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Hommage à Mamoutou Sanogo : UN PIONNIER DU KOTEBA NATIONAL QUITTE LA SCENE

Notre pays vient de perdre un de ses plus illustres comédiens en la personne de Mamoutou Sanogo. Il est décédé jeudi dernier des suites d’une longue maladie à l’âge de 62 ans. Le Chevalier de l’ordre national du Mali qu’il était a reçu les derniers hommages de la nation vendredi à Daoudabougou en présence de Bruno Maïga, le ministre de la Culture.

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Les anciens se rappellent sans doute de ce personnage de jeune premier dans le film « Den Muso » de Souleymane Cissé en 1974. Il croquait la vie à pleines dents, dans son pantalon à pattes d’éléphant, sa chemise moulante et les cheveux coiffés en « Afro », perché sur ses « têtes de nègre ». La scène se passe au « Trois caïmans », un night club à la mode à l’époque où se rencontraient les jeunes branchés de Bamako. En même temps que son épouse Fanta Diabaté, ils ont aussi tourné dans le film « Baara » en 1976 du même réalisateur.

Dans son parcours cinématographique, Mamoutou a également participé au long-métrage « Finyè » de Souleymane en 1982, avant celui de Kalifa Dienta, « A Bana » en 1980.

Mamoutou Sanogo a entamé sa carrière de comédien à la Compagnie du théâtre national en 1972 à sa sortie de l’Institut national des arts de Bamako (INA). Il en devient d’ailleurs le directeur de 1976 à 1980. C’est là où « il a guidé mes premiers pas », précise Bruno Maïga, l’actuel ministre de la Culture. Mamoutou formait avec Racine Moctar Dia, Ousmane Sow et Aguibou Dembélé ce qu’il appelait les « Quatre copains ». Car sortis de l’INA ensemble, ils travaillaient dans la solidarité et la plus grande complicité. Tous les dimanches, ils se retrouvaient chez Mamoutou pour passer la journée. C’était le prolongement des internats organisés lors de la création de différentes pièces de théâtre comme : « Kaïdara », une œuvre de Amadou Hampaté Ba en 1977, « Les hommes du bakchich » en 1978 de Alkaly Kaba ou « Jean des Marais » en 1979 du Nigérian Wollé Soyinka entre autres. Pour le ministre Maïga, la Compagnie du théâtre national tirait sa force de cette solidarité entre les acteurs. Une solidarité tellement forte qu’elle ressemblait à une sorte d’intimité.

A partir de 1978, le public malien se lassa un peu de ces mises en scène dans la langue de Molière. C’est alors que le ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture de l’époque, Alpha Oumar Konaré, a suggéré à la Compagnie de s’inspirer du Kotèba, cette forme d’art dramatique des Bambara. C’est ainsi que les « Quatre copains » du théâtre avec en plus Moussa Maïga se sont rendus à Kolokani pour apprendre le Kotèba. En 2001, au cours d’une interview, Mamoutou Sanogo nous confiait que c’est le résultat de ce travail d’immersion dans le théâtre traditionnel qui a permis de relancer le théâtre malien. En effet, les œuvres étaient désormais interprétées en Bamankan. C’est ainsi que toutes les troupes régionales ont emprunté le chemin du Kotèba dans leurs représentations respectives pendant les différentes éditions des Semaines nationales de la jeunesse et Biennales artistiques et culturelles.

Pour Bruno Maïga, Mamoutou, qui fut un de ses grands amis, était un homme de passion. Il admire chez cet homme de théâtre « une grande capacité d’adaptation aux situations nouvelles, mais sans résignation ». Il en administra la preuve quand Bruno le remplaça à la direction de la Compagnie du théâtre national. Il a immédiatement repris son costume de comédien pour remplacer au pied levé Balla Moussa Kéïta dans la pièce Kaïdara. De directeur, il devenait acteur sans aucun souci, témoigne Bruno Maïga.

Il avait le souci de toujours se surpasser. Un sentiment qui l’a animé même devant ses élèves de l’INA auxquels il donna des cours d’art dramatique pendant une longue période, devant les différents artistes du Théâtre national qu’il a également dirigés de 1994 à 2002 et même à la Cinémathèque nationale.

Bruno Maïga évoque aujourd’hui un artisan du renouveau du théâtre malien qui a su puiser jusque dans ces dernières forces de quoi enrichir l’art et la culture, particulièrement l’art dramatique. Depuis 2005, il était directeur national adjoint de l’Action culturelle.

Il laisse derrière lui neuf orphelines et une veuve. Dors en paix l’artiste.

Y. DOUMBIA

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