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HAUSSE DES SALAIRES : Quel impact sur le pouvoir d’achat ?

Les salariés de l’administration relevant du code du travail, du personnel enseignant contractuel de l’Etat et du personnel enseignant contractuel des collectivités territoriales verront, à partir de juillet avec un différé de six mois, une augmentation de 10 % et de 20 % en 2017. Cette mesure va-t-elle permettre aux Maliens de respirer et d’améliorer leur pouvoir d’achat ? Va-t-elle aider à améliorer leur niveau de vie ?

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Selon Moussa Kéita, enseignant contractuel des collectivités territoriales, tout dépendra de l’évolution de l’inflation qui suivra l’augmentation salariale. A ses dires, si le taux d’inflation reste à un niveau raisonnable, on peut s’attendre à une amélioration du niveau de vie des travailleurs et l’autre facteur qui risque d’affecter le pouvoir d’achat c’est la hausse des prix de produits de consommation. « Il ne faut pas que les prix des denrées alimentaires augmente sinon ça n’aura aucun impact« , dit-il.

Mamadou Berthé, comptable, fonctionnaire d’Etat pense le contraire. Pour lui, le véritable problème des Maliens c’est qu’ils aiment vivre au-dessus de leurs moyens. « Quand un Malien gagne 50 000 F CFA par mois, il veut vivre comme quelqu’un qui a 250 000 F CFA par mois. Sur tous les plans, il veut imiter celui-ci. Voilà le problème. Il n’est pas que pécuniaire mais c’est un problème organisationnel. Je prends l’exemple sur moi-même. Je fais tout pour vivre avec mon salaire et limiter les gaps financiers et je ne me plains pas trop. Quand le gouvernement décide d’augmenter les salaires, vous verrez que beaucoup vont payer des véhicules de luxe, chercher à construire de belles maisons ou à se remarier alors que cela contribuera à élever leur niveau de vie à tel point que le nouveau salaire ne peut pas suffire« , témoigne-t-il.

Adama Traoré, un économiste qui travaille dans une banque, explique que l’amélioration des conditions de vie va dépendre de plusieurs facteurs. « Le Mali importe une grande partie de ses produits de consommation. Or, qui dit importation, dit fluctuation du taux de change, ce qui peut influer sur les prix surtout du carburant qui est beaucoup utilisé au Mali. Aussi, le marché n’est pas maîtrisé par le gouvernement« , souligne-t-il.

Conclusion : l’augmentation salariale n’influencera pas trop, comme le soutiennent certains travailleurs, sur la condition de vie des travailleurs tant que les prix des denrées alimentaires nécessaires comme le sucre, le mil, le riz, le lait, la viande…. ne sont pas maîtrisés par les autorités.

 

CONDITION DE VIE DES TRAVAILLEURS

L’Etat augmentera les salaires de 20 % d’ici 2017

 

Le 1er mai, le gouvernement du Mali a annoncé une augmentation salariale de 20 % du personnel de l’administration. Le taux des allocations familiales sera également porté à compter du 1er juillet 2015 à 3500 F CFA par mois et par enfant au lieu de 1500 F CFA et 4000 F CFA par mois et par enfant vivant avec un handicap.

 

L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la plus grande centrale syndicale du Mali, a réussi un grand coup l’année dernière. Elle a pu obtenir du gouvernement et du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) un accord qui prend en compte l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), du taux des allocations familiales, la valeur du point d’indice…

Pour honorer ses engagements, le gouvernement lors du conseil de ministre du mercredi 29 avril 2015, a adopté un projet de décret portant majoration des traitements indiciaires des fonctionnaires et des salaires de base du personnel de l’administration relevant du code du travail, du personnel enseignant contractuel de l’Etat et du personnel enseignant contractuel des collectivités territoriales, un projet de décret fixant le salaire minimum interprofessionnel garanti et un troisième projet de décret fixant le taux des allocations familiales.

Le taux du Smig est porté à 35 000 F CFA à compter du 1er janvier 2015 et à 40 000 F CFA à compter du 1er janvier 2016. Les traitements indiciaires des fonctionnaires et les salaires de base du personnel de l’administration relevant du code du travail, du personnel enseignant contractuel de l’Etat et du personnel enseignant contractuel des collectivités territoriales sont majorés de 10 %, 3 % et 7 % respectivement pour compter du 1er janvier 2015, du 1er janvier 2016 et 1er janvier 2017, soit 20 % globalement. Le taux des allocations familiales est porté à compter du 1er juillet 2015 à 3500 F CFA par mois et par enfant et 4000 F CFA par mois et par enfant vivant avec un handicap.

Ces augmentations annoncées par le gouvernement s’inscrivent, d’une part, dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs mais, d’autre part, pour réduire la corruption dans notre pays.

Les dernières augmentations qui ont porté le Smig à 28 460 F CFA, remontent à 2004. Celles qui ont porté la valeur du point d’indice à 330,75 F CFA et les allocations familiales à 1500 F CFA par enfant remontent à 2008.

Pendant toute cette période, les salaires de base des personnels contractuels de l’Etat, de l’enseignement et des Collectivités territoriales n’ont pas connu d’augmentation

 

 

UNTM

Les commentaires du SGA

 

Selon le numéro 2 de Yacouba Katilé, secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), tant que le cout du marché ne sera pas maitrisé par les plus hautes autorités de notre pays, l’augmentation de salaire annoncée n’améliorera pas les conditions de vie des travailleurs.

 

Malgré l’augmentation de salaire annoncée par le gouvernement de la République du Mali, les syndicalistes restent sur le qui-vive et peuvent à tout moment déposer un autre préavis de grève pour demander de nouvelles majorations. C’est ce qu’à dit Maouloud Ben Kattra par rapport à l’augmentation des salaires de 20 %.

Selon lui, cette augmentation aura certes un impact positif sur l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble des travailleurs du secteur publique et parapublique mais cette amélioration ne sera jamais satisfaisante à 100 % tant que le marché ne sera pas maîtrisé par les autorités.

« Tant que le cout du marché n’est pas maîtrisé par les plus hautes autorités de notre pays, l’UNTM sera toujours là pour faire de nouvelles revendications par rapport au relèvement de la valeur du point d’indice et de l’augmentation de salaires. Mais si le coût du marché est maîtrisé les travailleurs pourront bien jouir de leur salaire. Donc il ne faudrait pas que ce qu’on nous donne par la main droite soit récupéré par la main gauche. Il faut que le marché soit traité« , a-t-il indiqué.

Pour ce faire, il demande à la population d’être très vigilant et d’aider les autorités à faire face à la crise qui secoue notre pays depuis un moment.« Nous sommes pour la paix, mais non à la compromission, non à la répartition du pays, non à ceux qui veulent que l’intégrité du Mali soit bafoué car sans la paix il n’y a pas de développement« , a-t-il ajouté.

 

PORTRAIT

  1. C., catégorie « B » de la fonction publique

 

Moussa Coulibaly est un fonctionnaire de la catégorie « B«  dont l’indice est de 250 avec 330,75 F CFA de point d’indice. A vec l’augmentation annoncée, il gagnera 91 000 F CFA au lieu de 82 688 F CFA.

 

L’augmentation salariale est bien perçue par Moussa Coulibaly, un fonctionnaire de catégorie « B« . Père de douze enfants dont un handicapé physique et mari de deux femmes, il remercie l’UNTM pour avoir résisté lors des négociations.

En juillet prochain, date effective de l’application de cette nouvelle mesure, sa vie changera énormément. Son ancien indice 250, avec 330,75 F CFA de valeur d’indice, lui faisait gagner 82 688 F CFA comme salaire de base.

Au 1er janvier 2015 avec la valeur 364 F CFA, il gagnera 91 000 F CFA comme salaire de base, soit une différence de 8313 F CFA.

42 000 F CFA au titre d’allocation familiale contre 18 000 F CFA, soit 24 000 F CFA de plus par mois. Le plus intéressant pour lui sera le rappel de six mois d’augmentation. C’est-à-dire de janvier à juin 2015.

  1. Coulibaly voit déjà l’amélioration de sa condition de vie et l’amoindrissement des pressions familiales. « Pour le paiement des cotisations scolaires des enfants, je ne fournirais pas trop d’efforts. Je pourrais mieux gérer mon foyer et ça se sentira d’ailleurs au niveau du panier de mes femmes« , se réjouira M. Coulibaly.

Dossier réalisé par

Réalisé par Sory I. Konaté

source : Autre Presse

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