Haut cadre à la Bim-Sa, Hamadi Samba Bocoum a remis des vrais faux ordres de virements à un opérateur économique à qui il a pris 275 millions de F CFA. Il a été placé sous mandat de dépôt le vendredi dernier.
Il y a une vingtaine de jours, Hamadi Samba Bocoum contracte un prêt de 275 millions de F CFA auprès d’un opérateur économique malien connu pour sa générosité. Il a d’abord réussi à gagner la confiance de celui-ci avec des prêts successifs de 30 puis 40 millions de francs qu’il avait soldés aisément par le passé.
Dans cette affaire, M. Bocoum fait croire à son débiteur, qu’il a un contrat avec la Minusma et avec Islamic Relief, qui doivent lui payer dans une vingtaine de jours et que ce délais pourrait même être écourté, eu égard à ses rapports particuliers avec le directeur financier de la Minusma. Il a donné des vrais faux ordres de virements bancaires (5 ordres de virements par tranche de 70 millions, 65 millions, 60 millions, 50 millions et 30 millions de F CFA de la Banque Atlantique et de la BDM-Sa, à tirer à la BMS-SA). Tous les ordres de virements portent des faux cachets de la Minusma et d’Islamic Relief. Au vu de ces ordres de virements, le montant sollicité lui a été remis par chèque.
A l’arrivée de l’échéance, M. Bocoum accompagné de son grand frère douanier à la retraite, se rend au bureau de son créancier. Sans gêne, il lui explique que les 275 millions F CFA ont été “gâtés”. Croyant à une blague de mauvais goût, son hôte se redresse sur sa chaise, ébahi. Il lui demande ce qu’il veut dire exactement. Avec un calme olympien, d’un ton rassurant, Bocoum tente de persuader sa victime que les contrats de la Minusma et d’Islamic Relief n’étaient pas le vrai mobile, mais qu’il devait régler un autre problème avec les 275 millions de F CFA.
Bocoum n’est pas à son coup d’essai
Sur plainte de sa victime, Bocoum a été arrêté séance tenante par la gendarmerie du Camp I. Sans détour, il a reconnu les faits. Après sa garde à vue de 72 heures, le banquier indélicat a été placé sous mandat de dépôt le vendredi 11 décembre, par le procureur de la République près le Tribune de Grande instance de la Commune VI. Il médite désormais sur son sort à la Maison centrale d’arrêt.
Bocoum n’est pas à son coup d’essai. Au moment de sa garde à vue, un toubib travaillant dans une clinique privée de la place s’est déclaré comme étant une de ses victimes. Il lui avait pris 300 millions de F CFA avec le même stratagème de faux contrats et ordres de virements bancaires de la Minusma et d’Islamic Relief.
Si ce n’est pas ses victimes qui sont au nombre de deux personnes pour le moment, nul ne croirait de prime abord à cette affaire d’escroquerie et d’abus de confiance. Hamadi Samba Bocoum est apparemment à l’abri de tout besoin, eu égard à ses responsabilités de Représentant des Marchés des Maliens de l’Extérieur (3e personnalité de la Bim-Sa). Selon des indiscrétions, il touche en émolument 3 millions de F CFA sans compter les primes et avantages dus à la fonction. Il inspire confiance à quiconque le verrait. Une apparence trompeuse.
Mais comment sans être à court d’argent, il peut se retrouver dans des sales affaires ? A-t-il créé des trous dans le compte des clients de sa banque qu’il tente de combler ? Ou est-il dans des affaires occultes ? Mystère et boule de gomme.
En tout état de cause, pour ceux qui le connaissent, Hamadi Samba Bocoum mène un train de vie princier et il ne recule devant aucun obstacle pour parvenir à ses fins.
Abdrahamane Dicko
Source : Mali Tribune