…les cahiers de la République, censés contenir sans être cadenassés les preuves irréfutables de détournements d’argent faits par certains anciens dirigeants du Mali ? J’aimerais pour une fois me méprendre sur ta bonne volonté à mener à bon port le bateau Mali. Mais, le pourrais-je, si au lieu d’agir, tu t’en tiens à des affirmations gratuites. Cousin, chez nous au Mali, on dit que «bagabaga tè bogo nonni». Si tu veux, l’intimidation est improductive. Et ça ne ressort pas de tes prérogatives !
Tu es en train de filer du mauvais coton, parce qu’en tant que premier magistrat de la République, ton rôle n’est pas de faire de la surenchère politique, quand bien même tu vis une conjoncture politique difficile. Mais d’agir que discourir !
Si j’étais à ta place, je n’aurais pas parlé de ces cahiers avant de les mettre à la disposition de la justice. Si j’étais à ta place, j’agirais dans le sens de l’intérêt général de mon pays. Si tant est que tu agis selon de ton célèbre slogan d’alors, aujourd’hui évanoui : « Dieu, le Mali, ma conscience». Je serais à ta place, j’ouvrirais sans coup férir ces fameux cahiers, à moins d’être complice des actes crapuleux des prédateurs de nos maigres deniers.
Mais leur dire de se tenir cois donne l’impression aux Maliens que tu te reproches quelque chose. À tout le moins, que tu n’as pas envie de les voir derrière les barreaux. Ou alors, ils ne sont pas ce que tu insinues : des «brigands de la République». Une évidence cependant : protéger un voleur, c’est presqu’admettre que son acte n’est pas répréhensible.
Cousin, ce qui est formidable chez un chef, c’est sa capacité à se mettre au-dessus de la mêlée pour poursuivre contre vents et marées sa mission. Et non se montrer irascible sans raisons apparentes !
Issiaka SISSOKO
SOURCE: Le Reporter