Des escrocs de différentes nationalités : Maliens, Ivoiriens, Guinéens et des Blancs déguisés en hommes d’affaires avec résidence à l’hôtel Olympe et à la pâtisserie Amandine, prétendument représentants d’une société installée à Dubaï ont soutiré plus de 5 millions de nos francs à une dame dans une affaire de fourniture de coltan. Les arnaqueurs organisés en réseaux avec des ramifications à Siby, Kouremalé-Mali et à Siguiri en Guinée avaient passé une commande de 5 Kgs de coltan en raison de 5 millions de FCFA, tous frais compris auprès de leur cible, qui devait se faire fournir par un autre membre déguisé du réseau à partir de la Guinée et revendre ledit produit aux arnaqueurs d’hommes d’affaires à 7.8 millions de FCFA. Mais après avoir apporté le coltan à ses clients et versé les 5 millions à son fournisseur, la bonne dame s’est retrouvée seule, ses partenaires et ses fournisseurs l’ayant abandonnée l’un après l’autre.

L’affaire remonte à la fin du premier trimestre dernier. Un soir, madame Aïcha Cissé, secrétaire bilingue de formation mais dame d’affaires de profession domiciliée à Magnambougou- projet, reçoit un appel téléphonique. Au bout du fil se trouvait Mohamed Traoré, une vieille connaissance des années 2004, se souvient-elle. Il l’invite à le rejoindre à la station d’essence « SMC » sise à Magnambougou, non loin de chez Aïcha, pour une affaire intéressante.

A son arrivée, Mohamed lui explique qu’il travaille avec des hommes d’affaires blancs, logés à l’hôtel Olympe pour certains et pour d’autres à Amandine. Ils représentent au Mali, une société installée à Dubaï. Aux dires de Mohamed, ils veulent acheter  5kgs de coltan. Il parait que le coltan est un produit stratégique qui rentre dans la fabrication du téléphone portable et des explosifs. On le retrouverait  en Guinée Conakry et en RDC.

Mohamed lui apprend qu’elle peut obtenir 5kgs de coltan à 5 millions, tous frais compris et les revendre aux Blancs à 7.8 millions de FCFA. Madame Aïcha mord à  l’appât, jugeant l’affaire alléchante. Séance tenante, elle téléphone à son associé, Mamadou Soumano, un douanier à la retraite, reconverti dans les affaires. Ce dernier les rejoint à la station et à trois, ils se rendent à  l’hôtel Olympe où se trouvaient les prétendus hommes d’affaires venus de Dubaï.

Il y avait notamment  Sidi Mohamed Haïdara, commerçant de son état, originaire de Sikasso, mais domicilié à Kalabancoura qui se fait passer pour un Saoudien naturalisé, installé à Dubaï. A ses côtés, il y avait un Blanc, présenté comme son conseiller spécial. Ils confirment les propos de Mohamed Traoré et expliquent comment Aïcha et Soumano pouvaient se procurer le coltan.

Mohamed les guide sur Siby où se trouve Jean, un Guinéen, membre du réseau. Approché, ce dernier leur explique qu’il a un grand-frère qui le fournit en coltan à partir de Siguiri en Guinée, mais qu’à Kouremalé Guinée, ils pouvaient obtenir un échantillon, en attendant l’arrivée de Siguiri du grand-frère. Jean fixe le prix des 5kgs réclamés à 4.500.000FCFA. En y ajoutant les autres frais, le montant se chiffre à 5 millions.

Aïcha et Soumano acceptent le marché. Les voici à Kouremalé où un échantillon de coltan leur est remis. Puisque le grand frère de Jean tardait à se faire voir, Aïcha, Soumano et Mohamed retournent ensemble à Bamako, laissant le soin à Jean d’y acheminer le coltan pour se faire payer. Peu de temps après, Aïcha reçoit un appel de Jean qui lui dit de venir enlever sa commande de coltan à l’hôtel Olympe. Celle-ci se fait accompagner en plus de Soumano, son associé, mais aussi de Mamadou Boundi et de son beau frère Bassidiki.

Le coltan apporté par Jean est expertisé de qualité exceptionnelle selon les repreneurs, en fins connaisseurs. Sur ce, celui-ci s’éclipse puisqu’ il a reçu son argent. Quant au cerveau de la bande, M. Sidi Mohamed Haïdara, il avait quitté l’hôtel avant l’arrivée d’Aïcha et de son groupe. Selon ses complices, il s’est rendu à l’Ambassade  d’Arabie Saoudite pour échanger ses euros contre du CFA en vue de payer à Aïcha, ses 7.8 millions.

Pendant que celle-ci attendait rassurée, les membres du réseau qui ont déjà reçu leur coltan ont commencé à quitter un à un, laissant Aïcha et ses compagnons sur place. Elle ne  l’aura compris que tardivement. Plus personne n’est venue. Son seul recours fut la police. Les enquêtes mettront du temps à aboutir. Informé du retour de la bande dans son QG de l’hôtel, l’enquêteur a organisé la traque.

C’est ainsi que le cerveau Sidi Mohamed Haïdara, Mohamed Traoré et Mambo Djada David alia Innocent, un Ivoirien, commerçant de son état domicilié à Niamakoro sont interpellés. Au cours de leur interrogatoire, ils ont tout reconnu les faits. Sidi Mohamed s’est engagé à rembourser et  même à dédommager Aïcha. Peut- être en spoliant une autre cible. Le dossier est à la justice et les autres membres de la bande sont recherchés.