La gestion de nos ressources naturelles ne peut plus être laissée au hasard. Le rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG), publié en décembre 2024, met en lumière les avancées dans l’exploitation du bois au Mali. Sur le papier, les recommandations de 2022 ont été mises en œuvre à 100 %. Mais cette simple statistique suffit-elle à garantir une gestion durable de nos forêts ?
L’exploitation du bois au Mali est un dossier sensible, au carrefour des intérêts économiques, environnementaux et sécuritaires. Depuis la suspension de l’exploitation en 2020, décidée pour mettre fin aux abus, le secteur a connu de profondes tensions. Si cette suspension a été levée en 2021 et que des permis de coupe ont été accordés aux entreprises, la réalité du terrain nous rappelle que la pression sur les ressources forestières demeure préoccupante.
La forte demande en bois, tant au niveau national qu’international, continue d’encourager une exploitation parfois incontrôlée. À Sikasso, Kayes et Koulikoro, le prélèvement du bois d’œuvre ne faiblit pas, malgré les mesures réglementaires. Et pour cause : la surveillance reste insuffisante et les alternatives économiques pour les populations locales font cruellement défaut. Tant que des solutions durables ne seront pas mises en place, l’exploitation du bois continuera d’être une équation à multiples inconnues.
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Le Mali s’est engagé à respecter les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 15 qui vise à préserver les écosystèmes terrestres. Mais dans les faits, la déforestation, alimentée par l’agriculture extensive, l’orpaillage et les coupes illégales, continue de menacer l’équilibre écologique du pays. À ce rythme, que restera-t-il de nos forêts dans 20 ans ?
Les autorités ont fait un effort louable en suivant les recommandations du BVG. Mais cette mission ne s’arrête pas là. Il est urgent de renforcer les contrôles, d’accélérer les programmes de reboisement et d’encourager des alternatives économiques viables. Protéger nos forêts, c’est protéger notre avenir. Le gouvernement doit aller au-delà du simple respect des procédures et agir avec fermeté pour préserver ce qui reste de notre patrimoine forestier.
Si les chiffres du BVG sont rassurants, la réalité sur le terrain exige une vigilance accrue. L’exploitation du bois ne doit plus être un champ de bataille entre intérêts privés et nécessité écologique. Il est temps que l’État impose une véritable gouvernance forestière, tournée vers l’avenir et non dictée par l’urgence.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net