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Gouvernement AIM: portraits très cachés de 2 ministres, (monsieur « je démissionne » et monsieur « jamais IBK » )

L’un des traits marquants de la gouvernance du Président IBK a été sa très grande ouverture sur son camp au détriment de son parti suivant les récriminations de ce dernier. Pour ceux qui se rappellent, le Président IBK, fraichement élu et avant même d’avoir prêté serment, avait donné les couleurs provoquant du coup l’ire de son parti, le RPM.

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En affirmant que son pouvoir ne sera pas un partage de gâteau et que nul ne sera convié au festin sans avoir mérité, le nouveau président rompait clairement avec le consensus prédateur et ventre mou entre toutes familles politiques autour du butin qu’était le Mali. Mais ce qui est surtout resté en travers la gorge des Tisserands comme l’écharde dans la blessure, c’est « je ne dois mon élection à personne en particulier. Ce n’est pas le RPM qui m’a élu ». La très belle tirade politique empruntée par le Président IBK pour définir le périmètre de la Majorité présidentielle (jamais comprise et acceptée au sein de son parti) est aujourd’hui douloureusement vécue.
Si le RPM se satisfait fébrilement de la nomination d’un de ses responsables à la tête du gouvernement, les Tisserands n’ont pas encore oublié ni totalement digéré leur colère par rapport à la nomination de 3 PM non issus de leurs rangs. Et ce n’est pas l’ouverture constante faite à certaines personnalités qui est de nature à apaiser et rassurer les Tisserands qui perdent trois des leurs dans le jeu de chaises musicales au sein de la Majorité.
Réalisme d’une gente politique qui paie ou esprit de tolérance d’un président qui se veut rassembleur au sein et en dehors de son camp ? En attendant la réponse, jetons un rapide coup d’œil sur le parcours très caché de deux membres de l’équipe AIM.

Monsieur « je démissionne »
Au sein de l’attelage gouvernemental conduit par Abdoulaye Idrissa Maïga, un homme tranche par son parcours, éloquent et élogieux. D’une compétence rare, l’oiseau rare avait été prospecté il y a plus d’un quart de siècle, sous GMT. Notre bonhomme est rentré dans l’histoire, à travers une retentissante parodie politico-judiciaire où on lui reprocha (notamment ses cousins à plaisanterie), malgré les dénégations d’authentiques agents assermentés de l’État, quelques incartades et une trop grande beuverie. Ce grand cadre de l’État réhabilité a honoré les couloirs de l’administration par son travail de qualité avant qu’il ne renoue avec la grâce institutionnelle.
Son profil politique secret est très sensible. C’est un cadre et patriote hors pair comme on le rencontre aujourd’hui rarement, mais un gars têtu, d’une fermeté intransigeante et qui ne se laisse pas trimbaler comme le dirait IBK lui-même. Servant sous l’UDPM, c’est l’un des cadres qui a osé regarder la Première dame dans les yeux pour lui dire « je ne ferai pas ce que tu m’ordonnes » et d’aller voir le Général Moussa Traoré pour demander de le décharger de ses fonctions parce qu’il ne veut pas avoir à faire avec sa femme qui ne l’avait pas nommé. Selon ce qu’on dit, le président Moussa Traoré a félicité le bouillant jeune et l’a maintenu à son poste.
Appelé plus tard à un autre haut niveau de responsabilité institutionnelle, notre imperturbable gaillard reste ferme sur ses principes et intransigeant sur les interférences en matière de gestion de deniers publics. Sommé presque le fusil sous la tempe de libérer quelques misérables milliards de l’État, il se raidit et dit niet : je préfère démissionner que de faire ce que vous me demandez. À ceux qui le baga-baga, il répond : je préfère aller en prison pour avoir refusé de tremper dans la magouille que d’aller en prison pour avoir été trempé dans une magouille. Irrités par la non-flexibilité de ringard, les maîtres du jour l’ont prestement relevé et nommé à sa place un cadre plus disposé et plus ouvert…
Puisqu’il n’y a jamais deux sans trois, de là où l’on a nommé pour étouffer le scandale, notre bonhomme reçoit un jour une grande dame envoyée par le fils du sous-chef pour l’instruire de casser un marché pour le lui attribuer. En bon ce qu’on sait de lui, il regarde droit la grande dame dans les yeux : va dire à ton « bilacro que même son père ne peut pas m’imposer ça. Et n’eût été le respect que j’ai pour le pagne que tu portes… dégage de chez moi, espèce de… »
Est-ce parce que le président connaît ce parcours très secret qu’il l’a nommé là à ce poste où les marchés, dit-on, sont juteux ? Si oui, alors tout le monde est prévenu : on ne trimbale pas Monsieur, « je démissionne » !

Monsieur « jamais IBK »
À l’instar de la plupart des dinosaures de l’ère démocratique, son parcours sinueux est fait de haut et bas. Du haut de la crête au temps des démocrates sincères et des patriotes convaincus, défendant le diable, notre virevoltant jeune magnat à l’avenir tout tracé sombre presque dans l’anonymat au temps des généraux… au point de tirer le diable par la queue.
Éminent lieutenant ou éternel second couteau, il fit une percée furtive au détour d’un réajustement de large consensus. Prenant le dessus au sein de son rassemblement, à la suite d’une conspiration clanique contre la légitimité interne, le gars ne rata jamais d’occasion pour faire de large clin d’œil ou déclamations au président IBK devenu entre-temps locataire de Koulouba. Résultat payant : il est récompensé dans un grand ministère, revient au-devant de la scène et en quelques mois avec un air juvénile.
Comme la plupart des cadres politiques, il a bien négocié son rebondissement, lui qui, en vue de la campagne, n’avait jamais envisagé un quelconque ralliement au candidat pour un second tour. On raconte que lorsqu’il s’était agi de trancher entre IBK et Soumi pour le second tour, c’est lui qui était, dans son parti, le gardien du Temple et le chef de file de l’aile intransigeante contre le candidat du Mali d’abord. Refusant de rallier la majorité qui opte pour le candidat du RPM, notre bonhomme aurait laissé entendre : « jamais nous ne nous alignerons derrière un bourgeois, jamais nous ne voterons pour IBK, jamais IBK ne sera président. Nous ferons tout pour l’en empêcher… Allez-y, on verra ce qu’on verra » !
Le 11 août, le candidat IBK est élu avec 77,78 % des suffrages. Soumi, dans un élan républicain, reconnaît sa défaite dès le lendemain. Notre gars crie à la trahison. Il agite et brandit l’épouvantail de l’opposition avant de faire des appels du pied et se rallier. Non sans liquider ceux qui dans son camp avaient rallié IBK dès le second tour.
La politique, n’est-ce pas la ronde des saisons !
À suivre

PAR MOHAMED D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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