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Gouvernance: Mahmoud Dicko entre appels, propositions et menaces

Grève des enseignants, crise sécuritaire, dossier des faux blindés, élections législatives…Ce week-end, au Palais de la Culture, l’ex-président du Haut conseil islamique du Mali s’est lâché sur différentes questions de gouvernance.

 

Samedi 29 février 2020. Il est 10h40 au Palais de la Culture Amadou Hampâté Ba de Bamako. Mahmoud Dicko fait son entrée dans la salle mythique Banzoumana Sissoko. Il est accueilli par des cris admiratifs des milliers d’adeptes et de sympathisants qui avaient répondu présent  à son appel. Dans la loge des officiels, se côtoient responsables politiques, dignitaires religieux et leaders de la société civile, dont le leader du CDR, Ras Bath. Lecture de versets coraniques, chant de l’hymne national, puis Issa Kaou Djim, dans un style bref, campe le décor. Le coordinateur de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (Cmas) de Mahmoud Dicko tient à exprimer une conviction : ‘’l’Imam Dicko est le recours du peuple malien’’. C’est du reste pour cela qu’ils restent, explique-t-il, lui et sa Cmas, derrière l’Imam pour la réaffirmation de leur dignité, leur foi et leur patrie.

Tout de blanc vêtu, écharpe au cou, Mahmoud Dicko a d’abord eu des mots de remerciement à l’endroit de l’assistance, tout en rendant un hommage appuyé au Chérif de Nioro. Lui qui, bien qu’absent de la salle, a tout de même avalisé la rencontre du jour, à en croire l’orateur. « Chers musulmans, j’ai promis de parler. Alors, je parlerai…», a lancé l’Imam Dicko, d’un ton ferme. Selon lui, le moment est enfin venu que les Maliens brisent la chaîne de la soumission et de la résignation. « Nous sommes un peuple de la résistance, un peuple debout. Il est grand temps de mettre fin à la tergiversation et au tâtonnement. Il faut nécessairement que le peuple malien prenne son destin en main », a suggéré le parrain de la Cmas. Lui qui estime que le changement ne doit être ‘’ni un slogan creux ni des promesses non tenues’’.

Pendant que la précampagne électorale bat son plein, l’ex-président du HCI du Mali s’est attaqué aux alliances contre-nature. Il a en effet dénoncé le fait que ceux qui n’ont pas réussi hier à cheminer ensemble dans l’intérêt du Mali aient, de façon spontanée et pour leurs intérêts personnes, nouer des alliances dans le cadre des élections législatives de mars-avril 2020. Une situation dont les Maliens devraient, dit-il, tirer toutes les Leçons.

Concernant la crise scolaire, Mahmoud Dicko, tout en reconnaissant le bien-fondé de leur revendication, a appelé les enseignants à reprendre le chemin de l’école pour l’intérêt des élèves et du Mali. « Le peuple souverain du Mali se portera garant pour que vous ayez vos droits », a-t-il promis, tout en soutenant que le dû n’était pas négociable. Pour faire face à la tension de trésorerie que le gouvernement évoque pour écarter l’application immédiate de l’article 39 du statut du personnel enseignant, l’Imam Dicko propose la suppression de certaines institutions ‘’budgétivores’’. Lesquels n’ont, selon lui, rien apporté dans l’amélioration de la gouvernance. Il s’agit notamment du Conseil économique, social et culturel ; du Haut conseil des collectivités ; de la Haute cour de justice ; du Bureau du vérificateur général ; du Médiateur de la République. Leurs budgets doivent être alloués, dit-il,  aux secteurs prioritaires, notamment la défense, la santé et l’éducation. Mieux, il propose que les budgets de la Présidence de la République et de l’Assemblée nationale soient réduits de moitié.

L’autre sujet qui explique l’indignation et la colère de l’Imam, c’est la crise sécuritaire  au centre du pays. Ainsi, Mahmoud Dicko appelle Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, deux chefs terroristes maliens, à observer une trêve afin d’ouvrir les voies des négociations pour espérer mettre un terme aux souffrances des populations. Il a adressé le même appel à la milice dogon Dan Na Ambassagou.

Ultimatum             

L’affaire des faux blindés qui défraie encore la chronique n’a pas échappé à l’analyse de l’Imam Dicko. Selon lui, il est temps que certaines choses soient sues des Maliens car, le Premier ministre Boubou Cissé, qu’il affirme avoir rencontré sur ce dossier, s’étonne que le Mali ait été floué à l’achat de ces équipements militaires, alors que des officiers de l’armée malienne y ont été associés. Le parrain de la Cmas reste convaincu d’une chose, c’est que tout ce qui arrive au Mali résulte de la mauvaise gouvernance. La corruption est, dit-il, érigée en système, de façon à démotiver de nombreux citoyens, y compris des militaires au front. C’est pourquoi, il donne jusqu’au vendredi 6 mars au régime en place pour un changement de cap dans la gestion des affaires publiques. A défaut, il appelle à une grande mobilisation populaire afin que les Maliens prennent leur destin en main. «Je ne sais pas ce à quoi cela aboutira, mais je ne me préoccupe pas non plus de mon sort ou de ce qu’on dira de moi », a prévenu l’Imam Dicko.

Bakary SOGODOGO

SourceLe Prétoire

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