Selon l’ex-Premier ministre français, Manuel Valls, il faut « mettre un terme » aux accords permettant de faire venir, en France, des imams algériens et marocains, à l’occasion du Ramadan. Ce qui suscite bien des interrogations.
« Ces accords existent avec l’Algérie comme avec le Maroc. Je pense qu’il faut, le plus vite possible, y mettre un terme, parce ce que ça ne correspond pas à l’idée qu’on doit se faire d’un islam des Lumières en France, d’un islam de France. L’islam est une religion française désormais et il faut pour cela qu’elle soit totalement compatible avec ce que nous sommes », a déclaré Manuel Valls.
Selon les médias français, pour le compte de cette année 2018, l’annonce officielle de la venue de 100 imams algériens, à l’occasion du Ramadan, a été formulée le 15 mars dernier lors d’une rencontre, à Alger, entre Gérard Collomb et le ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. « Nous avons choisi 150 imams, parmi les meilleurs qui ont exprimé le vœu d’aller à l’étranger pour diriger les prières durant le mois sacré de Ramadan », indique une dépêche de l’agence officielle de presse algérienne reprenant ainsi cette citation du ministre. « Vu la forte concentration de la communauté algérienne qui y est établie et les 50 autres seront répartis à travers plusieurs pays, comme l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Belgique et le Canada », la France en recevra 100 parmi ces 150 imams.
Interpellé par LCI sur la question, Djelloul Seddiki, directeur de l’institut Al-Ghazâli de la grande mosquée de Paris, chargé d’accueillir les imams étrangers, précise que « ces imams viennent pour 29 jours (…). Nous les accueillons, leur réservons une nuit d’hôtel et nous occupons des affectations en amont. Ils n’ont pas de formation en arrivant car ils vont simplement réciter les 60 chapitres du Coran en arabe, ils n’ont pas besoin de savoir parler français ».
Toujours selon LCI, cet accord, passé entre la France et l’Algérie à l’occasion du Ramadan, est loin d’être nouveau, ou même isolé. Déjà en 2011, prend comme exemple le site, le Conseil français du culte musulman (CFCM) annonçait la venue de 180 imams marocains. Mohamed Moussaoui, le président expliquait à l’époque que « c’est devenu une tradition. Chaque année, le Maroc nous envoie en renfort des imams pour assurer la lecture du Coran et les prêches durant le mois sacré du Ramadan où les fidèles sont plus nombreux à se rendre sur les lieux du culte musulman ».
Selon l’agence de presse algérienne, ces imams ont été « sélectionnés pour la maîtrise des règles de la psalmodie et les aptitudes à diffuser un discours religieux “modéré et éclairé”, à être les ambassadeurs de la paix et à faire valoir la véritable image de l’Islam dans le monde ». Une explication qui ne fait pas l’unanimité et qui ouvre la voie à bien des questions, avec notamment la radicalisation de plus en plus remarquée des ressortissants d’Algérie et du Maroc.
Afrik