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Face à une DPG sans vision : Mody N’Diaye et Amadou Thiam ont bien savonné le PM

Ils sont bien dans leur rôle d’opposition constructive. Les groupes parlementaires VRD et ADP MALIBA-SADI ont avancé des argumentaires, lundi à l’Assemblée, qui démontrent à suffisance que la DPG présentée par le chef du gouvernement est une coquille vide.

Nous vous proposons les deux discours en intégralité.

Explication de vote du Président du Groupe VRD à la DPG
du Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maiga:

Monsieur le Premier ministre, je vous salue au nom du Groupe Vigilance, Républicaine et Démocratique, ainsi que l’ensemble des membres de votre Gouvernement.
Je vous souhaite bonne chance dans l’accomplissement de vos missions dans le contexte très difficile que traverse notre pays.

Monsieur le Premier ministre,
Le Président de la République vous a fixé 4 priorités, concernant :
la mise en œuvre de l’Accord d’Alger,
l’insécurité au Centre du pays,
le Programme présidentiel d’urgences sociales et
l’organisation de l’élection présidentielle.
Quatre mois environ après votre nomination vous présentez à la représentation nationale votre Déclaration de Politique Générale pour les 4 mois restants du mandat du Président de la république.

Monsieur le Président et chers collègues,
Vous avez certainement remarqué avec nous que le discours du PM de vendredi dernier ne permet nullement de saisir les actions concrètes relatives aux priorités présidentielles tant la structuration du document n’en donne aucune visibilité. Il y’a lieu de s’interroger si cette Déclaration de Politique Générale a été soumise en Conseil des ministres, conformément à l’article 78 de la constitution.
Monsieur le Premier ministre,

Premièrement, il vous est demandé de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, vous indiquez comme solution une énième feuille de route signée le 22 mars, autrement un accord de Ouagadougou bis dont le seul objectif est de permettre la tenue de l’élection présidentielle.

Vous voulez favoriser un déploiement des Famas, la réinstallation de l’administration et le retour des populations déplacées, par des actions portant sur la restriction voire à terme l’éradication des activités des groupes armés terroristes. Indubitablement l’atteinte de cet objectif n’est pas pour ce mandat. Sur la question de l’Accord est-ce à croire que vous renonciez à y faire des progrès nécessaires.

Deuxièment, il vous est demandé d’endiguer l’insécurité grandissante dans le Centre du pays. Vos initiatives prises pendant les 4 mois d’exercice de votre pouvoir ont conduit à l’exacerbation de l’insécurité au centre. Elles se sont soldées par l’intensification des conflits inter communautaires et le déplacement des populations à l’extérieur du pays, une première au Centre depuis les événements de 2012. Votre déclaration ne propose aucune solution visant véritablement à endiguer l’insécurité.

N’oubliez pas Monsieur le Premier ministre l’insécurité gravissime dans le sud du pays qui se transforme en terreur pour les populations.

Troisièment, votre Gouvernement est appelé à accélérer la mise en œuvre du programme présidentiel d’urgences sociales.
En réalité ce programme en tant que document n’est pas disponible. Il fait l’objet d’une propagande quotidienne autour des activités gouvernementales.
Or, l’urgence c’est l’approvisionnement normal en eau des quartiers de Bamako et environnants, malheureusement sevrés depuis deux ans.
L’urgence c’est aussi l’effectivité de la reprise par la SOMAGEP des adductions d’eau potable de certaines communes, pompeusement annoncée par le Ministre en charge de la question et qui reste à ce jour sans suite. Une grande impatience voire une déception frappe les populations des communes concernées.

L’urgence sociale Monsieur le Premier Ministre c’est la sécurité alimentaire pour laquelle une distribution d’un kilo de céréales par personne depuis janvier ne résout pas la situation de plus de 800.000 personnes en crise aiguë et surtout dans un contexte où plus d’un malien sur cinq vit dans une précarité alimentaire. Ceci n’étonne guère puisque l’État n’a inscrit que 6 des 19 milliards de FCFA prévus par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire pour y apporter des réponses appropriées. Pour le bétail faites en une priorité.
L’urgence sociale c’est le front social qui bouillonne. Je vous demande d’anticiper sur cette question en respectant les engagements pris.
L’urgence sociale c’est l’organisation des examens de fin d’année, c’est aussi les soins de santé.
L’urgence sociale c’est le paiement à date des factures des fournisseurs de l’État, des salaires des civils et des militaires et des pensions des retraités.
L’urgence sociale c’est la mise à disposition des intrants.
Faites en un bon suivi.

Quatrièment, il vous est demandé d’organiser des élections transparentes, crédibles et apaisées. Ce que vous réservez à cette 4ème instruction présidentielle, traitée en une seule page sur les 20 pages que compte la Déclaration de politique générale, n’assure pas sur les actions indispensables à la réussite de ces élections. Décidément le Gouvernement ne mesure pas les enjeux liés à l’organisation et la sécurité de l’élection présidentielle.
Monsieur le Premier ministre,

Votre Déclaration de politique générale ne propose pas de collectif budgétaire alors que régulièrement vous faites des annonces à incidence financière. Est-ce à croire à la faisabilité de vos annonces, car le budget actuel est celui de votre prédécesseur ? Nous en doutons.

Vous évoquez avec assurance la lutte contre la corruption et l’impunité. Le peuple est suffisamment informé sur les contre-performances du régime actuel sur cette question et a certainement fait son deuil dans ce domaine.

Alors Monsieur le Premier Ministre votre triple vocation (Protéger Rassembler Servir) développée dans la présente déclaration prête à confusion et enlève toute priorité à accorder aux instructions présidentielles. En effet, un programme assorti d’actions bien précises donnerait plus de pertinence à l’action gouvernementale plutôt que tout discours ou dissertation.
Servir c’est respecter les lois de la république et votre gouvernement viole la loi sur le genre. Servir c’est lutter contre l’impunité et nous ne comprenons pas à présent qu’un équipement acheté à 7 milliards de FCFA soit payé à plus de 20 milliards de FCFA et rien n’y fit.

Rassembler c’est unir et non diviser, les communautés en souffre.

Enfin protéger c’est se préoccuper de la sécurité de chacun et non laisser chacun à son propre sort.

Les récentes actions du Gouvernement à l’air de compromission avec les signataires de l’Accord et des actes quotidiens à l’élan de campagne électorale impliquant des dépenses les plus folles ne doivent pas nous faire perdre les exigences de la République. Nous vous invitons à privilégier la sauvegarde de la souveraineté nationale, quelque soit la circonstance.

Monsieur le Président et chers collègues,
Malgré l’ostracisme dont l’opposition fait l’objet de la part de l’ORTM, pour masquer les échecs du régime actuel, vous êtes monsieur le Premier ministre un acteur de cet échec. Oui vous êtes le 5ème premier ministre d’un régime condamné à un perpétuel recommencement comme jadis Sisyphe. »

Pour terminer votre Déclaration de Politique Générale ne convainc pas, n’assure guerre une visibilité des actions à mener au cours des 4 mois à venir.
C’est pourquoi le groupe vigilance républicaine et démocratique ne peut pas vous accorder sa confiance.

Qu’Allah préserve et bénisse le Mali.
Je vous remercie.

 

DPG: INTERVENTION DU PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE ADP-MALIBA/SADI, L’HONORABLE AMADOU THIAM:

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier ministre,
Honorables collègues députés,
Mesdames et messieurs les membres du gouvernement,
De prime à bord, M. le PM, je tiens à décrier le retard pris pour présenter aux élus de la nation que nous sommes, votre politique générale à 3 mois et 20 jours de votre prise de fonction.
Sur les priorités de votre gouvernement, p. 3
Monsieur le Premier ministre,
Vous manquez de réalisme dans la détermination de vos priorités à 4 mois de l’expiration du mandat présidentiel.
Votre ordre des priorités prouve que l’organisation des élections n’a jamais été la priorité de ce régime, en dit long, le report successif des élections locales et regionales.
Vous devriez principalement vous focaliser sur deux priorités :
1- L’organisation de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018.
2- Les stratégies efficaces pour endiguer l’insécurité au centre du pays.
Sur la mise en œuvre de l’Accord, p. 4-5-6
M. le PM,
Quant à votre voyage à kidal, il est purement électoraliste.
Ce voyage ne visait ni à prêcher l’unité ni le vivre-ensemble avec des parents qui arboraient le drapeau de leur chimérique Etat, en la présence d’un PM dans la pure expression de la déliquescence de son autorité.
Vous parlez dans la DPG de « symbolique ». Quelle symbolique pour quelle interprétation ?
Si vous l’interprétez comme vous le faites, admettons.
Mais, comment l’interpréteront-ils les partisans de la partition ? Cette présence effacée du gouvernement national à kidal. Y avez-vous vraiment pensé ?
Concernant la réforme, le déploiement et le redéploiement des forces armées et du MOC, près de 200 milliards dépensés chacune des dernières années, les résultats ne sont pas assez satisfaisants. Nous demandons un audit crédible de ce secteur vital de la Nation.
Concernant le DDR, M. le PM, nous vous félicitons pour le nouveau schéma inclusif du DDR. Nous pensons, en effet, que c’est le gage de sa réussite.
Sur le renforcement de la sécurité au centre et la fondation de solidarité pour l’armée, p. 7-8
M. le PM,
Nous souhaitons vivement l’opérationnalisation de cette Fondation qui soulagera notamment les ayants-droits des soldats tombés sur le champ d’honneur, à l’égard desquels nous avons une dette morale collective.
Quant au renforcement de la sécurité au centre, il faut saluer l’opération DEMBE et vous exhorter à initier aussi dans le sud, des missions spéciales de sécurité sur les grands axes routiers où les grands bandits font la loi.
Sur le projet de loi d’entente nationale, p. 8-9
M. le PM,
Il vous a fallu près de 2 ans de préparation, depuis la fin des travaux de la conférence d’entente nationale, pour daigner nous proposer ce projet. Nous espérons que ce projet de loi d’entente rendra justice à tout ce long temps consacré à son élaboration, par des gens qui nous font croire que la réconciliation est leur priorité.
Et pourquoi aller chercher un « facilitateur professionnel, neutre et expérimenté » hors du Mali et du continent pour parler entre les maliens ?
Est-ce du dédain, de la légèreté ou une conviction chez vous, que l’expertise hors continent maitrise mieux et fait mieux, comme ce fut le cas avec votre défunt projet de révision constitutionnelle ?

Pourtant, M. le PM, si vous commenciez à appliquer les recommandations pertinentes de nos nombreuses missions de réconciliation au centre, il y aurait beaucoup moins de problème.
Sur le programme d’urgences sociales du Président de la République, p. 11-12
Concernant l’accélération de la mise en œuvre de ce programme, à 3 mois de la fin du mandat présidentiel, nous voudrions juste vous proposer, M. le PM, de rebaptiser votre programme en « Programme Urgent pour le Bluff des électeurs », dont l’acronyme serait « PUB ». C’est de la PUB.
Sur la restauration de la confiance des citoyens, p.16
Monsieur le Premier ministre,
Vous semblez impuissant face à ce triste besoin, puisque vous ne faites qu’égrener les maux qui ont brisé cette confiance. Cela est connu. Nul besoin.
Ce faisant, vous donnez l’impression, m. le PM, de subir le glissement de la machine dans le gouffre, pendant qu’il ne vous reste que 4 minutes pour réagir.
Sur la diplomatie malienne, p 17
Monsieur le Premier ministre,
Le retour de notre pays sur le devant de la scène internationale, n’est pas dû qu’aux « efforts personnels du Président de la République ».
Je vous demande un peu de reconnaissance pour le gouvernement de transition et les bonnes initiatives de certains de nos diplomates maliens qui y ont fortement contribué.
Vous n’avez point besoin de chercher à justifier les sempiternels voyages du président de la République dans les airs.
En réalité, la vérité, les partenaires sont mécontents de la gouvernance actuelle du pays.
M. le PM,
Votre déclaration de politique générale ne prévoit aucun chronogramme précis pour le retour effectif de l’administration et des forces armées et de sécurité dans les régions nord et centre du pays.
Dans le domaine de l’éducation, votre déclaration de politique prévoit de donner le statut d’école publique à toutes les écoles communautaires, en affectant dans la fonction publique des collectivités le personnel enseignant, et prévoit d’inscrire dans le système classique les écoles coraniques en synergie avec les promoteurs et les leaders religieux. Nous vous félicitions pour cette initiative louable et salutaire qui concourt à l’amélioration de la qualité de notre système éducatif et de la valorisation de la fonction enseignante. Par contre, elle demeure muette sur la réouverture des centaines d’établissements scolaires dans le delta central et dans la partie septentrionale de notre pays, fermés depuis le début de la crise politique et sécuritaire que vit notre pays.
Vous n’envisagez dans votre déclaration, aucune mesure sérieuse pour la sécurisation du milieu scolaire qui, au lieu d’éduquer et de former, tue nos enfants au sens propre comme au figuré.
Monsieur le Premier ministre,
La question de l’emploi constitue aussi un défi majeur pour notre pays et une bombe à retardement sociale. La Déclaration de Politique générale que vous nous avez présentée ne fournit nullement aucune solution pour résorber le taux de chômage exponentiel des jeunes, malgré la promesse de campagne du Président de la République de créer 200 000 emplois au bout de son quinquennat.
Sur le vote de confiance, p. 20
M. le PM,
Concernant le vote de confiance en votre gouvernement, souffrez M. le PM, que je ne le considère pas utile pour un gouvernement qui a déjà vécu le clair de son temps. Parlons plat et parlons vrai !
En raison de tout ce qui est évoqué ci-dessus, notre Groupe Parlementaire a décidé de ne pas vous accorder son quitus pour la mise en œuvre de cette déclaration de politique générale.
Merci à tous ! Salam.
Bamako, le 22 avril 2018

Président du Groupe 
Honorable Amadou THIAM

Chevalier de l’ordre national du Mali.

La Rédaction

Source: Le Pays

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