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Faits divers : CE SONT LES FONDS QUI ONT LE PLUS MANQUÉ

P. et Oseye avaient entamé une collaboration des plus rentables. Puis les grains de sable se sont multipliés dans leurs relations

Il a été beaucoup question d’argent dans nos récents faits divers. Rien d’étonnant à tout cela. Car comme nous le disions dans de précédentes histoires, le facteur financier se trouve aujourd’hui à la base des trois quarts de litiges entre les gens, le dernier quart se distribuant entre affaires de familles, disputes amoureuses et petits drames sociaux. Aujourd’hui avec le durcissement de la conjoncture, les rapports entre employés et employeurs s’avèrent fréquemment tendus. Car on ne compte plus les micros, les petites et les moyennes entreprises qui se retrouvent dans la difficulté. D’habitude la première réaction du personnel concerné est de faire preuve de solidarité. Tout le monde sait qu’à force de se montrer inutilement intransigeants, on ne fera que précipiter la chute de la maison qui vous fait travailler et qui vous permet de survivre.

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Mais la solidarité et la compréhension ne marchent qu’un temps limité. Lorsque les ennuis se prolongent, les arrangements ne tiennent plus. Comme cela se produit dans notre histoire d’aujourd’hui. En milieu de semaine dernière, un jeune ressortissant du Nigéria du nom de Oseye quitta brusquement l’enceinte d’un bâtiment à deux niveaux, situé sur l’avenue de l’OUA sur la rive droite. Visiblement très remonté, le jeune homme monologuait dans un français approximatif. Il parcourut quelques dizaines de mètres avant de rebrousser chemin. Il fit irruption de nouveau dans le bâtiment duquel il était sorti seulement quelques minutes plus tôt. Il entra dans le bureau de son employeur et n’eut été l’intervention des autres employés, Oseye qui donnait l’impression d’être à bout de nerfs aurait porté la main sur son chef. Que s’était-il passé entre les deux hommes ?
Selon ce que nous avons appris, le jeune ressortissant du Nigéria aurait débarqué dans notre pays, il y a environ cinq ans. Lorsqu’il arrivait ici, il exerçait déjà un métier dans lequel, selon tous les témoignages, il excellait. Dans son Nigéria natal, Oseye s’était formé à la fabrication d’objets d’art. A Bamako, il ne tardera pas à se faire des connaissances dans son monde, celui des artisans spécialisés dans la confection de ce type d’objets. Le Nigérian rencontra dans ce même milieu son futur employeur, un certain P. Très vite, les deux hommes se découvrirent des projets communs et projetèrent de travailler ensemble. P. expliqua à son nouvel ami qu’il ne servait à rien à demeurer dans le domaine des articles vendus à la sauvette. Il fallait passer à la phase semi industrielle et chercher des clients importants.
L’HORIZON S’ASSOMBRIT. Le promoteur avait déjà réussi à s’attacher les services de deux autres jeunes « professionnels » de la valeur du Nigérian, dont un ressortissant du Burkina Faso. Avec ces trois employés, P. envisageait de monter une mini entreprise spécialisée dans la confection et le commerce d’objets d’arts. Le caractère multinational de son équipe lui permettait de diversifier son offre de produits. En effet, le Burkinabé et le Nigérian savaient confectionner des articles qui ne couraient pas les rues de Bamako.
P. et Oseye eurent des discussions prolongées sur leur collaboration et pour renforcer celle-ci le premier fit signer au second un contrat de travail. Le jeune homme commença à travailler dans une atmosphère bon enfant. La petite entreprise tournait sans problèmes et Oseye gagnait correctement sa vie. Il logeait à l’époque chez un ressortissant du même pays que lui. Il déboursait chaque mois quelque chose comme contribution dans la bonne marche de la famille. Quelques mois passèrent et le jeune homme évoqua un projet de retour dans son pays natal. Il devait y aller juste pour se marier. Il informa son employeur de ses intentions matrimoniales. P. n’y vit aucun inconvénient. Mais avant le départ de Oseye, l’employé et son patron convinrent que le Nigérian reviendrait prendre son emploi à son retour du pays.
Oseye tint sa promesse. Mais pour lui, les données avaient logiquement changé. En tant que chef de famille désormais, il ne pouvait se contenter de vivre chez autrui. Le Nigérian fut obligé de chercher un local indépendant où il pouvait s’installer avec son épouse. Il obtint aussi de son employeur que ce dernier revoie son salaire à la hausse. P. avait accepté sans discussion et les deux ont poursuivi leur chemin ensemble.
Mais quelques mois après le retour de Oseye, les choses commencèrent à se gâter. L’horizon commençait à s’assombrir pour leur entreprise. Les commandes se faisaient extrêmement rares et les comptes partirent dans le rouge. Le Nigérian et ses autres collègues acceptèrent de faire un sacrifice pour, nous a-t-on dit, sauver  leurs emplois. Ils acceptèrent d’être payés avec du retard. Leurs salaires dépendaient donc du rythme de rentrées d’argent que faisait leur boîte.
Le Nigérian avait cependant sous-estimé la profondeur de la crise et il ressentit bientôt les effets de celle-ci sur sa vie personnelle. Il avait cumulé plusieurs mois sans payer la location de son appartement. Le propriétaire avait patienté un moment. Mais au fur et à mesure que le passif gonflait, son attitude devenait de moins en moins compréhensive.
Une petite rentrée d’argent permit au Nigérian de payer deux mois de retard. Oseye avait aussi assuré le propriétaire qu’il réglerait le reliquat très prochainement. Mais le délai donné était passé et le propriétaire indiqua qu’il était à bout de patience. Il demanda donc au couple de Nigérians de quitter son logement. Le jeune homme pria le propriétaire de la maison de lui accorder un temps supplémentaire. Il chercha à obtenir une aide de son employeur afin de pouvoir honorer ses dettes. Mais malheureusement, P. ne put le secourir comme il le souhaitait. L’employeur paya seulement un mois de salaire au Nigérian. Celui-ci jugea que ce geste plus que modeste était un outrage que P. lui portait. Car la somme donnée ne réglait aucun de ses problèmes.
UNE SITUATION MAL ACCEPTÉE. Selon nos sources, la vraie raison de la révolte du ressortissant Nigérian était plus profonde. P. devait à son employé trois mois de salaire. Or tous deux avaient obtenu un marché auprès d’un hôtel de l’intérieur du pays. Le travail avait été fait et les promoteurs de l’établissement hôtelier s’étaient acquittés de ce qu’ils devaient à P. Mais ce dernier n’avait pas donné le moindre kopeck au Nigérian. Oseye ne pouvait pas du tout accepter de se faire renvoyer de son logement alors que son chef refusait de lui remettre ce qu’il lui devait. Il acceptait d’autant moins cette situation que tous deux étaient liés par un contrat de travail établi en bonne et dû forme.
Le jour où les choses se sont envenimées, le Nigérian s’était présenté chez son employeur pour lui exposer sincèrement ses ennuis. Il lui avait expliqué la nécessité de lui payer une somme plus importante pour qu’il puisse régler à son tour le propriétaire de la maison où il logeait. Au lieu de faire comprendre son employé qu’il ne pouvait pas lui donner plus, P. avait préféré revêtir son habit de chef. Sans accorder le moindre égard à son employé, il rejeta catégoriquement toute discussion sur les prétentions financières de Oseye. «  Actuellement, nous avons de sérieuses difficultés financières. Je ne suis pas en mesure de vous payer quoi que ce soit. Tout ce que je peux faire pour vous, c’est de vous demander de me donner un temps encore », aurait sèchement assené P.
Furieux de cette réponse, le Nigérian qui était visiblement coincé n’avait eu d’autre choix que de se rendre au commissariat le plus proche du quartier. Mais avant de quitter les lieux, il avait proposé à son chef de mettre fin à leur contrat. Au commissariat, l’employeur se serait engagé à lui payer l’intégralité de la somme due, estimé à plusieurs dizaines de milliers de francs CFA. Et le paiement devrait se faire selon une période arrêtée de commun accord avec le Nigérian.
Mais, sans pouvoir apporter la preuve, d’autres sources ont évoqué d’autres raisons qui seraient la cause réelle de la discorde entre P. et son désormais ex employé. D’après ces sources, bien avant de retourner dans son pays pour son mariage, Oseye aurait entretenu une relation amoureuse avec une des nièces de son patron. Situation que P. aurait très mal acceptée lorsqu’il l’avait apprise, c’est-à-dire en l’absence de Oseye. Le patron aurait même dit qu’il était prêt se séparer de son employé dès le retour de ce dernier. Mais visiblement il n’avait personne sous la main pour le remplacer et avait même du consentir une augmentation pour le conserver. Ainsi se termine une histoire qui avait commencé sous les auspices les plus chaleureux. Avant que les questions d’argent viennent tout glacer.
MH.TRAORÉ

source : L Essor

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