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GOUVERNANCE : IBK doit se rapprocher du peuple

IBK veut être présent sur presque tous les fronts à l’étranger alors que le bateau Mali, sa priorité dans l’ordre normal des choses, n’est pas au mieux.    

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« La charité bien ordonnée commence par soi-même », dit l’adage. Cette maxime épouse parfaitement le contexte de la gestion d’un pays. Les dirigeants sont élus sur la base de leur projet de société. Une fois aux commandes d’une nation, un président a le devoir de concrétiser ses promesses électorales, en plaçant ses concitoyens au cœur de ses actions. Avant de penser à l’étranger, un chef d’Etat doit s’assurer que les choses évoluent dans le bon sens dans son pays et que ses compatriotes sont satisfaits de sa gouvernance, du moins de la façon dont les secteurs clés et les dossiers les plus sensibles sont gérés. Pour cela, les gouvernants et les gouvernés doivent être sur la même longueur d’onde, surtout dans les périodes charnières. Cependant, au Mali, il y a un fossé entre le président de la République et les Maliens. Au lieu de se rapprocher de son peuple en basant l’action gouvernementale sur les préoccupations quotidiennes des Maliens, Ibrahim Boubacar Keita a un penchant excessif pour l’extérieur. IBK veut être présent sur presque tous les fronts à l’étranger, alors que le bateau Mali, sa priorité, dans l’ordre normal des choses, n’est pas au mieux.

Des partisans du président soutiennent que ce dernier souhaite signer le retour de notre pays dans le concert des nations, la plus solennellement possible.

IBK doit justement s’atteler à mettre fin  à cette « tutelle extérieure » qui n’honore pas le Mali dont le président ne peut pas se rendre dans certaines parties du pays sans l’aval de l’extérieur, notamment de la France. Ce dernier pays a vu le président malien « en larmes » sur son sol après des attaques barbares comme celles contre Charlie Hebdo.

Mirage

La présence française au Nord-Mali suscite toujours des interrogations. Remerciée par tout un peuple après le déclenchement salvateur de l’Opération Serval qui a stoppé l’avancée des djihadistes vers le sud, la France est aujourd’hui vue au Mali comme une puissance aux desseins obscurs. Ses rapports avec les séparatistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont au centre de toutes les spéculations. Non seulement la France fermerait les yeux sur les bavures du MNLA, mais elle n’exerce aucune pression sur des leaders du mouvement sécessionniste dont les accointances avec les réseaux mafieux sont pourtant avérées. Comme l’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire, il est difficile de croire à la sincérité du gouvernement français de vouloir débarrasser le septentrion des menaces sécuritaires. Et si l’on ajoute la prise en otage continue du processus de paix par les groupes armés sans que la France n’use de son influence sur eux, l’on se rend compte que ce pays a son propre agenda au Mali. Cette duplicité française a fait dire au musicien Salif Keita que « si la France voulait que la guerre s’arrête, ce serait fini demain ». Il est évident que les nombreux déplacements d’IBK entre Bamako et Paris n’ont pas vraiment servi d’établir de rapports sincères entre les deux nations.

En réalité, le pays fait les frais de l’absence chronique de son chef alors que les retombées des déplacements présidentiels à l’extérieur sont sujettes à caution. Le Mali est l’un de ces pays où tout est lié à la volonté du président de la République. Tout est bloqué quand il est absent. La tenue de façon irrégulière du conseil des ministres hebdomadaire est un cas palpable. Le conseil des ministres ne se réunit pas certaines semaines à cause des déplacements à l’étranger du chef de l’Etat. Et s’il se tient en l’absence d’IBK, c’est pour seulement prendre des décisions de moindre ampleur. En témoignent les communiqués des conseils de ministre sans IBK. Au-delà de l’attelage gouvernemental, c’est la nation elle-même qui est parfois suspendue au retour d’IBK de ses voyages à l’étranger.

Le 20 novembre 2015, lors de l’attentat du Radisson Blu de Bamako, le président de la République participait au Sommet du G-5 à Ndjamena au Tchad. IBK est rentré d’urgence à Bamako. Et la capitale retrouva la quiétude quelques heures après l’arrivée du chef de l’Etat. Plus récemment, pendant que le pays subissait les conséquences néfastes de la grève des magistrats puis de celle des agents socio-sanitaires, le natif de Koutiala n’a pas modifié son programme de voyage initial. Pourtant, il a fallu qu’il soit physiquement présent à Bamako pour que ses compatriotes voient le bout du tunnel.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

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