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Guelenicoro, région de Sikasso : Le Guantanamo pour douaniers dérangeants

Dans la région de Sikasso, le haut responsable des douanes aurait trouvé le meilleur moyen de punir ses agents qui le dérangeraient le plus : les envoyer dans un goulag à la frontière de la Guinée.

douanes koulikoro mali

Faisant frontière avec trois pays, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée-Conakry, et située au sud du pays, la région de Sikasso est sans aucun doute l’une des régions économiquement les plus importantes voire la plus importante du Mali. Une région qui suscite la convoitise des agents et responsables des services d’assiette notamment de la douane. Dans cette zone, le directeur régional de la douane se serait aménagé un petit royaume, avec, bien sûr, lui-même comme roi, mais aussi juge et bourreau, avec ses bagnes dont le plus célèbre serait un petit village, Guélénicoro, situé sur la frontière entre le Mali et la Guinée. Qui seraient ses bagnards ? Des douaniers. Mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de ses agents dont le seul « crime » serait de déplaire au grand Manitou et à son entourage restreint. Guélénicoro est surnommé Guantanamo en référence à la tristement célèbre prison américaine dans laquelle les prisonniers, jugés ou en détention provisoire, dès leur entrée, sont dépouillés de tous leurs droits civiques et humains, y compris le droit à une vie décente, le droit précieux à la vie.

 

Protégés, préférés et pestiférés

Dans ce Guantanamo malien, Guélénicoro, selon des agents des douanes en poste dans la région, les pensionnaires seraient des douaniers qui y sont affectés parce qu’ils n’auraient pas eu la chance de plaire au tout puissant directeur régional. Les agents douaniers dérangeants, récalcitrants, vindicatifs, qui osent hausser le ton pour réclamer des droits légitimes reconnus par les textes, pour exiger d’être mis dans de bonnes conditions de vie et de travail, pour demander une bonne répartition des ristournes sur les recettes douanières

En plus de se faire un malin plaisir d’envoyer dans ce mouroir ses agents qu’il ne goberait pas, le directeur régional, selon ces mêmes sources très remontées contre leur hiérarchie, est accusé également de procéder arbitrairement à la répartition des agents dans les différents postes de douane de la région. Ainsi, « les protégés et les préférés » du chef seraient envoyés dans les endroits les plus juteux, où les transactions sont fréquentes. Mais tout protégés et préférés qu’ils seraient, ces agents sont tenus, à leur retour de « mission », de partager avec les chefs les pots-de-vin et les « woro songo » glanés sur des clients, les contrebandiers et fraudeurs, très enclins à la corruption.

 

A ceux qui rechigneraient à payer la « dîme », on applique la politique d’ostracisme ou d’exclusion.

 

Néanmoins, même exclus, ils seraient nettement mieux lotis que ceux qui ne bénéficient d’aucune protection.

 

En effet, selon nos mêmes sources, les agents qui ne sont ni des préférés ni des protégés seraient envoyés tout simplement à Guélénicoro où ils n’ont pour seuls compagnons que les serpents, les scorpions, des fauves, des insectes voraces et, depuis peu, le virus de la fièvre hémorragique Ebola. Les « punis » doivent aller dans ce purgatoire chaque trois mois. Et tant pis pour ceux qui tombent malades : ils devraient se soigner à leurs frais et n’auraient droit à aucune indemnité ou prime.

 

Entre serpents, scorpions, fauves, insectes voraces et Ebola

Ceux qui ont la chance de revenir vivants de ce goulag, ont toujours tôt fait d’alerter leurs camarades sur les nombreux dangers qui sévissent dans cette partie du pays.

Cependant, ce ne sont pas ces dangers qui sont en cause. Selon ces agents qui sont venus se plaindre, Guélénicoro est une partie du Mali, or ils sont prêts à servir dans n’importe quel coin de leur pays, à aller à n’importe quel endroit où le devoir les demande. Pourvu que les affectations se fassent sans complaisance ni préférence, sans esprit de vengeance et de punition d’agents dont le seul tort est de réclamer leurs droits.

 

En attendant d’avoir la version de la direction régionale des douanes de Sikasso et l’avis de la section syndicale des douanes, nous avons recueilli l’avis d’un syndicaliste, dans un autre domaine. Selon lui, un travailleur doit aller là où son employeur ou son chef lui demande d’aller, pourvu que cela se fasse dans les règles et selon les nécessités du service.

 

A noter que le secrétaire général du syndicat des douaniers est également celui du Syntade, Yacouba Katilé qui vient d’être élu à la tête de la plus grande centrale syndicale du pays. Il est réputé pour son intransigeance à toujours mettre les travailleurs dans leurs droits.

 

Affaire donc à suivre…   

 

                          Cheick TANDINA

SOURCE: Le Prétoire

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