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GOUVERNANCE IBK : Quand les masques tombent

Avec un président dont l’état de santé inquiète plus d’un, un front social en constante ébullition, une situation sécuritaire dégradante, un processus de paix boiteux, la note est vraiment salée. A ce rythme, chaque jour nous révèle que l’on est très loin du compte.
ibk ibrahim boubacar keita president malien interview
 
Depuis son élection à la magistrature suprême, Ibrahim Boubacar Keita n’a pas eu de répit. IBK avait souhaité être président en 2002 quand le Mali était sur orbite. Mais, le sort a voulu autrement. Le père fondateur du Rassemblement pour le Mali (RPM) devait attendre 11 longues années pour prendre les destinées d’un pays miné par les séquelles de l’une des pires crises politico-sécuritaires de son histoire. Les Maliens ont confié leur destin au natif de Koutiala en le plébiscitant lors des dernières élections présidentielles (plus de 77%). Celui-ci était appelé à continuer sur la dynamique gagnante enclenchée par la transition politique, qui avait débouché sur son arrivée au pouvoir. Après avoir conquis l’électorat par ses promesses et rhétoriques politiques, le chef de l’Etat a perdu les pédales. La conséquence de cette perte des repères par le boss de la République est que la nation est presqu’aux arrêts.  Avec un président dont l’état de santé inquiète plus d’un, un front social en constante ébullition, une situation sécuritaire dégradante, un processus de paix boiteux, la note est vraiment salée. A ce rythme, chaque jour nous révèle que l’on est très loin du compte.
Le régime d’IBK n’arrive pas à apaiser le bouillonnant front social. Aux récurrentes grèves des enseignants à tous les niveaux d’enseignement et des agents socio-sanitaires, il faudrait désormais ajouter le débrayage des magistrats. Déclenchée le 9 janvier 2017 pour « seulement » une semaine, la grève est brusquement devenue illimitée. Les porteurs de robe rouge exigent l’augmentation de leurs salaires, primes et indemnités en plus de la relecture du statut de la magistrature. Pour justifier leurs demandes, les magistrats utilisent comme arguments les disparités sociales et les traitements réservés à leurs collègues de la sous-région. L’Etat affirme n’avoir pas suffisamment de moyens pour satisfaire ces doléances. En retour, les magistrats, qui ne veulent point céder, crient à la « mauvaise foi » du pouvoir.
Bérézina!
Un bras de fer est donc lancé entre les deux camps. Malgré ses multiples dénonciations du système en place, le chef de file de l’opposition a vainement tenté de faire changer d’avis les magistrats. Avant l’honorable Soumaïla Cissé, des leaders religieux avaient vu leurs tentatives de conciliation vouer à l’échec. Sentant le mercure monter, le président de la République a finalement jeté son dévolu sur le secrétaire général de la présidence de la République pour faire revenir les grévistes à de meilleurs sentiments. Fin stratège, Soumeylou Boubèye Maïga peut aider à dénouer la situation. Toutefois, rien n’est garanti tant cette crise de confiance entre les magistrats et le régime est assez profond. Elle est surtout la résultante de la mauvaise habitude de gestion bâclée des doléances de certaines corporations au Mali. 
Au-delà des corporations, la gestion de la crise du Nord est des plus contestées. Le « carnage » du mois dernier à Gao n’a fait qu’ouvrir davantage les yeux des Maliens, qui croient de moins en moins à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Le deal de paix est plus que jamais dans l’impasse. Et pour ne rien arranger, les différents acteurs ne semblent plus regarder dans la même direction. Comme en témoigne le claquage de la porte des discussions non seulement par la Plateforme pro-Bamako mais aussi par les rebelles de la Coordination des mouvements armés (CMA) les 30 et 31 janvier 2017 à Bamako lors de la 15e session du Comité de suivi de l’accord (CSA). Ce qui n’arrange pas du tout l’Etat, qui est déjà fragilisé par l’escalade de la situation sécuritaire et l’hégémonie des mouvements rebelles dans les régions septentrionales. A cet effet, le chef de file de l’opposition a regretté lors de sa présentation de vœux mardi dernier à la presse que Kidal soit sous l’emprise de la rébellion et que l’Etat ne puisse se rendre ni à Gao ni à Tombouctou sans la bénédiction de la Mission de l’Onu au Mali (Minusma). Une très mauvaise posture pour le gouvernement, qui doit s’employer à renverser la tendance. Comment véritablement faire revenir le Nord, particulièrement Kidal dans le giron de l’Etat? C’est à cette question que le gouvernement doit trouver des réponses idoines.
Les perspectives politiques s’assombrissent un peu pour le président IBK avec cette lancinante question du Nord. Au moment où certains leaders du Rassemblement pour le Mali (RPM) pensent à 2018 et à la réélection de leur chouchou, certains « mecontents » du parti présidentiel scrutent vers d’autres horizons politiques. Au sein de la majorité présidentielle, certains leaders de l’Adema débattent déjà de la question de présenter un candidat contre le chef de l’Etat à la prochaine présidentielle. Visiblement, le parti de l’abeille, qui avait été champion de l’unanime sous ATT, ne veut plus se contenter de jouer les seconds rôles sous IBK. Du côté de l’opposition politique, l’on peaufine davantage les stratégies quotidiennement. Les rencontres et les appels à l’union sacrée se multiplient. C’est pourquoi, le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) souhaite que l’opposition politique  « réussisse l’unité d’action » contre les tares de la gouvernance actuelle. Une bataille rude s’annonce entre l’opposition et le RPM, qui entend persuader des challengers politiques d’IBK à rejoindre les rangs du parti présidentiel.
Ogopémo Ouologuem (correspondant aux USA
Source: lesechos

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