Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Exclusif : « Pour leur sécurité, les populations se débrouillent »

Le maire RPM « sans pouvoir » de Kidal, Arbakane Ag Abzayack, s’exprime sur la situation de sa ville, quelques jours après la signature d’un accord et l’attaque contre la MINUSMA.

interview entretien questions reponses

Journal du Mali : Quelle est la situation à Kidal actuellement ?

Arbakane Ag Abzayack : La situation à Kidal est calme. Les populations sont dans l’attente d’une paix totale, dans l’esprit de l’accord signé. Si la cohabitation est effective entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme, la cohésion sera possible, les choses iront mieux et cela pourra encourager les réfugiés à rentrer au pays, ainsi que le redémarrage effectif de l’administration.

Depuis l’attaque du camp de la mission onusienne à Kidal, la ville est-elle plus sécurisée par la Minusma ?

La Minusma se sécurise elle-même d’abord, ce qu’elle a déjà du mal à faire. Il n’y a aucun check point à Kidal à part ceux de la Minusma qui donnent sur son camp. Elle ne sécurise rien pour le moment. Normalement, la protection des populations sur le territoire relève de sa mission. On ne devrait donc pas avoir besoin de la démarcher pour ça. […] Pour leur sécurité, les populations se débrouillent donc elles-mêmes. Moi, je suis maire et je fais de même, je n’ai pas d’armes, je n’ai pas d’éléments armés avec moi, j’essaye de ne pas avoir de problèmes.

Kidal reste donc un point de haute tension malgré l’accord ?

Oui c’est une poudrière, surtout si on parle des armes, des masses d’armes, dans la ville ou aux alentours. Cela est dû à un conglomérat de mouvements armés : les mafias, les narcotrafiquants, les salafistes, c’est une vraie « salade composée » de différentes catégories de personnes. Tout le monde est là. Je pense que ces gens veulent que la situation reste ainsi puisque ça leur permet de continuer leur trafic. La Minusma ou Barkhane ont la volonté de sécuriser cette zone mais peut-être que cela les dépasse. La situation nécessite d’y mettre plus d’efforts, en tout cas.

Quelles sont les attentes de la population sur place par rapport aux derniers événements ?

Le souhait le plus cher de la population maintenant c’est la mise en application rapide de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui passe nécessairement par le DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) et le cantonnement. Tant que ça ne sera pas fait, on n’en sortira pas. C’est ce qu’on attend le plus. On ne peut pas avoir d’autres souhaits tant que ce n’est pas effectif. On ne peut pas penser au développement, même pas à l’école.

Après l’entrée du GATIA dans la ville, le gouvernement est resté muet. Que pensez-vous de cette attitude de Bamako ? 

Je pense que quelque part ça les arrange. Qui ne dit mot consent, comme disent les Français. Mais je pense que cela ne s’est pas fait sans l’assentiment des Français, justement. Parce que je sais qu’un général qui commande l’opération Barkhane au Tchad était à Gao environ trois semaines avant que les troupes du GATIA entrent dans Kidal, et je sais qu’il a rencontré certains éléments de la Plateforme à Gao. Je me demande si les Français ne sont pas derrière tout ça.

 

La rédaction 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance