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IBK sur une corde raide: Une révision constitutionnelle pour qui et pourquoi ?

Dans son pathétique récital intitulé ‘’Regard sur le passé’’, Aboubacar Demba Camara disait : «Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pairs, fais appel aux hommes plus valeureux; – Si tu ne peux dire la vérité en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes plus courageux ; – Si tu ne peux protéger le faible et braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ; – Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots…»

ibk ibrahim boubacar keita president malien

Si l’histoire ne se répète pas, il se produit tout de même des similitudes entre les situations historiques.

Le général Amadou Toumani Touré (ATT) avait entrepris pour l’année 2012 l’organisation tout azimut d’élections législatives, présidentielle et du référendum sur la révision constitutionnelle. Ce couplage bien médité visait à faire avaler par notre peuple son projet de création du Sénat en République du Mali.

ATT avait bien compris qu’il ne sera pas suivi dans sa foulée politique par les Maliens s’il venait à organiser en premier lieu et à part le référendum de création dudit Sénat.

Sachant que ce qui intéresse les politiciens maliens ce n’est nullement le bien être de notre peuple mais bien plutôt les postes à occuper pour se construire un paradis terrestre. C’est bien cette triste orientation de la classe politique malienne dans son ensemble qui a poussé ATT à nourrir ce projet machiavélique de couplage des législatives et du référendum.

Mais le grand hic est venu du fait qu’au moment où ATT et la classe politique à sa dévotion s’affairaient pour la réussite de cette farce électorale, c’est le Nord qui brouillonnait  et qui enregistrait déjà les bruits de bottes des Maliens qui avaient décidé de prendre les armes contre leur arme.

Pendant que les politiciens égrenaient leurs chapelets pour se tailler une place de choix à l’ombre de l’hémicycle, ATT égrenait le sien pour que son rêve de Sénat devienne une réalité. Pendant que ces calculs allaient sur des roulettes, ce sont les soldats maliens qui faisaient face à la furie des rebelles mélangés aux terroristes de tous bords. C’est avec un pincement au cœur que nous citons ici les atrocités commises à Aguel Hoc contre notre vaillante armée les mains pratiquement vides. Tous ces soldats sont morts pour la patrie.

Aussi, faut-il le dire, la roue de l’histoire poursuivait inlassablement son mouvement. La situation bouillonnante du front social jumelée avec la crise du Nord, la situation sociopolitique et sécuritaire avait atteint un seuil particulièrement inquiétant.

Cette situation globale délétère avait fini par avoir raison du général président Amadou Toumani Touré. Il est chassé de Koulouba par un groupe de jeunes soldats dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Ce coup d’Etat, comme on le sait, a été salué avec enthousiasme par notre peuple suffisamment meurtri dans sa chair et dans sa conscience par une gestion calamiteuse de ses affaires par ATT et la classe politique pourrie qui le courtisait. Ce peuple avait senti le vent du changement, espérant ainsi sur une transformation radicale de la gestion du Mali.

Hélas ! Les jeunes militaires n’ont pas compris que ce sont les ennemis du peuple qui effectuaient de jour comme de nuit leurs valses machiavéliques aux ardeurs nauséabondes entre Bamako et Kati. Le changement tant souhaité s’est rétréci comme peau de chagrin.

Amadou Haya, aux dires des gens, s’était battu comme un beau diable au niveau de ses frères d’armes pour une victoire éclatante du candidat du RPM, l’actuel président de la République Ibrahim Boubacar Keïta.

A peine deux ans passés à la tête de l’Etat malien, IBK a déjà montré son incapacité à redonner confiance aux masses laborieuses du Mali. Est-il besoin de noter ici que  le président IBK a déçu ses électeurs ! En tout cas, la question du Nord reste entière et pour cause : l’accord de paix signé sous l’égide du médiateur algérien, a consacré selon toute vraisemblable la partition  de fait de notre pays sous le parrainage de la France coloniale.

Au lieu d’une accalmie donnant l’espoir d’une paix durable, ce sont nos soldats qui meurent régulièrement sous les balles de «l’ennemi djihadiste» du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Cela se passe sous l’œil complice de la force française Barkhane et de la MINUSMA.

Tout se passe comme si la France est présente dans notre pays pour humilier notre peuple et notre armée ; sur le front social, la situation est de plus en plus délétère au grand mépris de nos gouvernants qui vivent comme si de rien n’était ; les grèves se font et se projettent  dans le temps sans la moindre volonté du gouvernement d’apporter des réponses aux préoccupations quotidiennes de nos populations.

En tout cas, le front scolaire n’a cessé de s’agiter depuis maintenant deux ans comme en témoignent les grèves et la non évaluation que connaît le secondaire.

Une grève de 216 heures est projetée, pour compter de ce lundi 13 mars 2017. Une façon de dire que si cette grève venait à se produire, c’est dire que ce sont les vacances de Pâques qui achèveront cette première protestation de la quasi-totalité des syndicats de l’enseignement fondamental et secondaire de l’année scolaire 2016-2017.

L’enseignement supérieur entrera dans la danse, demain mardi le 14 mars courant, si les démons des calamités n’obtempéraient pas d’ici là.

Les hommes de la blouse blanche ont déjà donné le ton, depuis le jeudi 9 mars, en engageant une grève illimitée (avec bien entendu le respect du service minimum dans les centres de santé).

– Le papier de la ménagère est de plus en plus vide au regard de la flambée illicite des prix des denrées de première nécessité et cela à la satisfaction d’une bourgeoisie bureaucratico- compradore arrogante et dévergondée.

Le président IBK sait que la situation sociopolitique et sécuritaire est de plus en plus délétère et sans issue véritable.

– Pendant que les Maliens souffrent dans leur chair et dans leur conscience les conséquences fâcheuses de la gestion catastrophique des affaires par le régime IBK, le président malien, en, lieu et place d’une conférence nationale s’engage dans une prétendue conférence d’entente dite nationale sans nous dire qui doit s’entendre avec qui et sur quoi ?

– Comme pour ajouter un plus à la déconfiture nationale, voilà que les députés du Mali ont entamé les travaux de la session extraordinaire voulue par le président IBK à propos d’une éventuelle révision de la Constitution.

A ce niveau, force est de se demander pour qui et pour quoi une révision de la Constitution à un moment où le front social se met en ébullition et où nos forces de défense et de sécurité font face chaque jour que Dieu fait à des attaques meurtrières de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays.

Tout se passe ici comme si IBK a entamé une course contre la montre et pour cause :

– IBK est de plus en plus conscience qu’il se trouve aujourd’hui sur une corde raide à quelques encablures des joutes électorales de 2018, élections qu’il n’est plus sûr de gagner au regard du bilan catastrophique de sa gestion des affaires. La révision de la Constitution reste le seul créneau sur lequel IBK peut s’appuyer pour tenter de s’accrocher au pouvoir au delà  de 2018 ou de positionner son éventuel dauphin.

– Si l’Assemblée nationale du Mali s’active dans cette histoire de révision de la Constitution, c’est d’abord et avant tout parce qu’il y a une manne financière appelée indemnité de session que les honorables députés pourront empocher sans autre forme de procès.

Il faut tout simplement dire que Dieu ne dort pas un seul instant et qu’il a sa propre démarche par rapport à la conduite des affaires par les princes du jour.

Aujourd’hui, l’urgence au Mali est bien loin d’être la révision constitutionnelle au moment où la case commune s’enflamme chaque jour davantage aux dépens des masses travailleuses. Ce qu’il faut aujourd’hui pour le Mali, c’est de reprendre en mains la gestion de notre pays en disant aux forces d’occupation françaises que notre peuple ne peut les accepter plus longtemps chez nous.

Ce qu’il faut à présent pour notre pays, en lieu et place d’une révision de la Constitution, c’est une conférence nationale pouvant mettre définitivement à la touche tous les déprédateurs de notre tissu socioéconomique national et cela en vue qu’ils rendent compte à ce peuple qu’ils ne cessent de tromper et de trahir au moyen de phraséologies politiques creuses sans queue ni tête et dépourvu de tout crédit et de tout honneur.

Fodé KEITA

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