La gestion de la crise du nord du Mali semble devenir un véritable jeu de dupe. Car ceux qui sont venus à nos chevets semblent avoir d’autres agendas méconnus du grand public.
Depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita, le dossier sécuritaire du septentrion est au centre de toutes les attentions. Après deux ans de dures épreuves, le peuple malien a plus que jamais le regard tourné vers l’avenir .C’est-à-dire un Mali réconcilié avec son histoire, débarrassé du terrorisme et de toutes velléités indépendantistes ou sécessionnistes. Cette paix, qui constitue le préalable de tout développement, devra permettre à tous les fils et filles du pays de se retrouver comme cela l’a toujours été par le passé en vue de réinventer un nouveau destin. Le processus de sortie de crise engagé depuis plus de sept mois à travers un dialogue inclusif permettant à toutes les parties prenantes de trouver un compromis, tarde à donner des résultats probants. Ce qui pourrait jeter les bases d’un développement harmonieux. Le développement de la gestion de cette crise semble devenir un véritable jeu de dupes. Car ceux qui sont venus à nos chevets semblent avoir d’autres agendas méconnus du grand public. Les actes de haute portée qui devraient être posés au nord du Mali pour calmer les esprits sont loin du compte. Il s’agit bien entendu, du respect du cessez –le feu. Au même moment, les forces de la Minusma s’illustrent dans le dilatoire dans l’exécution de leur mission. Notamment la protection de la population civile et la sécurisation et la stabilisation des grandes agglomérations, qui figurent en bonne place dans la résolution 2100 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution est en passe d’être piétinée par les forces de la Minusma, car certaines populations s’estiment en insécurité. Et pourtant, ils sont censés prendre toute les dispositions pour faire respecter le cessez-le feu signé entre l’Etat et les groupes armés. On constate aisément que sur le terrain, le nord s’embrase à petit feu dans l’indifférence totale de nos partenaires. Surtout quand on sait que la mission dévolue aux forces de maintien de la paix, c’est de s’interposer entre les belligérants pour éviter l’éventuel affrontement. Mais dans le nord du Mali, c’est l’effet inverse. Ils assistent comme des spectateurs à des scènes d’affrontement. Même s’il faut reconnaitre de passage qu’ils ont été victimes le plus souvent de ces différentes attaques sporadiques. Les populations civiles sont laissées à elles-mêmes. Le Gatia (groupe auto-défense touarègue imghad et alliés) qui assurait la sécurité à Gao a failli être désarmé par le truchement des procédés peu orthodoxes de la Minusma, en instaurant une zone tampon à Tanbakort, fief du Gatia. De surcroit, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain, le Mnla semble bénéficier d’une complicité de certains de nos partenaires. Surtout quand on sait que le Mnla s’agite ces derniers temps dans cette partie du territoire comme bon lui semble, et que par contre le Gatia , mouvement présumé favorable au gouvernement n’a pas les coudées franches. Pour preuve, quand le Gatia a fait une percée fulgurante la semaine dernière vers Kidal, des injonctions ont fusé de la tribune des nations Unies leur intimant de rester sur leur position .Pour ramener la sérénité dans le septentrion, il est évident que toutes les dispositions doivent être prises par les forces onusiennes pour faire taire les armes au moment ou un cessez-le-feu a été paraphé entre les parties et que les négociations se poursuivent. Le crépitement des armes ne doit aucunement rimer avec le processus de négociation.
La France joue-t-elle franc jeu avec le Mali ?
Malgré la prouesse de la force serval le 11 janvier 2013, ayant permis de stopper l’avancée des djihadistes vers le sud du pays, les terroristes sont loin d’être neutralisés au nord comme le clamaient les autorités Françaises. La bête a pris du poil depuis quelque temps, semant ainsi le doute dans l’esprit de bien de nos compatriotes.
La question qui taraude les esprits est de savoir si la France joue franc jeu avec le Mali dans ce dossier. On est tenté de répondre par la négative en dépit de profession de foi des officiels français de trouver le plus rapidement possible une issue à la crise malienne. Tout laisse à croire que seule la France détient la clé de la résolution de la crise malienne. D’autant plus que la France dispose de tous les moyens pour capturer le chef d’Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali, qui tire les ficelles, qui en son temps a été mis à contribution pour la libération de Serge Lazarevic, dernier otage français dans le sahel. Lors de la rencontre avec la mission conjointe de l’Union Africaine et l’Union Européenne la semaine dernière, le chef de l’Etat n’a pas porté de gant pour clamer publiquement l’influence que peut avoir Iyad Ag Ghali sur les négociations de paix en cours à Alger. « Iyad Ag Ghali est une menace pour la paix », a t-il laissé entendre. En clair, la France doit parachever la mission qu’elle s’est assignée.
Cependant, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que tous les observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que le retour à la normalité dans le septentrion comporte des exigences auxquelles les parties prenantes doivent se plier. Il s’agit de faire respecter le cessez-le-feu, d’instruire à tous les mouvements de déposer les armes. Tout en laissant le soin aux forces partenaires et l’armée malienne de sécuriser les périmètres afin d’épargner les pertes en vie humaine et de donner une chance au processus de finir en beauté.
Boubacar SIDIBE