malien tout en contribuant à la bonne marche de la démocratie. Sans la presse, toutes les activités que nous faisons au sein de l’hémicycle passent inaperçues sans que nos compatriotes, surtout mes sœurs ménagères qui n’ont pas accès aux différentes institutions, en aient connaissance. Sur ceux je souhaite qu’il y ait de l’entente et la bonne compréhension entre les Maliens de tous bords,  sans discrimination aucune, afin que le Mali retrouve sa quiétude d’antan.

Drissa Kantao

Source : Le Flambeau

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