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Français condamné à mort en Indonésie: Paris met en cause la justice et menace

Après avoir vainement demandé la clémence pour Serge Atlaoui, condamné à mort à Jakarta pour trafic de drogue, la France, que soutient l’Union européenne, a vivement dénoncé jeudi les “dysfonctionnements” de la justice indonésienne et menace d’une dégradation des relations bilatérales.

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Dans une lettre à son homologue indonésien, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, affirme que Serge Atlaoui “n’a pas bénéficié du plein exercice de ses droits”, “du fait de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne”. Une analyse que devrait contester jeudi soir son homologue indonésienne lors d’un entretien téléphonique.

Le prévenu a été victime d’un “traitement expéditif”, et “condamné à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées”, assure M. Fabius dans cette lettre à Mme Retno Lestari Priansari Marsudi.

La France “demande instamment que l’Indonésie respecte dans cette affaire ses propres règles de droit et les obligations internationales que lui imposent les conventions” qu’elle a adoptées, ajoute M. Fabius.

L’Union européenne s’est à son tour émue de cette condamnation.

“Nous reconnaissons que l’Indonésie doit affronter un problème de (trafic de) drogue grandissant, mais l’expérience dans d’autres pays montre que la peine capitale n’est pas la bonne réponse”, a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Au ton ferme adopté par Paris ces derniers jours, l’Union a toutefois préféré un message d’apaisement. “L’UE est prête à réfléchir aux moyens de soutenir les efforts de l’Indonésie dans sa lutte contre la drogue et nous sommes prêts à renforcer notre coopération avec l’Indonésie en ce domaine”, a annoncé Mme Mogherini.

Au terme de discrètes démarches pour arracher la clémence des autorités indonésiennes, la France a décidé de changer nettement de ton, alternant menaces voilées et accusations d’irrégularités judiciaires pour tenter de sauver Serge Atlaoui, dont le dernier recours a été rejeté mardi par la Cour suprême d’Indonésie.

Incarcéré depuis dix ans, ce père de quatre enfants, âgé de 51 ans, affirme qu’il n’a fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d’ecstasy.

-‘Traitement expéditif’-

Dans sa lettre, M. Fabius, qui a convoqué mercredi pour la troisième fois l’ambassadeur d’Indonésie à Paris, fait valoir que les autorités de ce pays ont annoncé le rejet du dernier recours alors même qu’il était en cours d’examen.

Il ajoute que “la décision de la Cour suprême a été rendue en quelques semaines et sans audition des témoins”, ce qui constitue un “traitement expéditif”.

Autre dysfonctionnement, selon lui: Serge Atlaoui “est présenté comme étant chimiste alors que tant ses co-condamnés que l’ensemble des témoignages permettent d’établir qu’il est soudeur et travaillait en tant que tel dans l’usine où étaient produits des stupéfiants”.

Interrogée par l’AFP à Jakarta, la ministre indonésienne des Affaires étrangères a indiqué qu’elle allait “expliquer” par téléphone à M. Fabius “le système judiciaire en Indonésie” et “l’urgence de la situation provoquée par les crimes liés à la drogue” dans l’archipel.

Au delà de son argumentaire en forme de réquisitoire, Paris agit sur le terrain diplomatique.

L’exécution de Serge Atlaoui “serait dommageable pour l’Indonésie” et pour les relations bilatérales, a ainsi déclaré mercredi le président François Hollande, rappelant son opposition à la peine de mort, abolie en France en 1981.

“Les leviers dans ce domaine concernent à la fois les relations bilatérales et au niveau européen”, selon une source diplomatique française. “On va probablement parler de cette affaire aujourd’hui au sommet européen de Bruxelles” consacré au drame des migrants, a ajouté cette source.

Le commerce entre la France et l’Indonésie a atteint 3,2 milliards d’euros, en 2013.

Le président indonésien Joko Widodo a pour sa part exprimé à plusieurs reprises sa fermeté face au trafic de drogue, qui fait des centaines de morts chaque année dans l’archipel. Elu l’été dernier, l’une de ses premières décisions a été de rejeter toutes les demandes de grâce de condamnés à mort pour trafic de drogue.

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