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France 24: « les Bambaras ont voté pour Ibk, les Songhay pour Soumi »

Le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement territorial, Moussa Sinko Coulibaly, a proclamé, ce vendredi 02 août, les résultats complets provisoires du premier tour de l’élection présidentielle. Le même jour, les médias français, en particulier France 24, ont interprété à leur manière les différents scores, notamment ceux des deux candidats arrivés en tête de course. Ainsi, les résultats d’Ibrahim Boubacar Kéita (Ibk) et de Soumaïla Cissé (Soumi) sont présentés comme une opposition entre le nord et le sud du Mali

France24Ce même vendredi donc, sur France 24 une certaine Armelle Charrier s’est subitement transformée en analyste politique experte du Mali. Selon cette pimbêche, les Bambaras ont voté pour Ibk, les Songhay pour Soumi. Pour seule preuve, les origines géographiques de l’un et de l’autre. Elle a certes raison sur les origines mais pour le reste, la sociologie du pays, elle doit repasser.

 

Si Ibk est bien originaire du sud du pays, il n’est aucunement bambara mais un Malinké de pure souche. Un Malinké qui, toutefois, connait beaucoup moins le Mandé que les régions du nord où il a commencé sa carrière professionnelle, pour le compte d’une ONG, « Terre d’Afrique » En outre, ce descendant de Sunjata Kéita, empereur mandingue, a passé une partie de son enfance à Koutiala (3ème région), en pays minianka, a fait ses études supérieures en France avant de choisir Bamako comme résidence principale. La Charrier oublie sans doute aussi que l’épouse d’Ibk est originaire du cercle de Bourem, en plein pays songhay, qu’elle est issue d’une des grandes familles Maïga de la région de Gao, qu’elle est connue pour être la fille d’un des premiers cadres de cette région, son père ayant été membre d’un gouvernement de Modibo Kéita, le père de l’indépendance.

 

 

En outre, un des principaux responsables de la campagne électorale d’Ibk s’appelle Abdoulaye Idrissa Maïga, fils d’une famille fondatrice de Gao. Cerise sur le gâteau, le président du Rpm vient de recevoir le soutien de Choguel Kokalla Maïga, président du Mpr, candidat malheureux à la présente présidentielle et originaire du cercle d’Ansongo. Tout comme cet ancien Premier ministre qui vient de se féliciter de la victoire d’Ibk.

 

 

Quant à Soumaïla Cissé, il est vrai qu’il est originaire de Banikane, un village de Niafunké, région de Tombouctou. Lui non plus n’a pas résidé dans la région depuis son enfance, ayant partagé la quasi-totalité de sa vie entre Paris, Bamako et Ouagadougou. Tout comme Ibk méconnait son mandé originaire, Soumi connait mal son Niafunké natal. En outre, son épouse est originaire de Kolokani, la capitale du Bélédougou, pays bambara par excellence. Les responsables de campagne électorale de Soumi sont des Bambaras.

 

Pour résumer, Ibrahim Boubacar Kéita est un Malinké qui connait beaucoup plus le nord que le sud dont il est originaire. Soumaïla Cissé est un Songhay qui connait beaucoup plus le sud que le nord dont il est originaire.

 

Ceci dit, on peut comprendre que la Charrier veut justifier les honoraires que lui verse le contribuable français pour ses analyses à la gomme, mais ici au Mali, on peut s’inquiéter de ces conclusions simplistes car dans ce pays, on ne connait pas le vote ethnique, racial ou communautariste. De telles analyses peuvent se révéler dangereuses. Et surtout, inciter aux oppositions ethniques, raciales ou communautaires. En effet, c’est en inventant ce genre de clivages ethniques que des bandits ont pris les armes contre le pouvoir central tout en se présentant sur les médias occidentaux comme des victimes, des minorités brimées et marginalisées. C’est ainsi qu’est né en occident, le lobby des Touareg maintenus par les autorités dans le sous-développement économique et la misère sociale, un lobby grâce auquel quelques prédateurs, une infime minorité des communautés touarègues et arabes, ont pu bénéficier de la part de l’Occident, sympathie, financements, armements et logistiques pour mettre le pays à feu et à sang. A présent, la situation n’est pas encore stabilisée dans le nord du Mali, et la défiance et la méfiance existent toujours entre les différentes communautés jadis en parfaite harmonie et bonne intelligence. A la faveur de cette élection, France 24 voudrait-elle contribuer à verser de l’huile sur le feu au risque de paraitre comme une « télévision des mille collines » ?

 

 

A Rfi, le pendant de cette chaine, on parait beaucoup plus subtil, Ghislaine Dupond se contentant de donner les chiffres et scores par ville ou cercle.

 

 

Cheick TANDINA

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