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IBK accule, la France désavouée !

Marches de protestation, meetings, sit-in devant l’ambassade de France, conférences-débats, missions d’information et de sensibilisation à l’intérieur comme à l’extérieur du pays…
Les Maliens n’entendent plus rester les bras croisés, face à la mal gouvernance, dont leur pays fait l’objet ; mais aussi, au processus de partition de leur pays, entamé depuis 2010, par la France, sous l’égide de Barkhane et de la Minusma.

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« Si nous nous couchons, nous sommes morts. Chaque Malien, homme ou femme, doit se sentir concerné par la situation actuelle de notre pays, tiraillé entre la mal gouvernance de nos autorités, et le risque de partition de notre pays, dont le maître d’ouvrage est la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) ».
Du haut de ses 71 ans, A Koné, enseignant à la retraite, ne voit qu’une seule solution à la crise que traverse notre pays : défendre notre pays, au prix de notre sang, contre les intentions malveillantes de l’Elysée et de ses valets, qui lui obéissent au doigt et à l’œil.
Rencontré au sit-in, organisé jeudi 3 août, devant l’Ambassade de France, à l’appel du Mouvement « Waati Séra » (il est temps), Mr Koné estime que tout Malien, digne de ce nom, doit suivre son exemple : « malgré mes 71 balaies, je suis là avec les jeunes, pour protester contre le jeu trouble de la France au nord du Mali ».

Les Maliens, debout contre le jeu trouble de la France au nord

« Le choix de la devanture de l’ambassade de France se justifie par l’implication de ce pays dans la gestion de la crise et son parti pris en faveur d’un des groupes armés, la CMA », indique un des organisateurs du sit-in. Et de poursuivre, la voix nouée par la colère : « Le moment est venu pour la France de clarifier sa position ».
Sur les banderoles, brandies par les manifestants, on peut lire : « On n’a plus besoin de la France et de la Minusma », « la France, dégage ! », « La Minusma dégage ! ».
Dans un communiqué de presse, l’ambassade de France « rappelle que 2013, la France ne ménage aucun effort pour faciliter le dialogue et la réconciliation entre les acteurs maliens de cette crise ».
Mais la réalité, elle, crève les yeux. Les masques sont tombés. Et les Maliens voient, désormais, clair. Impossible de les convaincre du contraire avec des communiqués du genre « La France est notre ami. C’est elle qui nous a sauvés, en 2012, en stoppant l’arrivée des djihadistes à Konna ».
Les Maliens, ceux du nord comme ceux du sud, ont tout compris. La France ne peut plus faire semblant d’être, à la fois, avec Dieu et avec le diable. Déterminés à mettre fin à ce double jeu de l’ex-pays colonisateur, ils sont décidés à croiser, au besoin, le fer avec l’armée française. Aucun sacrifice n’est et ne sera de trop, pour défendre cette terre que nous avons héritée de nos ancêtres qui, faut-il le rappeler, n’ont jamais été et ne seront jamais des Gaulois.
A l’origine de cette colère, l’attaque des positions du GATIA, à Ménaka, par la CMA, en violation de l’accord pour la paix et la réconciliation. Avec, à la clé, des morts et, dit-on, des prisonniers de guerre vivant dans des conditions inhumaines.
Auparavant, un convoi de ravitaillement de l’armée avait été attaqué par les combattants de la même CMA. C’était le 22 juillet dernier vers Léré. Dans un communiqué, rendu public, l’armée malienne accuse, pour la première fois, la CMA de violer le cessez-le feu. Mais, comme à l’accoutumée, elle nie les faits. Convaincue qu’elle est, qu’elle n’encourt aucune sanction. Car, soutenue par la toute-puissante France.
Selon nos informations, c’est la force Barkhane, qui avait affaibli le GATIA, en lui retirant ses armes lourdes. C’était le 3 juillet dernier. Avant de lâcher la CMA sur ses trousses, le 6 juillet. Mais coup de théâtre : ce sont les mêmes armes, retirées au GATIA, qui ont servi à le combattre. Plus grave encore, les combattants qui ont délogé le GATIA, à Ménaka, seraient venus de Libye. Selon des témoins sur place, ils ont été renforcés par ceux d’Amadou Koufa.
La suite, on la connaît. Des dizaines de civils et de militaires torturés, avant d’être achevés d’une balle dans la tête. Ou égorgés. Comme des moutons.
Des témoignages, recueillis sur place, attestent même que ces prisonniers de guerre auraient été faits par la Force Barkhane. Laquelle, ajoutent ces témoins, veillerait, durant les combats, sur ses « protégés » de la CMA.
En dépit des violations quotidiennes, dont l’accord fait l’objet sur le terrain, la CMA n’a jamais été condamnée. Ni par la Minusma, ni par la France, encore moins par les Nations Unies.
Un seul exemple : lors des affrontements qui ont opposé, il y a deux ans, la CMA au GATIA à Ménaka, des caisses de munitions, appartenant à la Minusma, ont été récupérées avec la CMA, mise en déroute.
Convaincus que c’est la France, qui se cache derrière rebelles séparatistes touareg, les Maliens décident de faire front contre l’initiative française, qui remonte à la veille de l’indépendance malienne : la création d’un Etat indépendant au nord du Mali. Histoire, sans doute, de mettre le grappin sur les énormes ressources naturelles, dont regorge cette zone.
Pour d’autres, l’interdiction pour l’armée malienne de prendre pied, dans le nord, s’explique par le fait que la France serait le point d’y enterrer ses déchets nucléaires, devenus encombrants pour lui. Un danger, qui pourrait menacer la vie, voire la survie des populations.
C’est pour toutes ces raisons, que les Maliens ont décidé d’agir. Ceux de l’intérieur, comme ceux de l’extérieur.

Rupture diplomatique avec la France et plainte contre la Minusma

Dans son communiqué, la Coordination des Maliens vivant aux USA réclame la « rupture de toutes les relations diplomatiques et l’annulation de l’accord de défense liant la France au Mali » ; mais aussi, des plaintes contre la Minusma devant les juridictions internationales.
A l’issue de son assemblée générale extraordinaire, tenue dans la nuit du mardi 1er au mercredi 02 août, formulé plusieurs recommandations. Entre autres, l’annulation de l’accord de défense liant le Mali à la France ; la rupture des relations diplomatiques avec la France ; la levée de l’embargo sur les armes, qui frappe le Mali ; l’engagement de poursuites judiciaires devant les juridictions internationales contre la Minusma…..
Autres raisons de la colère des Maliens : l’incapacité des autorités maliennes à s’opposer aux décisions prises de la France dans le cadre de la crise malienne. Décisions, dont le but évident est la partition du Mali.
Du coup, les Maliens s’interrogent sur la nécessité de réviser la constitution en vue de la création d’un Senat, réclamée par l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
« A quoi bon modifier la constitution du 25 février 1992, si la CMA, signataire de cet accord, la viole chaque jour que Dieu fait sur le terrain ? », entend-on çà et là.

L’incapacité des autorités maliennes à s’assumer

« Nos autorités ont montré leurs limites, tant dans la gestion des affaires publiques, que dans la sécurisation des personnes et de leurs biens. Soumises qu’elles sont à la pression de la France, nous ne pouvons plus compter sur elles pour sortir notre pays de cette impasse. C’est pourquoi, tout Malien, homme ou femme, doit se comporter comme un soldat prêt au sacrifice ultime pour défendre la patrie en danger », conclut Mr Koné. Considéré, en 2013, comme le seul candidat à même de sortir le Mali de cette crise multiforme, IBK avait été élu avec un score inédit de 77 % au second tour, face à son challenger d’alors, Soumaïla Cissé. Le retour de la paix et de la sécurité au nord, la lutte contre la corruption et la délinquance financière ; une justice pour tous, riches comme pauvres…… Telles sont, entre autres, les promesses du candidat IBK. Qui a juré, la main sur le cœur, de restituer au Mali et aux Maliens leur « fierté d’antan ».
Quatre ans après son investiture et, à 12 petits mois de la fin de son quinquennat, le constat est là, amer.
Requiem !

Oumar Babi

 

Source: Le Canard Déchaîné

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