La Force conjointe du G5 Sahel et le Collège de défense ont été au centre des discussions entre les chefs d’état-major des pays membres
La menace évolue de manière insidieuse, la riposte doit donc se faire plus organisée. Telle était la conviction exprimée hier à l’Ecole de maintien de paix Alioune Blondin Bèye de Bamako par le général Ibrahim Sahid Mahamane, chef d’état-major général des armées du Tchad. Celui-ci qui est également président du Comité défense et sécurité du G5 Sahel (G5S) a présidé la cérémonie d’ouverture de la réunion extraordinaire de cette organisation en présence de ses homologues du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Burkina Faso.
La France, pays non membre du G5S, était représenté par son chef d’état-major, le général Pierre de Villers. Il faut rappeler que dans le cadre de la lutte contre le terrorisme des troupes françaises interviennent dans l’espace sahélien à travers la force Barkhane. Dont des éléments sont positionnés dans tous les pays membres du G5 Sahel.
Au cours de la rencontre qui a duré une journée, les chefs d’états-majors des armées des pays membres du G5 Sahel ont eu à trancher sur les questions essentielles pour le Comité défense et sécurité. En plus de la présentation et l’analyse de la situation sécuritaire dans l’espace commun ainsi que du compte-rendu de la dernière réunion et de celui des opérations militaires transfrontalières, il s’agissait de valider les conclusions des experts sur la Force conjointe et la montée en puissance du Collège de défense du Sahel.
La réunion du G5 Sahel, selon le général Touré, chef d’état-major malien, constitue un rendez-vous capital au regard de la densité et de l’importance des points inscrits à l’ordre du jour. Qu’il s’agisse de la validation du document conjoint de coordination interalliés n° 4 (DCCI-4) ou de l’examen des travaux de réflexion sur la création de la Force conjointe du G5 Sahel, les décisions et recommandations issues de cette rencontre seront déterminantes pour la marche de l’organisation. Le chef d’état-major a, par ailleurs, salué « les efforts de la force Barkhane et de armées nationales qui planifient et mènent régulièrement des opérations qui donnent des résultats forts appréciables dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ».
Le général Mahamane Touré a rendu un hommage mérité le travail accompli, deux jours durant, par les officiers experts qui ont produit les documents sur la création de la Force conjointe du G5 Sahel et la montée en puissance du Collège de défense du Sahel. « Pour ce qui nous concerne, le Mali, conscient des enjeux sécuritaires dans la sous-région, est favorable à la mise en place d’une Force conjointe dotée de capacités autonomes pour contenir et éradiquer la menace terroriste qui plane sur la région sahélienne », a-t-il annoncé.
HOMOGÈNES À TOUS ÉGARDS. Dans son intervention, le président du Comité défense et sécurité du G5 Sahel, le général Ibrahim Sahid Mahamane, a rappelé que le 4 mars dernier, s’est tenue à N’Djamena la première réunion des ministres de la Défense qui a non seulement adopté toutes les recommandations, mais a aussi donné une impulsion nouvelle au comité en lui enjoignant de créer un comité chargé de réfléchir sur la création de la Force conjointe et de la montée en puissance du Collège de défense du Sahel.
Selon le général tchadien, l’expérience des trois mois écoulés ne laisse plus aucun doute sur l’évolution insidieuse de la menace sur l’espace frontalier et sur l’étroite connexion entre les terroristes et les groupes criminels traditionnels. C’est pourquoi une réponse collective, adaptée et évolutive est désormais nécessaire.
Le Burkina faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad constituent un espace regroupant la plus grande concentration des menaces sur la paix, la sécurité et le développement. Ces pays sont homogènes au plan de leurs caractéristiques physico-naturelles et de leurs indicateurs de développement socio-économique. Ils sont également homogènes de par l’histoire, la géographie et la culture ou même d’un point de vue géopolitique.
Le G5 Sahel est perçu comme le bon format et la bonne échelle pour traiter des questions spécifiquement sahéliennes. Il regroupe en effet un ensemble de pays touchés par des fragilités structurelles similaires et présentant un ensemble cohérent. Sa création remonte au 16 février 2014 et sa convention a été signée le 19 décembre de la même année avec l’objectif majeur de coordonner les politiques et stratégies de développement et de sécurité des cinq Etats.
La création du G5 Sahel est sous-tendue par une forte volonté politique et un engagement ferme des chefs d’Etat de circonscrire les préoccupations communes de sécurité, de développement, mais aussi et surtout de démocratie, afin de s’approprier en toute responsabilité le leadership de leur destinée dans un esprit de coopération mutuellement bénéfique. Le G5 Sahel apparait indéniablement comme la meilleure approche, le dispositif idéal d’intégration et d’opérationnalisation des actions de résolution des problèmes par ceux qui en sont concernés au premier chef, mais aussi et surtout l’instrument adéquat de coordination de toutes les initiatives en faveur du Sahel.
A.DIARRA
Source : L’ Essor