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Général Siaka Sangaré, Délégué général aux élections : « Tous les fichiers sont perfectibles »

A la tête de la Délégation générale aux élections (DGE) depuis 2006, le Général Siaka Sangaré est un des principaux acteurs de l’élection présidentielle. Plébiscité à l’international pour son expertise, il a dégagé un moment dans son agenda chargé pour répondre aux questions du Journal du Mali.

Quelles sont les spécificités du fichier électoral cette année ?

Cette année, après la révision exceptionnelle des listes électorales, nous avons mis à jour le fichier existant. Il en est ressorti que nous avons 8 464 000 électeurs répartis entre 23 041 bureaux de vote. Ce fichier n’a pas de spécificité par rapport aux précédents, c’est simplement une mise à jour. Si je devais parler de spécificité, ce serait de l’inversion du ratio hommes – femmes. Auparavant, le nombre de femmes était supérieur, mais dans le fichier actuel c’est l’inverse. Nous nous sommes aperçus que cela est surtout dû à l’étranger, où il y a plus de 520 000 électeurs mais très peu de femmes.

Après son audit, l’OIF a conclu que le fichier était fiable mais perfectible. En quoi l’est-il ?

Ce n’est pas moi qui le dit, mais le comité d’audit. Il n’y a pas de fichier parfait, tous les fichiers sont perfectibles. Dans le contexte malien, il y a deux insuffisances qu’il conviendrait de corriger : la sous-inscription des jeunes électeurs et l’existence d’électeurs décédés. Il y a aussi des erreurs de saisie qui sont indépendantes de la volonté de la DGE mais qui doivent également être corrigées.

La révision exceptionnelle destinée aux nouveaux majeurs n’a pas suscité un grand engouement. Cela a-t-il eu une incidence ?

Cette sous-inscription des jeunes majeurs est une insuffisance du fichier électoral indépendante de la volonté de la DGE et de celle du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD). Lorsque nous avons élaboré le fichier de 2016, dans la perspective des communales, nous avons fait une évaluation et rédigé une note technique qui a été envoyée au MATD. C’est pour cela que le ministère a organisé une opération spéciale d’enrôlement des jeunes majeurs. Nous nous attendions à au moins 500 000 jeunes, mais le résultat a été très décevant, puisque nous en avons recensé moins de 100 000.

Comment expliquer la présence de personnes décédées dans le fichier ?

Même le jour du scrutin, au moment où certains sont en train de voter, d’autres sont rappelés à Lui par le Bon Dieu. Dans le contexte malien, ceci s’explique par deux phénomènes. Tout d’abord, nous avons un état-civil en construction, pas encore fiable. Tous les faits d’état-civil ne sont pas enregistrés à temps. Cela a été aggravé par la suppression de l’impôt per capita qui, à la faveur des évènements de mars 1991, a été supprimé, certainement à juste raison. Il obligeait la famille d’une personne décédée à aller le déclarer rapidement afin de ne pas devoir le payer. Depuis la suppression, les chefs de famille ne se pressent plus pour faire les déclarations. Voilà pourquoi nous avons des électeurs décédées dans le fichier, mais le plus important est de faire en sorte qu’on ne puisse pas utiliser leurs cartes d’électeurs. Le dispositif mis en place cette année, avec un assesseur de la majorité et un autre de l’opposition qui auront pour mandat spécifique l’identification des électeurs dans les bureaux de vote, fera que, j’en suis sûr et certain, s’ils ne sont pas complices, personne ne pourra passer à travers les mailles du filet avec la carte d’autrui.

Certains électeurs se plaignent de devoir voter très loin de leur domicile. Quelle en est la cause ?

Cette année, nous avons fixé un minima pour tous les bureaux de vote. Si le nombre d’électeurs dans un bureau n’atteint pas 50, ce bureau est rajouté à un autre. Effectivement, cela peut créer un phénomène d’éloignament. Mais les gens devraient chaque année, à l’occasion des révisions des listes électorales (d’octobre à décembre), aller changer leur lieu de vote afin de se rapprocher de leur lieu de résidence. Je l’ai fait personnellement.

La DGE procède au financement public des partis politiques. Un financement spécial est-il prévu en période électorale ?

Le financement des partis politiques est une aide que l’État leur accorde. Son montant est égal à 0,25% des recettes fiscales du budget d’État. C’est donc un financement annuel, qui n’est pas lié aux élections qui n’ont pas de financement spécifique prévu. C’est un peu l’une des faiblesses de notre système électoral, mais des réflexions sont menées. Je pense que, tôt ou tard, la possibilité de rembourser jusqu’à un certain niveau les dépenses électorales existera, tout comme le fait de fixer un plafond de dépenses pour les campagnes. Dans certains pays, c’est 300 millions, dans d’autres 500. Il va falloir que nous fassions la même chose.

Quels sont les critères de financement public des partis ?

Il y a sept critères d’éligibilité, dont cinq importants. D’abord, il faut avoir un siège différent du domicile, tenir les instances statutaires, avoir un compte dans une institution financière et déposer le 31 mars de chaque année un bilan qui doit être validé par la Section des comptes de la Cour suprême. Ensuite, il faut avoir participé aux élections générales.

Le poids et l’implantation des partis déterminent-ils leur financement ?

Oui. Il y a une clé de répartition. Ceux qui ont beaucoup d’élus ont une plus grande part. 35% sont répartis entre les partis au prorata du nombre de députés. Il en est de même pour les conseillers communaux et pour le genre. 10% sont alloués aux femmes élues, 5% pour les femmes députés et 5 autres pour les conseillères.

Journal du mali

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