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GOUVERNEMENT POST ACCORD DE PAIX : Le grand test !

Après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, le Mali devra bientôt avoir un nouveau gouvernement. Le moins que l’on puisse dire c’est que la formation du nouvel attelage constituera un examen de passage pour le président de la République.

 

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En principe, le Mali aura bientôt un nouveau gouvernement. Il sera la suite logique de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation par les mouvements armés du Nord. Le futur attelage gouvernemental devra non seulement refléter les tendances politiques mais aussi prendra en compte les engagements pris par l’Etat vis-à-vis des groupes rebelles et des partenaires techniques et financiers. Il est donc facile d’imaginer que ce ne sera pas une partie de plaisir pour le chef de l’Etat et son Premier ministre.

Si de nombreux ministres font l’objet de supputations, le chef du gouvernement est presqu’assuré de garder son portefeuille comme en témoignent les louanges du président de la République à l’égard de Modibo Kéita lors de la présentation des vœux de l’Aïd el-Fitr. Mais, au-delà des considérations politiques et autres, la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale offrira à Ibrahim Boubacar Kéita l’occasion de reprendre la main, d’asseoir les jalons d’une équipe solide et soudée derrière les objectifs assignés.

Cela est d’autant plus important que l’état de grâce pour le locataire de Koulouba est fini. Après presque 23 mois de présidence, IBK a eu suffisamment de temps pour tester les combinaisons, travailler sur les automatismes et prendre les décisions appropriées pour le Mali. Le nouveau gouvernement édifiera sur la place réelle des mouvements armés dans la tête du président de la République. Entre IBK et les rebelles, c’est une relation en dents-de-scie.

L’on se souvient qu’au début de son mandat, le chef de l’Etat avait haussé le ton avec les séparatistes, allant jusqu’à affirmer lors de la cérémonie d’inauguration de la centrale hydroélectrique de Félou le 17 décembre 2013 qu’il ne « négocierait plus jamais avec un groupe armé ». « Aucun rebelle ne sera à mon hauteur pour négocier, c’est fini », avait pontifié IBK.

Cependant, les choses sont allées vite avec l’arrivée du jeune Moussa Mara à la Primature et sa visite inopportune à Kidal le 17 mai 2014. Depuis cette date mémorable, les positions ont changé : IBK a prié les rebelles séparatistes de s’inscrire dans un processus de négociations de paix dont le point culminant a été la signature d’un accord pour la paix et la réconciliation, le 15 mai puis le 20 juin à Bamako.

 

Cœur contre raison !

A travers ce deal, l’Etat s’est engagé à ouvrir les portes du gouvernement aux mouvements armés. Un remaniement ministériel s’impose et les rebelles ne sont prêts à être des spectateurs résignés de la constitution du team qui devra gérer les affaires de l’Etat. Les groupes armés sont très ambitieux, voire gourmands en ce sens qu’ils exigent qu’on leur confie un nombre « significatif » de départements ministériels.

Pour la satisfaction de cette exigence, diverses interprétations de l’accord d’Alger ont été étalées sur la place publique. Les prochaines heures promettent d’être chaudes pour IBK qui a à cœur d’éviter les frustrations et de ne pas compromettre définitivement l’unité du pays en confiant des portefeuilles clés à des personnalités narcissiques issues de la rébellion. La satisfaction de la majorité présidentielle dans la mise en place du nouvel attelage gouvernemental n’est pas moins problématique que celle des mouvements armés.

Dans un pays où faire partie du camp présidentiel équivaut à goûter aux délices du pouvoir, la formation du futur gouvernement suscitera beaucoup de remous au sein des partisans d’IBK. D’abord, le Rassemblement pour le Mali (RPM), dont les barons se livrent déjà une guerre des tranchées, risque d’être fortement secoué par la mise à l’écart de certains de ses ténors.

Au-delà du RPM, des dirigeants de partis de la majorité qui n’ont pas eu la chance de faire partie des précédents gouvernements voient midi à leur porte. Pour eux, l’heure tant attendue est arrivée et il faudrait que le président de la République lorgne vers eux-aussi. Sous peine de s’aliéner leur soutien politique aléatoire.

L’on a d’ailleurs pu constater la fébrilité de la majorité, avec son corollaire de rivalités inutiles, quand des leaders de ce bord ont eu l’outrecuidance de critiquer l’action gouvernementale. La formation du nouveau gouvernement ne fera qu’en rajouter à ces antagonismes internes.

Comme les mouvements armés et la majorité présidentielle, IBK devra gérer au mieux la présence de sa famille au sein du gouvernement. Le chef de l’Etat a été accusé de népotisme à cause des nominations de son beau-frère et de son neveu au gouvernement.

Ce dernier a quitté le navire depuis pour trouver refuge au secrétariat général de la présidence alors que le second est toujours ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord. IBK avait justifié leur présence au gouvernement par la primauté de « l’intérêt du Mali » et leurs « compétences ». Des arguments qui n’ont pas convaincu grand monde, particulièrement au sein de l’opposition politique.

IBK rectifiera-t-il le tir à la faveur du prochain remaniement ou continuera-t-il dans sa logique de « compétences » ? Les prochaines heures nous en diront plus. Mais, une chose est sûre : le boss de la République joue gros à ce niveau.

A IBK de trancher entre le choix du cœur et celui de la raison !

Par MLSIDIBE

Source : la Rédaction

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