Qu’est-ce que les maliens n’étaient pas prêts à consentir comme efforts pour juguler l’enfer que leur pays traverse depuis des années? Les flammes de la contestation électorale, portées par près d’une vingtaine de candidats et leurs sympathisants, se sont éteintes grâce à des pressions et à des implications de toutes sortes. Le Mali, dont la grande partie du territoire est devenue une zone de non droit, est encore sous respiration artificielle grâce à une assistance internationale avec toutes les interprétations et incompréhensions.
Ibrahim Boubacar Keita, cet « animal politique » des premières heures de la démocratie, continue d’enfoncer le pays, avec des choix aveugles et unilatéraux. En ces temps de crise, sur des décisions qui engagent le pays, IBK n’informe que ses ministres avec lesquels il devrait pourtant décider de bien de choses. La difficulté est que l’action précède toujours la consultation et même la concertation. Cela relève d’une mauvaise lecture d’un chef suprême de l’armée et de la magistrature.
Le monde politique au Mali, comme partout ailleurs, est animé d’hommes et de femmes aux ambitions individuelles ou collectives. La décrispation politique, concoctée et cantonnée dans un gouvernement dit de mission n’est pas au bout de ses peines. Au moment où plusieurs ministres bousculent les défis relevant de leurs départements, sous une certaine impulsion de Boubou Cissé, une pièce essentielle (IBK) continue de faire gripper la machine.
Mais au sommet de la chaine, la catastrophe se joue, le mépris se consolide et l’humilité disparait. Le chef de l’État semble être le produit d’une communication lamentable, l’incarnation d’un président sans conseillers sincères ou compétents. Aujourd’hui, rien ne se joue à Koulouba car l’échec qui y est né reste constant et va de mal en pis.
Au lieu de se soucier de la délétère cohésion sociale, IBK nargue les maliens à chacune de ses sorties médiatiques, surtout chez nos confrères à l’étranger. S’il ne radote pas, qu’il sache qu’un chef doit plus de réserve et de mesure. A Koulouba, depuis des mois déjà, il n’a plus de piédestal. Les nombreux carnages à répétition ont convaincu Ibrahim Boubacar Keita que le Mali est en guerre, cette guerre silencieuse en 2013 et qui lui avait permis d’aller se vanter à Kidal avant de négocier discrètement pour la campagne de 2018. Le mal d’IBK résiderait-il dans sa nature, dans son orgueil ou dans son idéologie ?
Ses alliés sont certes importants, mais pas autant que ses propres militants qui l’ont porté par deux fois, quelles que soient les circonstances, à la magistrature suprême. La majorité présidentielle s’est éclatée sous ses yeux et par ses actions, ses espoirs viennent aujourd’hui de certains cadres de son opposition. IBK possède encore un brin de chance à saisir afin d’arrêter l’hémorragie d’une République qui se meurt dans les violences et dans les violations constitutionnelles.
Il est temps que le Président prenne au sérieux son parti, le RPM. Pas de façon théâtralisée, mais avec objectivité et responsabilité. Temps aussi, pour le Président de la République, de respecter les opposants, les organisations de la société civile et les leaders religieux et la Diaspora que les germes et les démons de la division ont fortement atteints. Mais il doit surtout protéger les Médias, toutes lignes éditoriales confondues, car ils pourraient constituer l’un des remparts incontestables d’un Mali livré contre l’imaginaire et l’invisible.
ABC
Figaro Mali