Le prix du carburant connaîtra un troisième réajustement dans notre pays. Cette énième envolée des prix s’explique une fois de plus par la crise mondiale du pétrole occasionnée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, selon l’Office national des Produits pétroliers (ONAP) et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM).
Le marché pétrolier mondial connaît l’une de ses plus grandes crises depuis un certain temps. Cela est dû au conflit entre la Russie et l’Ukraine. Cette crise est marquée par la pénurie et la cherté des produits pétroliers. Dans les jours à venir, les consommateurs doivent s’attendre à une nouvelle hausse des prix à la pompe.
Rappelons que le 17 mars dernier, les carburants avaient connu la première hausse de l’année. Le prix de l’essence était passé de 663 à 762 francs CFA et le gasoil de 593 à 760 FCFA. Le 8 juin, le litre du supercarburant passe de 762 à 811 FCFA et celui du gasoil passe de 760 à 809 FCFA.
Cette troisième augmentation dont nous ignorons pour l’heure les prix exacts est justifiée selon le responsable en charge de la gestion des produits pétroliers, par de nombreux facteurs exogènes ayant eu pour conséquence la hausse des cours des produits pétroliers sur le plan international. Selon Modibo Gouro Diall, directeur général de l’Office national des Produits pétroliers (ONAP), chaque pays subit de plein fouet l’effet de la rareté des produits pétroliers et la flambée que cela entraîne. Laquelle flambée frappe aussi bien les pays producteurs que les pays consommateurs. Mais avec une forte percussion douloureuse pour les pays enclavés comme le nôtre.
Ainsi, c’est sur la base des dernières informations des marchés du pétrole, malgré le renoncement de l’État à ses droits aux cordons douaniers et le dynamisme de nos braves opérateurs pétroliers qui ont renoncé à une bonne partie de leur marge, l’augmentation très proche des prix à la pompe s’impose encore à notre pays», a-t-il affirmé.
De même, Youssouf Bathily, Président de la Chambre des Commerces et d’Industrie du Mali (CCIM), a affirmé de son côté les efforts fournis par les opérateurs pétroliers. «Les importateurs que nous sommes aussi ont fait les mêmes efforts en renonçant à plus de 70% de nos marges. Malgré tout cela, les produits ne cessent d’augmenter. Aujourd’hui, on est arrivé à un moment où il est impossible de tenir à ces prix. Il y aura forcément une augmentation du prix à la pompe. Les opérateurs ne peuvent plus encore tenir. Il faut donc s’attendre à une augmentation dans les jours à venir».
Même si le directeur de l’ONAP reconnaît la portée d’une telle mesure, il a avoué qu’il n’y avait pas d’autres possibilités. «Nous mesurons la portée d’une telle mesure, mais notre responsabilité ne nous laisse pas d’autres choix », dit-il.
Et pourtant, les usagers qui se plaignaient d’une deuxième augmentation se voient contraints de faire certaines concessions. Il faut dire que cette augmentation du prix de l’essence et du gasoil tombe au plus mauvais moment. Nombreux sont ceux qui se plaignent de la cherté de la vie, particulièrement des produits de première nécessité. Si à cela, s’ajoute la cherté des carburants, d’autres vont préférer garer leurs engins à la maison et prendre les transports en commun. C’est ce qu’un employé de bureau nous a affirmé quand il a entendu la nouvelle. D’autres personnes également sont de cet avis.
Cependant, l’envolée du prix de l’essence et du gasoil affecte déjà d’autres secteurs comme celui des transports. Les compagnies de transport terrestre qui desservent les différentes localités du pays ont dû, à leur tour, revoir à la hausse les tarifs. De même dans la capitale, les transports en commun ont eux aussi augmenté leurs tarifs.
Toutefois, pour permettre à la population de faire face à cette situation, les autorités ont supprimé le droit et la taxe du cordon douanier. Les nombreux sacrifices consentis par le Gouvernement en subventionnant les hydrocarbures auraient contribué à la perte des recettes qui se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards FCFA. « L’estimation des pertes de recettes relatives aux hydrocarbures pour l’État au titre de l’année 2022 était de l’ordre d’environ 87 milliards FCFA. Avec cette hausse actuelle, elles sont projetées à environ 215 milliards FCFA au 31 décembre 2022 », indique l’ONAP.
Kadia DOUMBIA
Source : LE COMBAT